L'association Passeur de mots "pour la création d'un poste mutualisé d'écrivain public sur le territoire vierzonnais présente une journée entière consacrée à Victor Hugo, au Café O'Berry, le mercredi 2 novembre.
L'occasion de lire ou de relire l'interview d'Annie Vigier que Vierzonitude avait interrogée en août 2021.
Vous présidez l'association Passeur de mots. Quel en est l'objet ?
D’abord et avant tout, réunir les conditions qui permettront à terme la création d’un poste et l’embauche d’un écrivain public à vocation sociale et socio-numérique à temps plein sur le territoire vierzonnais, couvrant Vierzon intra-muros mais également les zones rurales qui se sentent souvent délaissées.
Pour cela, il nous faut démontrer l’utilité sociale de ce poste, et en évaluer le besoin auprès de la population la plus éloignée de l’écrit et du numérique.
Cela passe par une période transitoire au cours de laquelle j’exerce cette activité bénévolement, même si, à temps partiel, je ne pourrai répondre totalement à cette ambition.
Et quels sont ces projets ?
Lorsque nous aurons obtenu le soutien de nos interlocuteurs institutionnels, nous envisageons, toujours avec l’objectif d’assurer la pérennité du poste, d’étendre l’activité à la mise en place d’une formation à distance de la licence d’écrivain public (L3) qui n’existe actuellement en France qu’en présentiel. Le campus connecté pourrait en être le support idéal.
Vous êtes écrivain public. Avez-vous trouvé un lieu pour exercer votre travail ?
J’ai cette chance d’avoir plusieurs « abris », ce qui me permet d’être au plus près des personnes concernées, qui ne disposent souvent pas de moyens de transport autonomes. À titre personnel j’exerce le jeudi après-midi à la Maison de la Justice et du Droit, cité Sellier, et au titre de Passeurs de mots le lundi matin au GEM Phœnix en
centre-ville.
À partir de septembre, je tiendrai également une permanence Passeurs de mots au centre social du Clos du Roy AJCV, et nous allons étudier également pour la rentrée une tenue de permanence au sein du consortium du Lokal 16-30.
Enfin, je serais très heureuse d’intervenir à nouveau au Café Ô Berry lorsqu’ils seront de retour dans leurs locaux rénovés ! J’ajoute que l’écrivain public peut être un complément utile aux structures déjà existantes, souvent surchargées, que ce soit par exemple les MDAS, le bus numérique de la Communauté de communes, ou un appui plus « rédactionnel » aux postes de
conseillers numériques nouvellement créés.
Parlez-nous de cette dictée intergénérationnelle ?
Il s’agit d’une demande de l’Etat, dans le cadre du dispositif « Quartiers d’été ». L’idée est d’abord, et surtout, de réunir, le mercredi 25 août, de 15 heures à 19 heures à la salle municipale des Forges, des volontaires de tous âges et toutes origines pour passer un moment à échanger sur les thèmes de la laïcité et des valeurs de la République, valeurs qui nous réunissent toutes et tous.
Nous allons pour cela créer un texte original, émaillé de citations d’auteurs (d’où le jeu de mots sur Laïcitez !) classiques mais aussi très contemporains, qui évoquent ce thème.
La dictée sera proposée, sur inscription préalable, à 30 personnes au maximum. Nous aurons deux niveaux de participation, la première partie étant plus facile d’accès, afin que les plus jeunes – à partir de 15 ans – ou les plus réservés puissent y participer sans crainte. Chaque participant recevra des cadeaux, et les « meilleurs » des deux catégories recevront en plus des chèques-cadeaux.
Ce que nous entendons comme « meilleurs » signifie que le nombre de fautes éventuelles ne sera pas annoncé, il s’agit de passer ensemble un bon moment sans stigmatiser ni porter de jugement, car tout cet après-midi est basé avant tout sur la bienveillance.
Ainsi, après l’ « épreuve » viendra le temps de l’échange, avec un débat animé par une professionnelle de la ligue de l’enseignement du Cher, rompue à l’exercice, toujours sur ce thème bien sûr de la laïcité et des valeurs de la République.
Les corrections se feront durant ce débat, pour que la remise des prix se tienne aussitôt après.
Pour l’organisation de cet événement, et compte tenu des congés qui éparpillent les bonnes volontés aux quatre coins de la France, nous avons besoin de bénévoles :
- rapidement pour intégrer le groupe des rédacteurs du texte ;
- pour compléter l’équipe d’accueil ;
- pour corriger les copies (enseignants bienvenus !) ;
Et enfin nous souhaiterions que, candidats ou non à la dictée, nous soyons nombreux à
participer au débat, contribuant ainsi à démonter les a priori qui perturbent parfois le « vivre ensemble ».
Bien entendu, toutes les mesures sanitaires en vigueur à cette date seront rigoureusement respectées. Inscriptions candidats et bénévoles de préférence par mail à passeursdemots.vierzon@gmail.com ou me contacter (laisser un message) au 02 48 71 19 32.
Quels autres projets à long terme envisagés par l'association ?
Un ami, rompu au fonctionnement des collectivités, me disait récemment que toutes disposent de budgets contraints, et que c’est cet argument, que l’on peut comprendre, qui risque de nous être opposé. Je veux bien le croire, en faisant toutefois remarquer que le financement d’un seul poste, dont je rappelle la dénomination d’ « écrivain public à vocation sociale et socio-numérique », au regard des montants dépensés en rémunérations des permanents et indemnisation des élus, a fortiori mutualisé entre plusieurs structures, ne devrait pas être un obstacle insurmontable si l’on considère que ce poste apporte une aide à la population la plus fragile.
Je tiens d’ailleurs en permanence à leur disposition des statistiques sur la typologie des personnes jusque-là rencontrées, dont je ne donnerai que quelques chiffres : 61 % de femmes, souvent isolées, 41,7 % de personnes en situation de handicap ou invalides, 44,7 % nées hors de France.
Le projet à long terme visé étant toujours la création de ce poste, qui représente, avec les charges et un minimum de matériel, un budget annuel d’environ 60 K€, et en attendant que les critères nous permettent de solliciter notre intégration dans les dispositifs de la Politique de la Ville – pour répondre aux appels à projets il faut avoir 1 an d’existence, or nous nous sommes constitués le 15 avril dernier – ce que ne nous permet d’y prétendre qu’en 2023 - nous allons devoir passer par des réponses à appels à projets, et mener des actions ponctuelles, que celles-ci émanent de l’État comme Laïcitez !, des collectivités locales ou de structures privées. Et bien sûr nous solliciterons les privés et les fondations qui pourraient souhaiter soutenir notre démarche.
J'ajoute que désormais AnnieV - Écrivain public est habilitée AidantsConnect pour accompagner les usagers dans leurs démarches en ligne avec France Connect, et que je dispose désormais d'un matériel me permettant d'exercer n'importe où, sans dépendre des connexions des structures qui m'accueillent. Un gros plus !