Il y a un an tout juste, ce tas de pierres, n'était pas seulement ce qui restait d'un ancien bâtiment industriel de Vierzon (route de Neuvy) dont on aurait pu, avec un peu de volonté, en changer l'usage. Ce n'était pas non plus la volonté de faire place nette pour y construire une annexe de l'hôpital George Sand qui a peiné à trouver un terrain pour y rassembler ses activités sur la ville. Ce n'était pas non plus un désir municipal de construire des logements, ou d'embellir le quartier.
Non c'était le fruit d'une expansion imbécile, d'une multiplication mortifère de mètres carrés commerciaux, l'extension d'un modèle qui a prouvé ses limites mais dans lequel, à Vierzon, on se complaît, pour compenser d'autres manques. Un divan ferait moins de mal. Le 1er mai 2019, jour de la fête du travail, la pelleteuse poursuivait son oeuvre comme si un caractère d'urgence la guidait.
A Vierzon, on a beaucoup démoli. La Pointerie aux Forges pour y implanter un supermarché. On a bouché le canal pour 22 ans plus tard y implanter un... supermarché. Une enseigne de la grande distribution a annexé une prairie, route de Brinay, pour y construire un magasin plus grand face à celui qu'elle occupait. Dans les années 2000, des élus d'un autre bord que l'actuelle majorité avait abandonné le site de la Française à un promoteur immobilier pour en faire un centre commercial...
Le promoteur commercial construira l'Orée de Sologne en laissant le site de la Française sur les bras des élus. A Vierzon, on construit des bâtiments commerciaux que l'on abandonne ensuite. Alors, le tas de pierre, route de Neuvy, ce n'est pas ce qui restait d'un bâtiment industriel, c'est ce qui restait de lucidité à des décisions politiques qui choisissent sciemment d'écarter les citoyens de leurs décisions, qu'elles émanent de la ville ou du département, comme c'est le cas, le terrain avec le bâtiment lui appartenait.
Ce tas de pierre, c'était une limite irraisonnable qui a été franchie afin de satisfaire on ne sait quelle logique stupide qui semble prévaloir sur le bon sens. Démolir avec une telle rapidité un bâtiment de cette nature pour y ériger un énième supermarché, ne pas avoir refusé l'implantation de ce magasin avec la même volonté qu'une antenne-relais ou la fermeture d'un service de l'hôpital, c'était montrer aux citoyens vierzonnais que ce qui compte, ce n'est pas la ville en tant qu'entité, corps mobilier, âme et esprit, mais la priorité de faire. De faire même n'importe quoi, n'importe comment. Mais surtout n'importe quoi.