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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...

Publié par vierzonitude sur 3 Janvier 2024, 22:09pm

50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...

Blottie autour de son château, sur les hauteurs de la ville, Vierzon a d'abord vécu entre ses remparts avant de serpenter dans ses faubourgs, agglutinés autour des principales voies de communication. Elle s'est étendue au gré des circonstances naturelles et économiques, blotties contre les parois de sa vaste forêt et de ses rivières, d'une part, et d'autre part, contre la joue de son canal et de sa gare ferroviaire.

Les faubourgs cernent Vierzon-Ville, réunis dans Vierzon-Villages. La soif d'indépendance fait éclater Villages en trois communes distinctes et en 1937, lorsque le grand Vierzon recoud toutes ses parties éparpillées, la ville n'a pas un nombre d'habitants proportionnel à sa nouvelle superficie. Aujourd'hui encore, les 27.495 habitants (chiffres : 2008) s'ébattent sur un territoire équivalent à peu près à ... 100.000 habitants.

La preuve : Vierzon et ses 27.000 habitants possèdent une superficie (74 kilomètres carrés) plus grande que celle de Bourges (68 kilomètres carrés) avec ses 69.000 habitants. Vierzon est un camembert découpé en quatre portions. Chacune représente l'équivalent des ex-communes qui, rassemblées en 1937, sont devenues les quartiers naturels de la cité. La ville n'a eu de cesse de vouloir grandir encore et toujours. Ogre urbain doté d'un gros appétit d'habitants, seule recette valable pour prétendre grossir.

Le pic d'habitants est atteint en 1975 avec 35.699 habitants. En gros, Vierzon s'enorgueillit d'être une ville de 36.000 habitants. Elle n'a pas cessé d'étoffer ses effectifs : plus de 28.000 en 1954; plus de 31.000 en 1962; plus de 33.000 en 1968 jusqu'à frôler les 36.000 en 1975. Dès lors, les habitants désertent et leur nombre passe sous la barre symbolique des 30.000 en 1999. Un coup de tonnerre démographique. 2020 : la ville compte moins de 26.000 habitants...

50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...
50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...

50.000 habitants

Pourtant, la prospérité économique d'une ville devenue industrielle, permet d'échafauder n'importe quel plan sur la comète. Dès les années 1950, le frémissement de la grandeur agite les narines de la municipalité. En 1958, tout est dit dans un article de presse qui évoque le projet d'aménagement du canal de Berry, déclassé plusieurs années auparavant. La voie d'eau a fait son temps. Elle passe en centre-ville et son inutilité couplée à son insalubrité précipitent sa fin : le canal sera bouché. Et pourquoi le sera-t-il ? “Dans une vingtaine d'années, Vierzon peut être une ville de 50.000 habitants.”

La place ainsi gagnée servira à imposer des aménagements décisifs. Maurice Caron, maire de l'époque, a signé cette déclaration que le futur rendra purement hasardeuse. Toutefois, le chroniqueur de l'époque effleure l'idée d'une éventuelle “utopie” dont il se refuse toutefois, eu égard au respect du au maire... : “Vierzon qui a fait un très gros effort en faveur de la construction voit chaque année, sortir de terre, des constructions nouvelles qui permettent à des personnes habitant l'extérieur mais dont le travail est à Vierzon de se loger convenablement et d'être sur le lieu de leur travail”. Dans la presse, en 1956, un autre article affiche clairement les ambitions : “Vierzon est une grande ville et veut le prouver”. Tout est dit.

Il est temps d'offrir aux nouveaux habitants, en dehors du gîte, la possibilité de mieux circuler, de mieux stationner, de mieux se réunir. Sauf que cette boulimie immobilière ne sert pas seulement à loger les voisins pour les fixer à Vierzon. Les années d'après-guerre sont difficiles. En 1950, deux mille familles sont toujours sans abri. Des baraquements de fortune ont poussé place de l'Abattoir, à Villages, aux Forges, au Chalet de la Forêt, dans le passage Proudhon. En 1963, cinq ans après l'article, douze baraquements qui abritent 48 familles subsistent encore.

Du coup, les terrains libres se hérissent de cités : celle du Désert en 1951 (1000 demandes !) et la même année la cité Louise-Michel, la cité de Puits-Berteau l'année suivante, la cité Henri-Sellier entre 1953 et 1955, la cité d'urgence dite Abbé-Pierre, au Verdun en 1954, la cité du Bourdoiseau en 1955, la cité de relogement en 1957 et celle de Gustave-Flourens en 1958.

50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...
50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...

Les cités sortent de terre

Sur d'anciennes vignes, au Clos-du-Roy, un projet de construction de logements de masse pointe le bout de son nez. Le logement est une bataille. Et la courbe démographique donne raison aux bâtisseurs. Une première salve de logements garnit la décennie de l'après-guerre. Là où il n'y avait rien, il y a désormais des bâtiments, des rues, des quartiers entiers. En 1964, le bulletin municipal barre deux pages de ce titre inquiétant : “le logement : problème angoissant.” Angoissant parce qu'il faut des crédits.

Six cents demandes restent à satisfaire. La décennie 60 accèlère la cadence : 320 logements à la cité du Colombier, le quartier du Tunnel-Château en accueille 99; la cité Sellier termine son programme. En 1966, le Clos-du-Roy frappe un grand coup : 3.000 logements à venir. La ville s'hérisse de hauts bâtiments. Désormais, l'église Notre-Dame et le Beffroi sont concurrencés par des immeubles de logements sociaux. Le paysage est moderne. On parle de “chantiers de masse”.

La ville s'étire. Et ses réseaux avec, forcément. Il faut amener l'eau, l'assainissement, l'évacuation des eaux pluviales, créer des voiries, des trottoirs. Le béton a bonne presse. L'immobilier remplit les vides. Et rend des familles heureuses avec le confort d'une salle de bains.

En novembre 1970, un édito du bulletin municipal annonce la couleur : “Sa courbe géographique (de Vierzon) fait prévoir une augmentation de près d'un millier d'habitants par an dans les prochaines années. Un tel chiffre exigera bien entendu à la fois le maintien de l'activité économique et de nouvelles et importantes possibilités de logements. Dans ce sens, la création de l'importante cité de Chaillot par “l'abri familial” sera certainement très bénéfique.”

Plus de logements sociaux à la pelle, ce coup-ci, mais une accession à la propriété à bon prix. Là encore, la vaste plaine de Chaillot se hérisse de pavillons construits en un temps record (jusqu'à trois par jour pour contenir les coûts de fabrication). Vierzon croit dur comme fer à cet “accroissement démographique” qui exige non seulement des logements, mais des structures scolaires, culturelles, sportives correspondantes. Cinq ans plus tard, le recensement offre des certitudes à la municipalité que sa politique est la bonne : 35.699 habitants. Le crédo : se développer.

50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...
50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...

27.000 habitants

En 1975, justement, le plan d'occupation des sols pour aménager Vierzon, trace les grandes lignes de l'avenir. Et déjà, elle pointe un souci : “Vierzon, ville de 37.000 habitants assume des charges de voiries et de réseaux égales à celles d'une ville de 100.000 habitants ou plus.” Le chapitre 2 est intéressant : “développer Vierzons sans l'étendre”. Il faut “constituer un vrai centre-ville”, et “développer les zones d'emploi.” A la fin de 1976, Chaillot compte trois mille habitants dans 613 maisons. C'est le summum. Le nouveau quartier marque la décennie 70. Celle d'après n'est pas avare non plus de constructions. Face à Chaillot, un autre nouveau quartier, les Crêles, 140 habitations inauguées en 1982. Suivent la résidence du Moulin de Grossous, la résidence Paul Eluard, de la Poste.

La démolition de l'usine Larchevêque laisse la place à l'ilôt du même nom (106 logements). Seulement, le recensement de 1982 met un frein aux ambitions. La ville commence à perdre des habitants. Les raisons sont, entre autres, économiques. Le vieux quartier n'échappe pas la modernisation: création de rues piétonnes, logements rénovés à grande échelle.

La décennie 80 prépare un grand changement en centre-ville : la création d'un “vrai” centre que Vierzon réclame depuis 1937, à travers la création du Forum République. Un ensemble de commerces construit sur le canal busé. La greffe prend mal. Ce centre est artificiel. Dans l'enfilade, une nouvelle Poste, des logements. Sur le sillon du canal, l'urbanisation rejoint l'écluse de Grossous.

En 1990, patatra, nouvelle baisse de la population : 32.000 habitants. Les cités (Sellier, Colombier, Clos-du-Roy) sont devenues les quartiers dits “sensibles”, trop hauts, trop de vacances. Ils sont l'objet d'un plan drastique de démolition. Parmi les élus figure un ex-patron d'une entreprise de bâtiment : il a construit les logements qu'il fait alors démolir...

Le départ des habitants se lit à présent dans l'urbanisme. Symbole fort : une école, Paul Langevin, est complètement désaffectée et transformée en centre associatif. En 1999, le choc est rude : moins de 30.000 habitants et la courbe continue de mordre la poussière, 28.000 en 2006, 27.723 en 2007, 27.495 en 2008. Des pavillons remplacent les immeubles de Sellier et du Clos du Roy. Vierzon court après ses habitants. D'abord endiguer la perte. Et repartir à la hausse. Peut-être... Nous sommes moins de 26.000 habitants.

50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...
50.000 habitants en 1978 ? Nous ne sommes que la moitié...
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A
c'est la première fois que je vois ce chiffre de 50 000. Dans les années 60 , 70 nous étions plus de 30 000 hab, puis les industries ont décidé de partir, puis les politiques ont décidé la priorité aux grandes métropoiles. . .
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F
Récapitulons les slogans possible pour notre bonne ville :<br /> <br /> Vierzon, la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf<br /> Vierzon, la ville aux mille camions<br /> Vierzon, Le plus gros entrepôt logistique du Berry (si nous, les vierzonnais, nous laissons faire! Ne venez pas vous plaindre en disant que vous ne saviez pas!!)<br /> <br /> J'exagère, mais à peine... Voilà ce qui arrive quand on vote les yeux fermés.ou qu'on s'abstient. Voter blanc dans ces circonstances, est un acte citoyen qui a du sens. <br /> <br /> Fort heureusement, Vierzonitude s'est fait l'écho du dépouillement des contributions des citoyens.à l'enquête publique récemment close)<br /> <br /> Ce qui a permis de constater que :<br /> Les 72 opinions favorables au projet s'appuient à 50% sur la création d'emplois et ses mirifiques mais très hypothétiques chiffres. (Les promesses n'engagent que ceux qui y croient!)<br /> Les 270 opinions opposées au projet argumentent sur 18 sujets différents. L'emploi ne constituant que 25% des contributions, qui expriment de sérieux doutes sur les prévisions, bien évidemment. La pertinence des arguments et leur "volume" est carrément impressionnant. <br /> <br /> Effectivement, en volume, la comparaison des "argumentaires Pour" et "argumentaires Contre" est éloquente :<br /> Le rapport est de 1 à 10. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les "Contre" avaient des choses à dire! <br /> <br /> Qu'est-ce que j'entends? Vous n'avez pas lu les contributions des habitants de la Com-Com à l'enquête quand le site cher.gouv.fr était en ligne? Dommage, vous y auriez observé que le Conseil municipal de l'une des communes de Vierzon-Sologne-Berry a émis des réserves sur le projet Virtuo! Bravo à ces citoyens, ça change du suivisme des autres conseils. <br /> <br /> Vous pouvez vous "racheter". Puisque vous lirez certainement les conclusions du Commissaire enquêteur qui ne devraient plus tarder....ici :<br /> <br /> https://www.cher.gouv.fr/Publications/Enquetes-publiques/Rapports-d-enquete-publique/(offset)/10<br /> <br /> On ne peut que faire confiance à l'impartialité des conclusions de M. Cros, même si c'est le promoteur qui finance son action. Ce détail aurait tendance à m'agacer, mais il faudra faire avec...<br /> <br /> à suivre.
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P
Deux fois moins que n'a prévu le parti ? ..... certainement les chiffres de la police ! :-)
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L
Ah!! dépêche de dernière minute , nous venons enfin de retrouver ces mille habitants par an , ils reposent tous à Vierzon mais hélas sous terre, mais bon il ne faut pas oublier de les compter pour donner du baume au cœur au projet!! :-))
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C
Rêver à la croissance et à l'expansion donne cela.
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