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Vierzonitude

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La ville désengagée du patrimoine industriel qui fait sa réputation

Publié par vierzonitude sur 29 Mai 2024, 10:24am

La ville désengagée du patrimoine industriel qui fait sa réputation

Est-ce parce que Lambert Wilson, président du jury du Festival du film de demain (qui commence ce soir) a déclaré au Berry que "L’histoire ouvrière de Vierzon est intéressante" que les Vierzonnais auront le droit d'entrer dans une des nefs de la Société-Française, une nef encore dans son jus ?

En effet, la ville a prévu que les spectateurs rencontreront Lambert Wilson "au sein d’une nef d’une B3 quasi inconnue du public, et à l’abri des éventuels caprices de la météo. Cette nef, située à droite du campus numérique, accessible de l’esplanade, n’est pas encore réhabilitée", explique le Berry. 

Qui ajoute : "c’est une composante de l’emblématique ancienne usine de machinisme agricole qui fait la notoriété de Vierzon. Elle a seulement déjà été utilisée pour des expositions de la Biennale du Fonds régional d’art contemporain en 2022, et pourrait, à l’avenir, accueillir davantage de manifestations." La notoriété de Vierzon... Il faut que des vedettes de cinéma se pointent à cet endroit pour que Vierzon nous fasse le coup de "regardez notre beau patrimoine industriel", alors que le reste de l'année, elle s'en moque comme de son premier bulletin de vote !

Va-t-on montrer aux stars du ciné le hangar sombre dans lequel sont entreposés les collections de tracteurs et de batteuses issues de cette même Usine ? Voir où sont entassés depuis trente ans des engins que personne ne veut exposer ? C'est bien beau de gesticuler devant des vedettes qui viennent une fois par an et ne rien faire les 364 autres jours, ne pas être capables de monter un projet à la hauteur de la réputation de cette ville.

C'est bien joli de soutenir un festival du film engagé quand la ville depuis 2008 n'a rien engagé de ses projets pour créer un lieu à la hauteur de ce que représente ce fantastique patrimoine qui, alors qu'il devrait être rendu au public, est privatisé petit à petit (bowling, espace numérique, école d'infirmières...) Dans dix ans, on ne saura même plus qu'ici, il y avait une Usine qui fabriquait des tracteurs qui font la joie des collectionneurs en Europe... sauf  à Vierzon !

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Vierzon-sur-Mer

Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?

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