Ce qu'on peut remarquer surtout, c'est que la majorité des usines ou commerces identifiables sur les photos sont fermés et n'existent plus .... faire une pseudo révolution pendant les trentes glorieuses en pleine période de plein emploi ça à eu du bon ! ....
Merci Vierzonitude pour la publication de ces photos de mai 1968.<br />
A cette époque, j'étais déjà loin de Vierzon et je peux comparer ces images avec celles avec ce que j'ai vu dans la grande ville où je me trouvais.<br />
En premier lieu, le PCF ( F pour "français" afin de ne pas trop le confondre avec le grand frère de l'est...) encadrait magnifiquement les manifestations. Les banderoles reprennent tous les poncifs du PCF: "Front commun", "Pour l'abrogation des ordonnances anti-sociales", "Pour les revendications" (lesquelles???), "Pour la défense des libertés syndicales".<br />
Les photos de l'auditorium sous la banderole "Pleine solidarité avec les travailleurs en lutte" font penser à un Comité Central avec interdiction de sourire!<br />
D'autres images ont un caractère plus amusant, un peu surréaliste :<br />
-Sur les prises de vue devant Monoprix, une banderole semble flotter aux dessus des manifestants: "Fête du Cheval ". Bien sûr cela n'a rien avoir avec la manifestation mais c'est un beau clin d’œil surtout quand on connait les organisateurs de cette fête du cheval...<br />
-Sur la 20ième photo, on remarque un Solex gentiment garé le long du trottoir sans protection. Question: dans le Vierzon de 2018, combien de temps s'écoulerait-il avant qu' un tel deux-roues soit volé ou vandalisé?<br />
-Photos n°5 et 41: heureusement que la lettre "E" de "garentie" (sic) a été approximativement transformé en "A". L'honneur de l'école vierzonnaise est sauf !<br />
- une dernière banderole amusante: "Défendons les liberté communales menacées". C'est tellement gros que c'est risible.<br />
Pour finir avec une touche optimiste: sur toutes les photos, à l'exception du "comité central de l'auditorium", les personnages sont de bonne humeur et l'ambiance est festive. On sent bien que cela finira par un bon canon au café du coin (il y en avait pas mal à cette époque).<br />
ET ALORS, SI CELA N'AVAIT ÉTÉ QU'UNE IMMENSE BLAGUE???
Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?
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