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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Non à la politique, oui à la poétique !

Publié par vierzonitude sur 12 Avril 2022, 10:35am


            Je vote donc je suis
Celui sur lequel le politique s'essuie.
            Je vote donc je suis
Le faiseur de fumée qui ramasse la suie.

             Je vote donc je suis
Le citoyen dont l'urne a mordu le gentil.
             Je vote donc je suis 
Le héros du vainqueur qui m'ignore et s'enfuit.

             Je vote donc je suis
Le docile électeur que le devoir grandit.
             Je vote donc je suis
Périmé aussitôt que mon suffrage agit.

             Je vote donc je suis
Le mouton du troupeau au pouvoir amaigri
             Je vote donc je suis
La goutte qui arrose la démocratie.

             Je vote donc je suis
Ce qui me reste à être lorsque l'on m'a tout pris.
             Je vote donc je suis
Le silence qu'on achète pour engraisser le bruit.

Non à la politique, oui à la poétique !

Quand vous aurez le Front à la place des yeux,
A la place de ce qui vous sert de cerveau, 
Quand vous aurez le Front qui remuera la queue
Et les lâches qui lui lècheront le museau,

Quand vous aurez la haine réduite en concentré
Pour saucer les ragouts d'une armée de racistes,
Quand vous aurez la haine en guise de société
Et cet élan de joie cachée dans l'égoïsme,

Quand vous aurez le cul plombé de convictions,
Vissé sur les fauteuils de vos mandats fantasques,
Quand votre entêtement comme seule solution
Soulignera en gras vos erreurs trop flasques,

Quand vous aurez surtout cet immense culot
D'accuser ceux que vous désignerez coupables,
Quand vous regarderez ces têtes de fachos
Avec lesquels vous irez partager la table,

Quand vos grandes leçons n'auront pour seul écho
Que l'inutilité de toutes vos actions,
Quand vous n'aurez pour arme qu'une poignée de mots
Pour tenter de sauver, en vain, vos élections

Quand vous aurez le Front inscrits dans vos rétines,
Et tous les immondices qu'ils traînent derrière eux,
Quand vous aurez le Front qui fera bonne mine
A une armée de glands, à un peuple de gueux,

Quand vous aurez le Front, gravé comme un tatouage
Sur ce qui restera de notre République,
Quand vous aurez brûlé votre peu de courage
A force de ramper dans vos jeux politiques,

Ne venez pas nous dire que vous n'y pouviez rien,
Que les Français ne sont que de pauvres victimes,
Que la caravane passe et qu'on entend les chiens
Hurler comme des hyènes à leur nouveau régime.

Ne venez surtout pas nous donner des leçons,
Vous, les équilibristes du casse-gueule en cascade,
Car vous y gagnez, tous, à installer le Front :
Votre modèle est mort, vos idées sont en rade.

Non à la politique, oui à la poétique !

Par un dimanche soir d'élections ordinaires,
Sort des urnes le bruit d'un cri qu'on jette à terre,
De ce cri fixe et froid, de ce cri lancinant,
Qui fait d'un simple vote un score de vingt pour cent.


Dès lors, tout devient pâle, erratique et figé,
Rien n'est plus douloureux que cette vérité,
Plus forte que les doutes et les suppositions,
Cent ans plus tard, ils montent, encore nombreux, au front...


Ils sont dans le silence, la pire des armées,
Que la démocratie ne peut pas enrayer.
Ils sont du bulletin, une arme redoutable,
Qu'il pose sur la nappe en se mettant à table.


Ils ont hurlé si fort qu'ils ont créé le bruit
Dans lequel se débat la lumière de la nuit.
L'instant de retourner l'envers de l'élection
Et le Rassemblement créa Hénin-Vierzon. 

 

Non à la politique, oui à la poétique !

Quand nous ne serons plus qu'une armée de moutons
Accrochés aux rideaux de nos froids isoloirs,
Quand les loups à poil dur entreront dans Vierzon
Pour vanter les vertus de leurs extrêmes histoires,


Quand les eaux du canal, du moins ce qu'il en reste,
Porteront sur leurs dos, nos troubles digestifs,
A force d'avaler des mots à coups de gestes,
Nous mettrons notre liberté en pendentif.


Quand nous aurons usé tous les mots démocrates,
Tous les verbes sensés nous isoler du bruit,
Quand nous aurons fumé le dernier technocrate
Qui nous faisait payer l'impôt sur notre ennui,


Quand nous serons assis, sur des chaises bancales
A nous remémorer le temps de l'oxygène,
Quand nous aurons chassé le destin du fatal
Et tuer nos derniers chiens qui se mutaient en hyènes,


Quand nous serons enfin l'extrait de ce qu'on fût,
Le mince échantillon de nos propres fantômes,
Quand le goudron du temps lui-même aura fondu
Jusqu'à piller nos yeux à grands coups de glaucomes,


Quand le corps replié sous l'assaut de l'esprit,
Nous ne trouverons plus des choses à nous dire,
Quand le silence enfin boira ce qu'il a pris
Et que nous ne serons que l'invention du pire,


Quand, peut-être en dormant, un rêve plus fou qu'un autre
Prendra la direction qu'on ne lui dicte pas,
Qu'il montera si haut pour voir d'où l'on se vautre
Qu'une conscience du rêve alors s'élèvera,


Quand il aura compris que pour diluer ses peurs
Il n'aura d'autre choix que de désobéir
Refuser pour admettre qu'en apesanteur
Il a le choix de tout, de tout même d'en rire.


Quand nous ne serons plus que de dures fossiles
Empierrés dans les strates d'un souvenir lointain,
Et que nos rêves, ailleurs, battront enfin des cils
Pour faire renaître un monde à qui tout appartient,
Nous nous dirons, bon sang, si j'avais su qu'un jour,
A force d'abîmer notre démocratie,
L'être humain se changea en moutons de toujours
Jusqu'à voter le pire en guise de défi.


 

Non à la politique, oui à la poétique !

J'urne à la lune démocratique
A m'en décrocher le suffrage,
J'urne à la face de pratiques
Comme débarquées d'un autre âge.


J'urne à la lune citoyenne
Il y a tant de mots perdus,
De coups de poings comme des hyènes
Qui tirent sur leur laisse déçue.


J'urne à la lune hémorragique
Il y a du sang dans les voix
Qui refusent d'être amnésiques
En fait comme toutes les fois.


J'urne à la lune électorale
Qu'éclipse une envie d'anarchisme,
J'entends monter le poids des râles
Du tréfond de nos anévrismes.


J'urne à la lune qui s'éteint,
A l'obscurité habituelle
Qui gangrène les lendemains
Des fiers, élus à la truelle.


J'urne à la lune libertaire,
Au foutoir généralisé,
Au coup de pied dans le sphincter
Du grand scandale organisé.


J'urne à la lune qui se lève
Sur la nuit privé du pouvoir
Celui de ceux qui le desservent
En le croyant non provisoire.


J'urne à la lune de raison
Qui brille au-dessus de nos têtes,
Débarrassés des trublions
Qui ne gâcheront plus nos fêtes.

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L
Bravo. Il manque la signature du poète. C'est dommage en effet de le méconnaître ce qui est mon cas. <br /> Je crains pour ma part une insomnie pour cette nuit ...
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