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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Nicolas Sansu réélu député : un revanchard qui respire la politique

Publié par vierzonitude sur 7 Juillet 2024, 22:30pm

Elu maire en 2008 et réélu en 2014, élu député en 2012, battu en 2017, réélu maire en 2020, réélu député en 2022 mais obligé de quitter son fauteuil de maire, Nicolas Sansu a toujours une revanche à prendre contre quelqu'un. C'est son carburant, le combat politique, et l'adversité. Dans l'opposition en 2012, malgré un gouvernement socialiste, dans l'opposition en 2022 dans un gouvernement macroniste, le député est certes élu mais dans une majorité absolue.

Né en 1968, à Vierzon, son père, Michel Sansu, était déjà maire-adjoint aux sports dans la municipalité notamment de Fernand Micouraud. 

Biberonné au communisme le plus dur, le plus stalinien quand le rideau de fer n'était pas encore tombé, le jeune Nicolas est âgé de 22 ans lorsque la ville de Vierzon, communiste depuis plusieurs décennies, tombe aux mains d'un ancien socialiste, Jean Rousseau en 1990. Il adhère au Parti communiste deux ans avant la chute de Vierzon.

Elu un an plus tôt, Fernand Micouraud, le maire, décide de céder son siège comme le monarque désigne son successeur. Sauf que les socialistes, membres de l'union de la gauche, organisent un putsch.

Ils démissionnent en bloc, forcent les Vierzonnais à de nouvelles élections, et sans leurs alliés socialistes, d'ailleurs virés du P.S, les communistes perdent la ville. Nicolas Sansu n'aura de cesse que de devoir laver l'affront fait à son père notamment et à sa famille politique. 

François Dumon, élu historique depuis 1977, mène la liste du Parti communiste aux élections de 1995 mais il perd. La municipalité socialo-centriste avec pour tandem, Jean Rousseau maire et Max Albizzati, premier adjoint, remporte les élections de 1995 et celle de 2001.

C'est l'année où Nicolas Sansu devient conseiller municipal d'opposition. Il est âgé de 33 ans et il prépare la revanche pour 2008. De 2001 à 2008, il mine le terrain de Jean Rousseau et de Max Albizzati, organise l'opposition et pose ses jalons pour les élections à venir. Il étoffe ses réseaux, tape dans le dos des milieux sportifs, son vivier et des quartiers populaires, sa réserve de voix, comme on l'a vu au cours de ces dernières législatives.

Tête de liste aux municipales de 2008, il est élu dès le premier tour avec des socialistes notamment. Nicolas Sansu tient sa revanche : la ville revient au Parti, après avoir été cornaqué par Jacques Rimbault, ex-élu vierzonnais devenu maire de Bourges et député communiste. Puis par Jean-Claude Sandrier, maire de Bourges à la mort de Jacques Rimbault (il était premier adjoint).

Jean-Claude Sandrier est élu député, il entre également au conseil municipal de Vierzon et en 2012, il passe la main, offre son siège de parlementaire au maire de Vierzon qui peut cumuler son mandat de parlementaire avec celui de premier magistrat de la ville.

Nicolas Sansu, l'ambitieux qui ne le dit pas, l'amoureux des livres comme il aime à le dire, passionné d'athlétisme et de sport en général, passionné par la politique, les débats, les duels sémantiques, il laboure la ville de Vierzon dans tous les sens. 

A l'Assemblée nationale, élu dans une majorité socialiste après l'élection de François Hollande, Nicolas Sansu se place dans l'opposition. Opposition un jour, opposition toujours. Il va même jusqu'à voter une motion de censure de gauche contre le gouvernement socialiste. Communiste jusqu'auboutiste, il lutte à Paris contre le P.S mais il leur passe la main dans le dos à Vierzon. Mais, dans cette ville, l'opportunisme politique est une culture et il sait que sans ses alliés de gauche, il ne gagnerait pas.

En 2017, alors qu'il a été réélu maire en 2014, Nicolas Sansu est battu aux législatives par la députée Nadia Essayan (Modem). Une autre revanche se fait jour en lui. Battu platement également aux élections régionales en décembre 2015, la liste Front de gauche qu'il mène n'atteint pas les 5%.

La pilule est dure à avaler. Il ronge son frein mais le local, bien qu'il morde dedans à pleines dents, semble l'ennuyer, trop petit pour son envergure. D'autres appellent cela l'ambition. C'est un homme de challenge, d'échanges vifs, de combativité, de rhétorique, de mots qui sifflent. 

Au fond de lui, il regrette que son opposition soit aussi atone. Ses saillies verbales et ses répliques au conseil municipal, notamment, montrent que le combat est son ADN. Et sa revanche se nourrit de son ennui. Il multiplie les sorties peu amènes notamment envers des secrétaires d'Etat que la députée Nadia Essayan fait venir. Il s'embrouille aussi avec le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

En 2020, il est élu maire pour la troisième fois. Aucun temps mort. Pourtant, pendant la campagne des municipales de 2020, une caméra de France 3 le suit pour faire le portrait d'un élu de terrain.

A la télévision, ses camarades, suffoqués, découvrent qu'il lorgne sur une candidature LREM, le parti d'Emmanuel Macron. C'est clairement dit dans le reportage, au grand dam de ses amis d'arme qui ne comprennent pas un tel retournement. Il explique à la caméra, qu'il a enchaîné les élections et finalement, il se présente sous sa meilleure étiquette, le Parti communiste et il gagne. Vierzon reste la ville rouge.

Il reçoit le premier ministre, Edouard Philippe, et plus tard le président de la République, décroche des fonds pour revitaliser commercialement le centre-ville tout en développant en même temps la périphérie. Il enchaîne les subventions, démolit une partie du centre-ville pour y créer la place Jacques-Brel. Avant, il mobilise les Vierzonnais pour l'hôpital.

Le combat, il n'y a rien de mieux pour le galvaniser. La contradiction ? Il aime moins, sauf quand il peut frapper fort à son tour. Pour lui, contester un projet, une idée (comme le fait Vierzonitude), c'est être contre la municipalité. Aucun élu ne lui fait de l'ombre. Acte manqué ? Ou acte volontaire. A tel point qu'en 2017, quand il se représente aux législatives, la question se pose, qui lui succédera ? 

Alors qu'il avait promis de se consacrer à son troisième mandat de maire, Nicolas Sansu, à la surprise de tous, décide de se présenter aux législatives de 2022. Il a préparé le terrain, bien avant le premier tour des présidentielles. Il a du nez, c'est ce qu'il l'a mené là où il est. Il prend pour suppléant Yvon Beuchon, le maire de la Chapelle Saint-Ursin, il sait qu'il est faible dans les communes en dehors de la couronne rouge vierzonnaise.

Pari réussi. Le revoilà député. Il ne sera plus maire le 11 juillet, mais juste conseiller municipal, c'est-à-dire qu'il pilote toujours à distance de Vierzon. Il confie la ville à Corinne Ollivier. Pas question de laisser un non-communiste reprendre les bases de ce qu'il a construit. Il n'aime pas l'ombre pour lui-même mais l'adore pour les autres.

Dimanche 9 juin, Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale. Dans la foulée, il s'impose comme le seul rassembleur de la gauche dans la seconde circonscription, son  prochain combat. Devancé au premier tour, il est réélu ce dimanche 7 juillet au soir, député de justesse : 519 voix le séparent du candidat R.N.

A 56 ans, Nicolas Sansu assure ses arrières politiques. Qu'en sera-t-il en 2026 ? En attendant, regardons ce que deviendra l'Assemblée nationale désormais.

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L
La victoire de Mr N.S.était prévisible car Madame la Maire a tout fait pour non?
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C
Alors là : je suis étonné ! Vierzonitude dessinant un portrait flatteur de Nicolas SANSU... Personnellement, je me souviens d'un premier mandat de député obtenu par désistement d'une socialiste passée aux oubliettes, tant de l'Histoire que de son parti, d'un maire recevant un président de la république auquel il cirait les pompes et qu'il aurait bien rejoint si celui-ci lui avait proposé un poste au Gouvernement, même de sous-secrétaire d'Etat, et d'un élu peu amène (et c'est peu dire) avec les forces de police...
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T
Votez Sansu!
V
Nicolas Sansu,candidat officiel de la macronie.<br /> Ouvrez les yeux!
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