Ils ont quitté, en juin 2019, le café du Centre à Vouzeron pour ouvrir, la Table 76, dans l'ancien restaurant la Grotte à Vignoux-sur-Barangeon. Vierzonitude a voulu savoir comment ils vivaient le confinement, comment ils envisageaient la réouverture, l'avenir... Voici les réponses.
Votre restaurant est fermé depuis le 17 mars. Comment vivez-vous le confinement à titre personnel... Et à titre professionnel et économique surtout ?
On le vit comme beaucoup d'artisans restaurateurs dans le stress. Ce sont les clients, le soir au restaurant, qui nous l'ont appris en plein service. Tout de suite, j'ai su que cela allait devenir très dur pour tous les artisans.
On parle d'aides de l'Etat, êtes-vous éligible, est-ce suffisant ? Et sinon, comment faites-vous pour tenir ?
Nous avons bien eu les aides de l'Etat (1.500 euros) et l'aide de la communauté de commune (2000 euros) qui était bien compliquée a remplir, même trop. Il y a tellement de chose en place que l'on ne sait pas ou se taper.
Pas d'activité, pas de rentrée d'argent, on suppose que les charges tombent, le loyer à payer. Comment faites-vous pour faire face ?
Notre banque a repoussé le crédit pour six mois et bloqué tout les prélèvements. Elle nous a remboursé tous nos frais bancaires. Nous lui avons demandé un découvert. Bien sûr, il y a le Prêt garanti par l'Etat, mais pour le moment on ne sait pas la somme qu'il faudrait car nous ne savons pas quand on va reprendre et dans quelles conditions. Les aides de l'Etat ne suffisent pas, il faut supprimer toutes les charges car sinon cela va être très compliqué sur le long terme.
Comment voyez-vous l'avenir proche, l'avenir plus lointain ?
La reprise sera difficile. Nous ne savons pas comment les clients vont réagir et comment cela va se passer pour l'activité du bar et si il faut diviser le nombre de place (de 40 places nous passons à 20) comment faire car ce n'est plus le même chiffre d'affaire et là on sera dans le rouge et je devrais me séparer de ma serveuse. Nous avons bien une solution pour le futur, car nous avons une autre salle à mettre aux normes pour augmenter notre capacité. Maintenant il faut que les banques jouent le jeu pour notre survie.
Vous avez repris une activité de drive en accord avec les mesures sanitaires. Qu'allez-vous proposer ?
Nous avons pris une activité de drive par laquelle les gens nous soutiennent et nous remontent le moral. Ils nous soutiennent énormément, ce qui nous touche beaucoup. Mais on voit bien que les fins de mois sont difficiles pour certains Français. Nous allons proposer des burgers made in France, avec pain bun's de notre artisan boulanger et un plat du jour. Pour le 1er mai, nous avions proposé le plateau du bon vivant à soixante euros pour quatre personnes.
Pouvez-vous vous approvisionnez facilement ?
Le problème, c'est que chez nos fournisseurs, c'est vide. Cela devient compliqué et j'ai bien peur que quand tout va reprendre avec la demande les prix augmenteront. J'espère que dans l'avenir, les gens joueront le jeu, de venir chez tous les artisans restaurateurs. Et qu'ils n'irons pas chez Mac Do comme on le voit a la télé car ce n'est pas plus cher chez nous. On fait tout maison et on ne leur ment pas dans l'assiette, il y a aussi de la convivialité.
On parle d'une réouverture des cafés-restaurants début-juin, mi-juin ? Qu'en pensez vous ?
Nous attendons le gouvernement qui, pour l'instant, ne se prononce pas pour la réouverture de nos restaurants et dans quelles conditions. Nous ne sommes pas rassurés car souvent, ils ne sont pas dans la réalité du monde du travail et en France, trop de normes, ce qui coûte très cher à une entreprise. Je comprends qu'il faille des normes mais après il faut pouvoir les amortir. Sachez que nous nous battons pour une convivialité qui se perd, on ne retrouve pas ça chez Mac Do ou dans toutes ces grandes chaines. Nous sommes des artisans qui créons un partage autour d'un verre et d un bon repas traditionnel. Si nous disparaissons, c'est une partie de l esprit de la France qui s'en va.