Il est temps de réhabiliter, à Vierzon, la mémoire de Berlodiot et de son créateur Patrick Raynal.
Patrick Raynal, ça ne doit plus parler à grand-monde mais l'invention du Berlodiot devrait entrer au patrimoine mondial de l'humanité ! Patrick Raynal fait partie de ses personnalités vierzonnaises qui ont traversé l'histoire de la ville sans que la ville ne se retourne sur eux. Ce n'est pas le cas pour tous, mais ils avaient leurs cartes.
Alors, il est temps, il est plus que temps : Patrick Raynal, le comique-paysan vierzonnais doit être réhabilité dans sa ville natale. Pour la simple et bonne raison c'est que le Berrichon lui doit tout. Ou presque... Vierzon aussi, un peu, beaucoup, passionnément.
Patrick Raynal est l'anti-thèse de l'artiste parigot, lui, dont les pieds ont frappé la terre de Vierzon le 29 mai 1926, dans une famille modeste, d'un père communiste. Normal donc. Très vite, derrière Bernard Giraud, son vrai nom, se cache Patrick Raynal que le démon de la scène grattouille.
A l'armée, il imite Charles Trénet dont on connaît désormais les liens qui l'unissaient aussi à Vierzon (par l'intermédiaire du Vierzonnais Christian Lebon). Patrick Raynal écope du doux surnom de “fou chantant de Vierzon”.
C'est à la fois gracieux pour le jeune homme et sa ville d'origine. Le voilà qu'il entame une carrière d'amuseur public, avec dans l'accent, tout le terroir du Berry, rugueux, chauvin. Une verve de comique-paysan.
Patrick Raynal est surtout connu pour le personnage central de son épopée comique : la famille Berlodiot, une caricature sans concession du Berrichon... vierzonnais. D'ailleurs, plusieurs histoires, couchées sur des vinyles, ont pour site géographique, Vierzon et sa forêt notamment dans l'hilarante aventure de la voiture-fantôme. Patrick Raynal voit arriver au loin, une voiture, elle roule au pas. Il saute dedans mais il n'y a personne. Il prend peur et en sort pour s'apercevoir que c'est “un gars qui poussait” ! Les lunettes à double-foyer, les indémodables ivrognes "qui y goûte pour pas marcher d'dans", le Berrichon qui retrouve une moto de la dernière guerre avec les phares allumés... Bref, une fresque qu'on pourrait qualifier de franchouillarde surtout quand le Berrichon monte à Paris...
Bon, disons le tout net, le Berrichon n'est pas tout à fait à son avantage, non plus dans les histoires de Patrick Raynal. Mais au moins, il en parle. Le Berlodiot est resté dans le langage commun. Pas flatteur mais difficile d'éluder Patrick Raynal de la ville. Car il ne fut pas qu'un amuseur public. Mine de rien, il fréquente les cabarets parisiens. Il se lie d'amitié avec Pierre Dac, Sim. Entre à Bobino, l'Olympia, fréquente Jacques Brel, Georges Chelon, Henri Salvador. A Vierzon, la famille Berlodiot fait un tabac. Le Berrichon qui monte à Paris est une caricature hilarante, surtout chez le coiffeur le "hairdress, car dit-il, s'il hairdress c'est pour les couper !" Patrick Raynal passe aussi devant la caméra, Babette s'en va-t-en guerre avec Brigitte Bardot et Roger Vadim, Le magot de Josépha avec Anna Magnan, Bourvil, Pierre Brasseur, Christian Marin, Hanri Virlogeux, Le journal d'une femme en blanc avec Marie-José Nat, Le franciscain de Bourges avec Hary Kruger, Les grandes familles de Denis de la Patellière avec Jean Gabin et Pierre Brasseur. Q ui s'en souvient ?
Chevalier des arts et des lettres, grand officier de la ligue du bien public, médaille d'argent de la ville de Paris etc., en 1989, il reçoit aussi le prix Fernand Raynaud. Patrick Raynal tire le rideau et se retire à Azay-le-Duc. Vierzon oublie son comique mais, au détour d'une conversation, il n'est pas rare d'entendre, l'une de ses expressions qu'il avait inventées ou qu'il colportait : 99 moutons et un Berrichon, ça fait cent bêtes ! Un éveillé des chaumières, un gars de la commune... Une rue à son nom ne serait pas de trop...
Expression culte :
99 moutons et 1 berrichon, ça fait 100 bêtes.
Un éveillé des chaumières.
Un gars de la commune.
Ca m'fou des lancements.
Dis y pas !
Qui que tu dis ?
Mais dis-moi qui que t'as fait çà ?
Qui que c'est ?
Où que t'y vas t'y donc ?
Faut pas que t'y fasse !
T'as t'y vu çà !
Tu viens t-y ?
Colonel Martin Gontrand de Puysegur de la Vallée de la Tour qui Penche.
Et pis c'est tout !
A la revoyure