Le coup de gueule d'Annie Vigier, écrivain public socio-numérique à Vierzon.
"Ils ne défilent pas, ni même ne revendiquent.
Quelle prétention que de vouloir rester sur le sol français, de vivre sereinement de son travail, de donner à ses enfants, pour certains nés ici, des chances de se projeter et s'épanouir dans un pays, une famille, un métier, des responsabilités, bref de mener une existence au même titre que les "bien-nés" !
Quelle prétention que de vouloir simplement accéder à ses droits, même lorsque l'on ne maîtrise par l'écrit !
Le tremblement de terre des derniers jours, ils le sentaient venir par de légères secousses. En attestaient les demandes croissantes de rendez-vous, qui pour régulariser une situation administrative, qui pour déposer une demande de naturalisation.
Car, si certains sont français, 80% de celles et ceux que je rencontre lors de mes permanences sont "nés ailleurs".
Les politiques locaux ne semblent s'y intéresser aujourd'hui que pour enrichir une polémique, ou au contraire pour démontrer, de façon ostentatoire, combien ils sont attentifs à la population des quartiers.
Leur intérêt ne se situe pas dans celui de leurs habitants, mais bien dans le seul regard que leur porteront leurs électeurs. Car l'avenir de citoyens qui ne votent pas leur importe peu !
Pour preuve : aucune de nos collectivités n'accepte aujourd'hui de reconnaître le travail effectué auprès de plus de 400 vierzonnais !
Comment expliquer qu'une personne fasse fonction de service public sans le soutien des collectivités qui, par ailleurs, n'hésitent pas à la solliciter ?
Comme les grains de poussière glissés sous le tapis pour les rendre invisibles, ou bien on les oublie, ou bien on annonce, fièrement, vouloir faire le ménage en grand..."