Nous avons reçu ce commentaire de la ville de Vierzon à propos du transfert du marché hebdomadaire du samedi.
"Il n'a jamais été envisagé de transférer tout le marché du samedi sur la nouvelle place, mais seulement d'y remonter les stands des commerçants non-sédentaires actuellement installés sur la place Fernand Micouraud", nous explique-t-on. Cette précision utile rend le projet encore plus... inutile.
"L'objectif est de libérer cette place F. Micouraud pour augmenter le nombre des places de stationnement disponibles à proximité immédiate du marché. Les stands de la place Aristide Briand resteront place Aristide Briand et de toute manière, aucune décision n'est ou ne sera prise sans l'aval des commerçants concernés."
Résumons : pour aller du marché de la place Aristide-Briand au marché de la place Fernand-Micouraud, il suffit de passer sous l'arche du pont (ou de traverser la rue Voltaire) pour y être directement. Or, en ne transférant que le marché de la place Fernand-Micouraud sur la future place Jacques-Brel, on ca carrément déconnecter les deux marchés.
De plus, c'est une fausse-bonne idée que de déménager ce marché plus artisanal place F. Micouraud sur cette place bétonnée Jacques-Brel où les commerçants risque d'y être perdus. S'il faut trouver une utilité à la place Jacques-Brel, il y a sans doute d'excellentes autres idées que de transférer un marché, histoire de changer des habitudes. Il y en a des bien plus mauvaises à qui s'attaquer.
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Pour l'instant, 92 personnes ont répondu au sondage lancé sur Vierzonitude. Et une minorité seulement des sondés (12%) souhaitent que le marché du samedi matin déménage sur la future place Jacques-Brel. C'est dire si le choix de la municipalité ne semble pas soulever les foules. 20% des sondés souhaitent que le matché reste sur ses emplacements et 26% qu'il s'étende sur les places Foch et du Marché au Blé comme avant. Mais surtout, surprise, 42% des sondés souhaitent que le marché fasse l'objet d'un projet de marché couvert sur le site de la Société-Française.
Aussi pour affiner le choix, voici un sondage avec seulement deux questions :
Quand la future place Jacques-Brel sera terminée au printemps, si d'ici là elle ne finit pas sous la vague de béton, la majorité a prévu d'y transférer le marché du samedi. C'est-à-dire, si l'on a bien compris, les marchands qui se trouvent place du Mail et place Fernand-Micouraud. Place Foch, vu ce qui reste, ce sera vite fait... Mais est-ce une bonne idée ? est-ce une si bonne idée que ça que de vider ces deux places, surtout celle du Mail pour justifier la création de la place Jacques-Brel et y trouver une utilité.
Justement, le caractère de ce marché, à ces deux endroits quand il y avait quatre (place du Marché au Blé et place Foch en plus) repose sur ses emplacements, au coeur de la ville. Déménager le marché place Jacques-Brel ce serait une fois de plus, créer des habitudes artificielles quand l'équilibre existe depuis des décennies. Ce serait priver les bistrots de la place du Mail d'une activité importante. Et vider deux places pour en remplir une autre.
Entre la future auberge de jeunesse prévue sur le site de la Française et le marché sur la place Jacques-Brel, n'aurait-on pas mieux à faire, à Vierzon, que de transvaser les choses d'un lieu à l'autre pour faire croire que ça bouche ? On a transvasé les commerces de la rue Joffre avenue de la République avec le succès qu'on connaît. On a transvasé des services d'un bâtiment à un autre, sans que la place laissée vacante ne soit vraiment occupée à nouveau.
Alors, c'est bien joli d'essayer d'impulser une énergie aux choses, ça justifie le coût des travaux par exemple, mais est-ce que c'est porteur ? On l'a dit, l'auberge de jeunesse n'a rien à faire sur le site de la Française. Le marché n'a rien à faire sur la future place. On a laissé celui de la place Foch se dégrader sans lever le petit doigt. S'il faut des changements, en 2019, pour allonger les listes des réalisations pour les élections de 2020, il y a un milliard de choses à faire. Un vrai projet pour le site de la Française, un projet pour l'espace entre la place Péri et la future place Jacques-Brel, un projet pour les places Foch et du Mail, un autre pour le quartier piéton.
Voyez, il y a du pain sur la planche. Oh oui, on entend les voix dire que Vierzonitude est rétrograde, opposer à tout changement. Sauf que chaque changement nous coûte un bras (aux contribuables) et que franchement, le marché de Vierzon fait partie des traditions (si ce mot a encore un sens), pourquoi vouloir changer pour changer.
Et vous qu'en pensez-vous ?
Les marchés sont, à Vierzon, une tradition têtue, un rituel immuable. Ils balisent la semaine, avec leurs rendez-vous qui se comptent sur les deux mains. Les deux plus importants se situent, en centre-ville, le samedi, et dans le quartier de Sellier, le mardi. Le mercredi, le quartier de Villages, jadis commune indépendante jusqu'en 1937, conserve, avec un oeil rivé sur ses traditions, son marché au pied de l'ancienne mairie. C'est l'occasion de se revoir, de discuter et de boire un verre au café tout proche. Là-dessus, les convictions n'ont pas varié. Des marchés, des clients, des habitudes, la pendule hebdomadaire n'est jamais grippé. Les marchés vierzonnais sont installés dans le paysage.
Celui hebdomadaire du samedi, en centre-ville, est millénaire. La charte de l'abbaye de 843 octroie aux moines les revenus de deux foires à la Sainte-Perpétue, la Saint-Pierre et la veille du dimanche. Les différentes places de Vierzon se spécialisent dans la vente de certains produits. Le marché au vin s'enracine rue de l'Etape (inventaire de 1809). Le marché aux porcs s'implante place du tunnel-château avant l'arrivée du chemin de fer. Le beurre et les produits laitiers voisinent place de l'hôtel de ville. Les légumes investissent la rue Maréchal Joffre et les grains, la place du marché au blé. Pour passer d'un marché à un autre, notamment celui de la place de l'Etape à celui de la place du Marché au Blé, les Vierzonnais pouvaient emprunter la rue du Chevrier, dite aussi ruelle du Chevrier, dans la vieille cité.
En 1842, le marché aux grains est l'un des plus considérables du Cher. Les routes de Paris à Toulouse et celles menant à Bourges, Romorantin et Issoudun, accentuent le besoin de commerces. S'ajoutent les activités industrielles de la ville avec les Forges, la navigation sur le Cher et en même temps sur le canal de Berry, les voisins solognots sont autant de clients friands. Sans oublier la population vierzonnaise qui s'accroit au rythme de l'expansion industrielle.
D'ailleurs, la place idoine, baptisée Vaillant-Couturier, résiste encore et toujours. Pour les Vierzonnais, elle reste la place du marché au blé. En 1872, d'ailleurs, elle est agrandie, après la destruction de la rue de la Boucherie. La place du Marché au Blé est d'autant plus emblématique, qu'elle concentre le coeur de la vieille cité médiévale.
Sur de nombreuses cartes postales anciennes, les marchés de Vierzon s'étalent d'une manière élégante et hétéroclite. Place du Mail, en ville, on voit de vieilles dames vendre le contenu de leurs paniers. Les quartiers de la ville vivent, d'une façon dépendante, au rythme des marchés. Pour la petite histoire, l'administration révolutionnaire en créé un nouveau, le dimanche devant... le parvis de l'église Notre-Dame, abandonné seulement en 1872, à la suite de nombreuses plaintes des desservants de l'édifice religieux. La cohabitation est vue d'un très mauvais oeil.
Aujourd'hui, le marché du centre-ville maintient une tradition très ancienne. Et malgré son dynamisme, le territoire qu'il occupe ne cesse de se rétrécir. Chaque semaine, les premiers arrivants s'installent à partir de 3h30. Sur la place de l'intendance, près de la mairie, on y trouve les producteurs locaux de fromages, beurre, oeufs, vins, bouchers, rôtisseurs. La place Aristide-Briant se hérisse de maraîchers, poissonniers, fleuristes et la place Foch se couvre du non-alimentaire, principalement des vêtements. Paradoxalement, la place du marché au Blé finit par abandonner son commerce ambulant.
Dans les années 1980, le marché du samedi s'y étend encore. Les Vierzonnais grimpent ainsi la rue Maréchal Joffre pour s'y rendre. Peine perdue. Les marchands font de moins en moins d'affaires et la place du Marché au Blé quitte le périmètre du marché hebdomadaire. Au grand dam des commerçants du quartier. Aujourd'hui, le marché est une valeur sûre mais, à l'oeil, on constate que les activités évoluent.
Au regard de l'animation engendrée par les marchés traditionnels, certains quartiers tentent l'aventure, avec plus ou moins de bonheur. Etape nouvelle, les nouveaux quartiers nés des cités construites à la verticale de la fin des années 1950 jusqu'aux années 1970, se lancent également dans l'organisation de marché. Celui du Clos-du-Roy, par exemple, devient très vite renommé. Il se déroule le dimanche matin et rompt avec la tradition dans la nature des activités ambulantes qu'il offre. Il préfigure le marché de Sellier, implanté chaque mardi matin. Son exotisme en fait sa réputation jusqu'à le hisser derrière celui du centre-ville. Une vaste place lui est dédié.
Place Marceau (place des Radis), une poignée de commerçants fidèles s'accrochent à leurs clients. Et inversement. Le quartier de Bourgneuf a essayé, à son tour, d'implanter un marché. Même chose dans le quartier de Chaillot, en vain. Celui de Villages est amoureusement entretenu. Dans les anées 1990, difficile de laisser vide la place du Marché au Blé. Depuis, chaque jeudi, quelques commerçants s'y retrouvent encore. Mais loin, très loin du faste qu'elle connut jadis.
Et un marché couvert ? Le projet, du moins l'idée, est l'Arlésienne qui court les allées. Certains y sont favorables, d'autres franchement opposés. Faut-il instituer un marché couvert quotidien ? Ou seulement hebdomadaire ? Et si oui, à quel endroit ? Régulièrement, la question traverse l'actualité. Régulièrement, elle ne trouve aucune réponse. D'abord parce que Vierzon ne compte pas de Halles comme Bourges par exemple, entre celle de Saint-Bonnet et celle au blé.
Toutefois, lorsque la société Case a fermé ses portes en centre-ville, la haute et métallique architecture a donné des idées : et si l'on créait un marché couvert à cet endroit ? Récemment, le vide de l'ancien bâtiment des Nouvelles-Galeries, en centre-ville, a réactivé les appétits. Sans démolir tout à fait le bâtiment ne pourrait-on pas y créer des halles ? Le septicisme est pesant. Surtout, une fragilité relative entoure l'activité des marchés qui parviennent à résister aux assauts de la concurrence de toutes sortes. Alors, une halle couverte ne risquerait-elle pas de déséquilibrer le bel ensemble ? Une raison essentielle de l'absence de marché couvert. Un juste ralliement à la raison.