Vierzonitude avait croisé Jean Bartin, un jour de février 2015. Il n'y avait que lui pour profiter du soleil de cette façon, dans sa calèche tirée par un cheval, le long de la rocade nord, avec ce souci de respecter la vitesse autorisée...
Nous avions écrit : "Voici un petit moment de bonheur pris sur le vif, lorsqu'à Vierzon, le long de la rocade nord et à proximité d'un futur centre routier on peut apercevoir une autre tranche de vie beaucoup plus paisible."
La lumière était belle, le contraste de sa philosophie de vie saisissante avec le cadre, le froid vif, alors Jean Bartin avait pris soin de mettre sa couverture sur ses jambes et de lâcher un petit mot sympathique à celui qui tenait l'appareil photo. On se serait cru au printemps en plein février.
Jean Bartin restait le passeur infatigable d'un mode de vie qu'il mariait avec passion avec nos envies de modernité. Il n'oubliait pas l'époque dans laquelle il vivait mais il n'oubliait surtout pas l'époque dans laquelle il avait vécu. Parmi sa collection de voitures hippomobiles, il montrait toujours, avec cette admiration teintée d'émotion, sa calèche de baptême, dans laquelle il était descendu jusqu'à l'église Notre-Dame.
Sa façon de nouer ses récits, de raconter son histoire, de chérir ce patrimoine qu'il polissait sans cesse sous ses mains, entretenait cette conscience vitale que l'avenir n'est rien si l'on ne prend pas soin de son passé.
Jean Bartin était né le 30 août 1923. Il était venu, à Vierzon, avec sa famille d'Auvergne pour prendre la suite de son oncle Antoine Fonlupt, comme récupérateur de métaux, rue des Ponts. Il fut président du Conseil des Prud'hommes de Vierzon, pendant quarante ans, conseiller municipal, sous Maurice Caron, avec Max Albizzati. Jean Bartin fut aussi le créateur du premier centre équestre de Vierzon à la Bidauderie et des fêtes du cheval à Neuvy-sur-Barangeon.
Les chevaux était cette prolongation de lui-même, cette symbiose avec l'animal, avec ses boeufs également, magnifiques bêtes qui ont fait les riches heures de nombreuses fêtes, il tenait à bout de bras l'étendard des traditions rurales dans une ville qui a toujours partagé son destin industriel avec le monde rural à travers la Société-Française, Merlin, Brouhot.
Son rêve aurait été de voir, réuni dans un même espace, son matériel agricole et hippomobile aux côtés des tracteurs de Vierzon, un endroit où les traditions qu'ils perpétraient en faisant vivre sa collection aurait servi de passerelle avec les générations futures.
Passeur de mémoire, passeur de vie vers ailleurs car avec son épouse Annie, tous deux accompagnaient les familles dans le deuil. A son épouse, à ses enfants, à toute sa famille, nos plus sincères condoléances.
A Vierzon, il y aura toujours cette calèche, ce cheval et cet homme trottant dans nos mémoires pour, inlassablement rappeler ce que l'on est et d'où l'on vient.