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Le Vierzonnais Gérald Dumont serait fier de dire Charb à Vierzon !
Publié par vierzonitude
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11 Août 2023, 10:45am
Bon, les programmateurs du théâtre Mac-Nab, un effort, c'est un Vierzonnais, bon sang !
On avait découvert Gérald Dumont, Vierzonnais. Il est né dans la seconde ville du Cher le 17 mars 1967. Il jouait le texte de Charb sur l’islamophobie. Il avait publié, sur son compte facebook, une simple phrase, illustré par une Une de Charlie Hebdo : "Et toujours fier de dire Charb quand là ou l'on m'accueille." La moindre des choses, ce serait qu'on l'accueille en effet à Vierzon, au Mac-Nab, à la Décale, ou ailleurs, mais un Vierzonnais qui joue du Charb à la veille de l'ouverture du procès des attentats contre Charlie, l'hyper casher et des policiers, cela justifierai l'espace Charlie qui se trouve dans l'enseigne du conservatoire de musique. Vierzonitude avait interviewé Gérald Dumont en décembre 2019.
Un portrait pleine page d'un Vierzonnais dans Libé, c'est rare. Vous êtes né quand et dans quel quartier de Vierzon ?
Je suis né en 1967 à Vierzon .J'habitais rue des Pentecôtes, juste au dessus de la gare.
Jusqu'à quel âge y avez-vous habité et ensuite, vous êtes parti où ?
J'y ai habité jusqu'a mes cinq ans puis nous avons déménagé à Mehun-sur-Yevre.
Quand avez-vous décidé d'être comédien ?
Je ne suis pas comédien. Je suis avant tout auteur et metteur en scène. Il est très rare que je sois sur scène. J'ai d'abord été musicien. J'ai raté mon BAC puis j'ai fait les Beaux-Arts à Bourges. Je suis ensuite parti sur Lyon ou j'organisais des concerts et faisais du management de groupes. Il m'arrivait de faire de la régie-son et c'est à ce titre que j'ai découvert le théâtre et travaillé avec une compagnie de Marseille. J'ai ensuite eu la chance, en tant que script et cadreur vidéo, d'assister aux répétitions de trois spectacles à Lille avec Daniel Mesguish. Avec lui, j'ai été machinot, electro, figurant. Avec lui, j'ai touché à tout et cela fut très formateur. Je pense que c'est là que j'ai voulu faire de la mise en scène.
On vous croise dans la régie du Printemps de Bourges, racontez-nous.
Non, j'y ai joué une fois avec mon groupe Profyltext. donc, pas grand chose à raconter.
Qu'est-ce que le théâtre K ?
J'ai créé cette compagnie en 1997. Je montais une adaptation d'une nouvelle de Dino Buzzati. Les premières répétitions se firent avec Corine Masièro d'ailleurs. Depuis, j'ai monté plus de 30 spectacles en France et à l'étranger. Ce n'est pas une équipe permanente. Elle change selon mes projets. Il y a bien sur des habitués, des gens qui m'accompagnent depuis le début. Mais ce n'est pas une troupe. Il m'arrive de travailler pour d'autres.
Le texte de Charb sur l'islamophobie, comment décidez-vous de vous emparer et pour quelle(s) raison(s) ?
Le 7 janvier m'a démoli. Mais le pire ont été les heures qui ont suivi l'attentat et les premiers "ils l'ont bien cherché", comme si on assassinait les victimes une deuxième fois. C'était révoltant. Tout ces gens décédés avaient lutté avec Charlie Hebdo pour les sans-papiers, avaient été sur tout les combats antiracistes, etc. Et on crachait sur leurs tombes ! Le livre de Charb m'a été offert par un ami (Franck, le chanteur de "Marcel et son Orchestre" qui est venu joué plusieurs fois à Vierzon). J'ai de suite voulu en faire quelque chose. Je voulais que le texte de Charb soit entendu, et faire taire tous ses détracteurs. Je ne voulais pas faire un hommage à Charb, mais seulement expliquer son texte au plus grand nombre. C'est en parti réussi puisque je suis à plus de 100 représentations, en France et à l'étranger.
C'est un cours de laïcité, une piqûre de rappel sur des fondamentaux, des évidences qui doivent être rappelées et qui ne posaient aucun problème il y a quelques années. On peut critiquer une religion sans être raciste. Il y a un droit au blaspheme en France. Je suis foncièrement laïque et je refuse à ce qu'une religion, quel qu'elle soit, influence en quoique ce soit la politique d'un pays. Le spectacle reprends le texte de Charb évidement, mais je l'ai agrémenté de vidéos, de dessins de Charb et de musiques de Lenine Renaud. Cela en fait un spectacle ludique, accessible à partir de 15 ans. Je suis souvent accompagné de Marika Bret de charlie Hebdo et le spectacle est suivi d'une rencontre avec le public. Les échanges sont souvent riches.
Nul n'est prophète en son pays... Vous aimeriez-vous ce texte au théâtre Mac-Nab de Vierzon ? Comme un retour aux sources...
Evidemment. J'ai joué à Bourges plusieurs fois mais jamais à Vierzon. Je ne demande pas mieux. Et puis, le texte de Charb doit être entendu partout. J'ai fait un pause avec Charb puisque je viens de créer deux spectacle en ce début d'année. Je repars en tournée à partir d'avril. Et des dates sont déjà programmées pour fin 2020.
Qu'avez-vous conservé de Vierzon ? Des amis, de la famille, une rengaine de Brel ?
Mes années lycée à Edouard Vaillant. J'avais monté un groupe de rock et le chanteur était l'acteur Laurent Poitrenaux. C'était aussi à Vierzon que j'ai acheté mon premier disque, (Magma à L'Olympia). Et puis des séances de cinéma au Mac Nab. Mon grand père avait un jardin derrière la maison. Je me souviens des fûts dans lesquels macéraient les prunes et les poires qui allaient devenir de la gnole. (Il m'en reste encore quelques litres.)
La dernière fois que vous y êtes revenu ?
Justement, je crois que c'était lors du concert de Marcel et son Orchestre lors du festival d'été. Sinon je vais régulièrement à Mehun voir ma famille.
Bon, on essaie de faire programmer votre pièce au Mac-Nab ? Un Vierzonnais qui joue à Vierzon, ce serait logique...
j'ai eu l'occasion de rencontrer Gérard lors d'une activité d'écriture avec des enfants .....c'est une personne passionné ...généreuse...et un formidable réciteur...
Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?
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