Vierzon souffrirait-elle d'idées reçues ? C'est ce que tente de démontrer dans un long article, la presse locale, ce vendredi matin. Mais qui peut bien colporter des choses qui seraient fausses sur le dos de cette ville et destinées à lui nuire ? Et si les idées reçues n'en étaient pas, en fait ? Si les non-dits étaient beaucoup plus nuisibles que la réalité verbalisée ? Que Vierzon puisse avoir mauvaise presse, c'est un fait, et ce n'est pas nouveau. Toutefois, à la lumière de quelques chiffres publiés par la presse locale, nous allons tenter de dérouler nos propres raisonnements.
Selon la presse, la baisse du nombre de commerces serait "la conséquence mathématique de la baisse du nombre d'habitants." Ce pourrait être une hypothèse crédible, mais trop simpliste. En 2006, la population affichait 28.147 habitants, en 2017, nous sommes un peu plus de 27.000 habitants. Comment croire qu'un millier d'habitants en moins en 10 ans ait eu plus de conséquences sur le commerce vierzonnais qu'environ trois mille de moins entre 1990 et 1999 ? D'autant, ajoute la presse que "Pour une ville de moins de 30.000 habitants, Vierzon s'avère, selon certains critères, normalement doté en espaces commerciaux." On aimerait connaître les "certains critères"... Car les "espaces commerciaux" ne sont pas forcément des commerces de proximité...
Car comment expliquer alors que Vierzon figure à la troisième place des villes qui affichent le plus fort taux de vacance commerciale ? Comment expliquer qu'en quelques années, la disparition des commerces de proximité a couru plus vite que la baisse de la population ? Comment expliquer enfin qu'une rue entière, comme la rue Joffre, en soit arrivée à un taux de vacance deux fois plus élevé que le nombre de commerces restant ?

La baisse de la population servant à expliquer le manque de commerces est une explication rassurante. Mais le déséquilibre du commerce vierzonnais date du début des années 1990. Quand le Forum république a ouvert avec son supermarché, il a participé à vide la rue des Ponts, à la fermeture de Monoprix, à déséquilibrer le centre-ville. La rue Joffre a suivi. Non, la ville est mal dotée en commerces. La politique récente consistant à concentrer les commerces avenue de la République n'a pas aidé. Même Vierzon-Villages, épargné, n'a plus d'épicerie, moins de bistrots, une charcuterie au lieu de deux...
L'Orée de Sologne n'a pas permis de juguler l'évasion commerciale d'autant que le centre commercial souffre aussi de vacance (30%). Durant ces dernières années, la grande distribution a gagné des mètres carrés au détriment du commerce de proximité. Le problème, c'est qu'à Vierzon, les élus n'ont jamais élaboré une politique commerciale efficace car ils ont toujours estimé que ce n'était pas leur problèmes. Pire : à l'heure où la vacance commerciale est la plus élevée de France, les élus continuent à voter pour créer des commerces en périphérie...
Une politique efficace, c'est redonne des couleurs à la ville, rénover des rues comme la rue Joffre, les places (Foch et Mail), celle du Marché au Blé a été faite en dépit du bon sens. C'est lutter contre les vitrines sales, apporter des activités en centre-ville. Preuve d'un manque de bon sens : le centre municipal a été construit en périphérie. La ville ouvre de vastes zones en périphérie, comme l'ancien site LFM. Sans cohérence, le commerce se casse la figure à vitesse grand V. S'ajoute le changement de consommation, le peu d'attrait pour un centre-ville désert et le manque d'ambition pour une ville de 27.000 habitants. Alors, la vacance commerciale est loin d'être idée reçue. Si Vierzon est sous-dotée en commerces de proximité, elle est certainement sur-dotée en espaces commerciaux de périphérie. Il n'y a qu'à se promener dans les rues pour s'en apercevoir.