Est-il prudent d'organiser la fête des associations de Vierzon, ce week-end, à l'heure où un apéro entre élus, partagé à la foire-exposition, se transforme en une série de cas contacts et en une batterie de tests à effectuer, comme le révèle la presse ?
Non seulement le maire de Vierzon, testé positif au Covid 19, a entraîné l'isolement du maire de Bourges et de son directeur de cabinet, deux apéro à la foire, en pleine crise sanitaire, a ajouté à l'isolement une dizaine d'élus de Vierzon et d'autres du pays de Vierzon, en attente de savoir s'ils ont attrapé le virus ou pas.
Quand des citoyens sont rappelés à l'ordre dans des lieux publics ou sur leur lieu de travail pour non-port du masque, d'autres s'affranchissent des règles élémentaires de civisme dont ils sont les garants et des gestes barrière dont ils devraient être l'exemple.
Le simple fait d'être convaincu que le masque est inutile, que le Covid est une petite grippette, qu'il est un obstacle à la liberté individuelle, un complot ourdit par les industries pharmaceutiques, on en passe et des meilleurs en matière d'affirmation en tous genres, ne doit pas escamoter le principe de précaution et la politesse (dont on voit sa nécessité aujourd'hui) de se protéger tant pour soi-même que pour les autres. Quand il n'y avait pas de masques, tout le monde en voulait, maintenant qu'il y en a, certains veulent s'en affranchir, au nom d'une contestation difficilement identifiable.
Le confinement a mis en lumière les inégalités sociales des citoyens, pas tous logés à la même enseigne. Aux Parisiens l'exil en province dans leurs résidences secondaires à la campagne ou au bord de la mer, aux plus pauvres le confinement dans leurs petits appartements. A cela s'ajoutent d'autres inégalités : d'autres vivent l'existence même du virus d'une façon décomplexée.
Est-il prudent, à l'heure où les cas de Covid augmentent, (même si une certaine sphère est persuadée que ce sont des mensonges), brasser dans un même lieu insouciant des populations autour d'un verre (quand la distanciation sociale est le mantra de la prudence), des populations qui, elles-mêmes, sont au contact de nombreuses personnes toute la journée ?
Ce n'est pas tant la mort qui est redoutée, mais les malades hospitalisés, ceux en réanimation, l'engagement sans compter des soignants dans une ville où l'on se mobilise pourtant pour eux, (quel paradoxe !), les soucis qu'engendrent les isolements, les tests à réaliser, l'attente etc. Certains brandissent, comme l'a fait d'ailleurs la ville dans son dernier bulletin municipal, les chiffres de la mortalité 2020 moins élevée à Vierzon qu'en 2019, pour sous-entendre que le virus n'est donc pas si agressif que cela.
Nos représentants du peuple de gauche ont à cœur de dénoncer les excès des élites capitalistes et forcément de droite, (tous ceux qui ne sont d'accord avec eux sont de droite), élites dont à leur manière, ils font pourtant partie en s'autorisant ce que l'on n'autorise pas au plus grand nombre, c'est-à-dire le peuple non élu. Quel message envoie ces entre-soi apéritifs et insouciants, à l'heure où, sur une même surface, les visiteurs de la foire exposition doivent déambuler masqués dans les allées, sans le choix de retirer la bande de tissu qui obstruent leurs bouches. On attend de nos responsables leurs prochaines leçons de choses. En fait non, qu'ils se les gardent.