Le J7 Diésel du collège Notre-Dame

Publié par vierzonitude sur 29 Juillet 2024, 21:52pm

Allez savoir pourquoi, ma mère n’avait pas confiance dans le service public de l’éducation national. A la place de rejoindre l’un des collèges publics de Vierzon, mes parents décidèrent de m’inscrire au collège Notre-Dame.

Je savais d’ores et déjà que le montant de l’inscription était un sacrifice et que ma mère souhaitait le meilleur pour moi. De quelle façon avait-elle pesé les vertus du privé face à celles du public ?

Je n’eus pas le choix. Et ma première collision visuelle avec la forteresse de ce collège, au milieu du vieux quartier, fut un haut mur qui me fit passer toute envie d’évasion, en cas de besoin.

J’allais y passer quatre années, entre des professeurs fantasques, des locaux de guingois, des crucifix au-dessus du tableau noir (en fait il était vert), et des souvenirs à la pelle dont je souris avec élégance aujourd’hui.

Ce qui me revient à l’esprit, avec une gourmandise non feinte, c’est bien le J7, diesel, véritable bétaillère à élèves que conduisait Tonio, le chauffeur de bus, pour nous emmener d’un point A à un point B. Le point A, c’était bien sûr le collège, ou du moins la route qui séparait le collège du point B, c’est à dire le stade du Cajo, à l'autre bout de la ville.

Nous y allions à pied, au début, il fallait bien deux heures consécutives d’éducation physique pour en tirer une demi-heure effective.

Les groupes d’élèves étaient menés par Titi, le vétéran des profs de sport, M. Herbodeau et M. Pinson. Nous commencions à marcher et le J7 nous récupérait en route pour finir le trajet.

La rudesse du transport n’avait rien à envier à celle des « vestiaires » à ciel ouvert, du Cajo. Pour être à l’air, nous étions à l’air, après les effluves diésélistiques du J7 à bout de souffle qui nous avait emmené jusque là et qui devait nous ramener.

J’avais toutefois un petit privilège par rapport à mes camarades de classe : nous avions sport jusqu’à l’heure de la sortie du collège et comme le J7 passait devant la rue du Champ-Anet, il s’y arrêtait pour me laisser descendre et rentrer ainsi chez moi plus vite.

M. Herbodeau avait alors l’habitude de me dire à la prochaine « puzzle », c’était mon surnom, car je lui avais expliqué que oui, à l’époque j’adorais les puzzles. On ne se refait pas.

Que j’ai voyagé en J7, en car ou en train, les voyages avec le collège Notre-Dame ont toujours été singuliers. Ils n’en tenaient pas seulement aux modes de transport mais aux personnalités de nos accompagnateurs car pour qui a connu le collège Notre-Dame dans les années 1970-1980, a forcément connu Alain Maquin, le singulier directeur avec lequel je suis allé jusqu’aux plages du débarquement en train et en bus. Moments inoubliables.

Mais aussi le marronnier de la cour (aujourd’hui disparu), le gymnase de poche, la salle de musique presque souterraine, la salle de physique perchée en haut des marches en colimaçon, la salle de techno dans un recoin, la sixième blanche, la cinquième verte, le surveillant général, M. Auger, qui supervisait la vente de pains au chocolat à la récréation…

J'ai précieusement gardé mes carnets de ma sixième blanche, cinquième verte, quatrième 1, troisième 1. Dedans, il y a mon histoire à travers celle de mes enseignants. Quels personnages, pour certains, quels tempéraments pour d’autres, quels effacements, quelle trouille également…

Les voici.

M. Gilles, prof de français ; Mme Bunoz, prof d’anglais ; Mme Poutier, prof de mathématiques et de sciences expérimentales (ex-sciences naturelles)! M. Potier, prof d’éducation manuelle et technique; M. Fourel, prof d’histoire-géo; Melle Faidherbe, prof de dessin; Mme Tat, prof de musique; M. Sioné, dit Titi, prof d’éducation physique; Mme Cartier, prof de français; M. Jacob, prof de maths; Mme Bernardin, prof de sciences physiques; .Mme Lacaille, prof de sciences naturelles; M. Tinturier, prof de sciences humaines, prof de latin; M. Herbodeau, prof d’éducation physique; M. Gousailles, prof d'EMT; Alain Maquin, prof de français, d’histoire-géo, directeur atypique du collège; Mme Jamet, prof d’anglais; Mme Jouanique, prof d’allemand; M. Sommard, prof de maths; Mme Le Dirach, prof de sciences humaines; M. Pinson, prof d’éducation physique; M. Virard, prof de maths; Mme Grangé, prof d’anglais.

R.B.