Fantastique ! Voilà que la gratuité des bus fait débat parmi les candidats aux municipales, lit-on dans la presse locale. Philippe Fournié, vice-président de la région Centre chargé des transports, maire-adjoint et colistier du maire sortant l'avait mis en avant lorsqu'il constituait une liste socialiste. Et du coup, ses colistiers communistes semblent moins d'accord d'abandonner 300.000 euros de recettes. Christophe Doré (Vierzon 2020) n'en fait pas un mantra de son mandat s'il est élu. Régis Robin (LO), Mary-Claude-Grison (Pour les Vierzonnais) et Bruno Bourdin (RN) sont pour.
Ce qui es fascinant, c'est de constater le double discours électoraliste qui prévaut en ce moment. Si les bus sont gratuits, c'est pour faire diminuer l'impact de la voiture. Mais, la gratuité des bus n'est pas le seul moyen. Et en douze ans, qu'a fait la majorité contre l'impact de la voiture ? Rien ! Mais rien de rien. Les pistes cyclables sont inexistantes. Aucun aménagement n'a été fait avenue de la République pour un sens unique pourtant promis. La majorité avait même pensé à rouvrir la rue Joffre à la bagnole. C'est dire son souci de la réduire...
La ville se refuse à piétoniser la place du Mail, au moins l'été. Et la ville pouvait pénétrer à l'intérieur des commerces, du moins ceux qui restent, elle le ferait. Douze ans d'immobilisme en matière d'urbanisme destiné à améliorer Vierzon et à moins d'un mois des élections, on nous sort des promesses qui ne seront pas tenues. La place du Marché au blé a été refaite en fonction de la bagnole. Les rues piétonnes ne le sont qu'à moitié : la rue Gallerand et la place sont truffées de bagnoles, rue Joffre, les voitures passent aussi. Bref. Une grande rigolade que de croire que d'un seul coup, on veuille réduire l'impact de a voiture.
Aucun aménagement intelligent, sur plusieurs années, n'a été mené du centre-ville jusqu'aux Forges. Pourtant, la route est aussi large que les trottoirs. Aucune piste cycle cyclable, rien dans ce secteur. Ce ne sont pas dix vélos électriques et le canal à vélo qui amélioreront le sort routier de Vierzon. Non, il y a une volonté à ne pas faire les choses, c'est évident. Regardez l'avenue Edouard-Vaillant. Des bagnoles qui roulent à fond, des pistes cyclables non protégées, des trottoirs qu'on refait à un mois du 15 mars... Le moins de voiture, c'est un état d'esprit. Moins de voiture ? C'est pour ça qu'on va sacrifier un parking en centre-ville pour y mettre un commissariat ! La gratuité des bus est un os à ronger. pendant qu'on débat de cela, on ne débat pas de l'essentiel. Comme des commerces par exemple. Ah oui, ce n'est pas la ville qui fait les commerces... C'est pour cela que la communauté de communes et la société d'économie mixte les rachète tous. Pour la brillance du bilan.
Rien ne se perd à Vierzon. La gauche semble abandonné l'idée de la gratuité des bus que le Parti socialiste portait pourtant dans son programme quand il n'était pas encore inféodé au Parti communiste. On n'en entend plus parler. Alors l'extrême-droite se réapproprie cette idée que Bruno Bourdin, tête de liste du RN, développe sur a page facebook. "Cette solution liée à la gratuité semble favorable pour notre ville. Autant qu’il s’agit d’un moyen égalitaire de permettre à tous de se déplacer. Donc j'y serai plutôt favorable !", écrit-il.
Toutefois, et c'est peut-être ce qui a fait réfléchir la gauche vierzonnaise, "économiquement serait-t-il viable avec l'absence de ces recettes qui seraient d'environ 290 000€ et supplémentaires aux versement de 1 700 000€ par la commune. Ce manque devra être compensé par un autre financement." Mais alors, pourquoi la gauche berruyère qui, c'est vrai, a un socialiste tête de liste (Yann Galut) même s'il ne met son appartenance politique en avant, a cette gratuité dans son programme et pas Vierzon ? Peut-être parce qu'à Vierzon, le P.S n'ambitionne pas d'être tête de liste et peut-être même pas de ravir la place de premier(e) adjoint(e). Des recettes qui sont déjà très faibles par rapport au niveau national avec des bus souvent vides !! alors comment faire ? Du coup, le R.N pense plutôt "à un prix d'accès en fonction du quotient familial (au prorata des revenus)."
En septembre dernier, lorsque le Parti socialiste préparait son programme pour les municipales de Vierzon, on avait entendu le maire-adjoint socialiste, Philippe Fournié, remettre l'ouvrage sur le métier, à propos de la gratuité des bus. Mais, depuis, silence radio.
Nous posions alors la question : "Le sujet s'invitera-t-il au cœur de la campagne des municipales vierzonnaises ? Sans doute. Philippe Fournié, adjoint socialiste à Vierzon, vice-président chargé des transports à la région Centre-Val-de-Loire a glissé, sur son compte facebook, une petite phrase qui en dit long : "En direct de la 2ème rencontre internationale des transports publics gratuits (NDLR : à Châteauroux) pour présenter la gratuité des transports scolaires en Région Centre Val de Loire... et si nous en parlions à Vierzon pour les transports urbains...bientôt..." Bientôt ?"
Mais il semble que cette proposition, pourtant pleine de bon sens, se soit diluée dans le projet commun du PC, du P.S, de la France insoumise et des Ecologistes.
Nous écrivions encore : "Serpent de mer vierzonnais, la gratuité des transports publics n'a pas emporté l'adhésion des élus, surtout des élus de gauche, à la tête de la ville depuis 2008. Alors, on comprend bien qu'une campagne électorale peut en faire retourner des vestes, de là à ce que le transport public à Vierzon soit gratuit... On peut toujours le promettre et une fois qu'une étude a mis son nez dedans, expliquer que ce n'est pas possible. on a tellement vu ça avec d'autres dossiers... D'autant qu'il y a quelques jours, dans la presse, un autre élu socialiste avait écarté cette décision, arguant que la prime transport est déjà élevé à Vierzon et que, surtout, dans cette affaire, ce sont les contribuables qui paieraient. De toute façon, au final, n'est-ce pas toujours le contribuable qui rince ?"
Philippe Fournié évalue à 280.000 euros le coût de cette mesure. Mais les raisons financières d'hier sont-elles les mêmes qu'aujourd'hui ? La ville de Vierzon est très étendue, et la gratuité du transport public serait appréciable dans une ville où les difficultés sociales et économiques se concentrent. Le contribuable est-il prêt à payer pour la gratuité du transport public ? Devra-t-on en passer par une augmentation des impôts ou les élus qui mettront en place cette mesure devront-ils faire d'autres choix ?
A Vierzon, les impôts ont toujours été historiquement élevés, ce qui n'a pas empêché nos élus progressistes, démocrates et socialistes de les augmenter encore. La disparition de la taxe d'habitation va-t-elle permettre de relancer le débat sur la gratuité ? Une autre forme de financement est-il possible ? En tout cas, on ne pourra certainement pas se passer de ce débat même si, à Vierzon, il y a d'autres sujets prioritaires. La campagne des municipales sera le bon terrain pour lancer la balle. Qui la prendra au rebond ? Apparemment pas la gauche socialiste... Il y a sûrement plus urgent comme une auberge de jeunesse par exemple...