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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

Publié par vierzonitude sur 6 Novembre 2020, 17:47pm

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

En fait, non. Ce n'était pas vrai. En fait, non, il n'y a pas de nouveau monde, pas de nouveau départ, pas de nouvelle vie à l'aune de l'épidémie, il n'y a pas de rideau ouvert sur un autre champ, il n'y a que les erreurs d'avant au goût d'aujourd'hui. En fait, non. La chape de plomb sur nos épaules en mars et avril, la dureté de l'enclume en mai, l'espoir froissé en juin, l'exubérance inconsciente de juillet et août, les sombres perspectives de septembre et la dure réalité d'octobre n'auront donc aucune cause.

Rien ne sera comme avant mais rien n'est pour autant nouveau non plus. Le consumérisme est aussi radical que certains fous de dieu. La grande distribution suce jusqu'au dernier sang ce qui reste de proximité commerciale. Le papier toilette est hissé au rang de matière essentielle. On ne comprend plus rien dans les décisions. En fait, non.

Certains qui criaient à l'entrave des libertés parce que ceux qui ne pensent comme pas eux le préconisaient demandent maintenant un confinement plus strict parce que qui ne pensent pas comme eux ne l'ont pas décidé ainsi. Les politiques sont comme la grande distribution, ils espèrent faire fructifier leur petit commerce. Confinons les politiques, cette denrée qui devient de moins en essentielle. Car au fur et à mesure que nous perdons nos repères, les pêcheurs de voix tendent leurs filets dans la mare au canard. C'est tellement désespérant qu'on finit par en rire. 

En fait, non. Il n'y a aucune perspective joyeuse qui se dessine. Parce que les crétins en puissance, les nazes en troupeaux, les imbéciles en procession (pour plagier Jean Ferrat) et les ignares en grappes, se vautrent dans leurs mêmes obsessions imbéciles. Rien ne changera tant que personne ne changera, tant que nous aurons les mêmes décideurs empierrés dans leur statut d'intouchable. La solidarité est une valeur qui est comme la liberté d'expression, en danger. La décence, ce serait que les porte-voix de la médiocrité politique se mettent en pause et au lieu de dire "ah, si j'avais été aux manettes", qu'ils cousent des surblouses, ce sera plus utile.

Il sera temps, quand on sortira de cet entonnoir, de clouer le bec de tous ces profiteurs de malheur. Ce n'est pas un nouveau monde qu'il nous faudra, mais une nouvelle façon de faire de la politique. Il faudra mettre aux clous ces vieux appareils rouillés et dépassés où leur parole est dépréciée. Où leurs mots trop nombreux n'ont plus aucun pouvoir de persuasion.

Si le politique tait plus persuasif, s'il faisait rêver, qui ne le suivrait pas ? En fait, non. Personne n'a compris. Personne n'a saisi l'intérêt du collectif car le collectif, c'est nous. C'est nous qui votons, qui avec nos voix, engraissons des partis qui vivent sur la bête alors que nous demandons un retour sur investissement, avec des élus responsables, éclairés. Il y a urgence à transgresser l'ordre des choses, à dépasser de notre plein gré la construction trop étanche que les politiques ont érigé autour d'eux.

Ne les écoutons plus. Ne votons plus. N'accordons plus aucun crédit à ce qu'ils croient être des vérités et qui ne sont que des postillons contaminants. En colère ? Ah non, pas du tout. Mais les promoteurs d'un monde nouveau, droite gauche, extrême droite, extrême gauche, centre, tous ces racle gamelles encravatés qui bavent chaque matin sur la housse des micros, n'ont pas la moindre clairvoyance à l'égard de celles et ceux dont ils veulent prendre la tête, c'est-à-dire nous. Bouchons nous les oreilles. Leurs discours sont toxiques. L'avenir est en dehors de leurs intérêts. Coupons leur les crédits.

 

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

J 5 : Le livre est l'essence ciel....

Si l’on fumait les livres, il y a bien longtemps,
Qu’on ferait du tabac à la littérature,
Puis des polars sans filtre, du papier à romans,
Des allumettes pour effacer les ratures.

Une fumée légère monterait les étages
Et nous la suivrions tout en fermant les yeux.
Le goudron serait l’encre qui coulerait des pages
Nos poumons ne pourraient que s’en porter bien mieux.

Les manuscrits seraient le gratin des cigares,
Les poèmes légers, des produits illicites,
Vendus sous le manteau comme des choses rares
Que l’on consommerait sans aucune limite.

Aux lecteurs assidus, des fumeurs anarchistes
Prendraient gaiement leur place dans des ronds de vapeur,
Sous couvert de nuage, précédemment trop triste,
La lumière des mots éteindrait toutes peurs.

Dans la rue, les mégots des trophées littéraires
Joncheraient les pavés soustraits du superflu,
Il n’y aurait plus qu’à se baisser sans se taire
Pour se coller aux lèvres, une sèche de vertu.

Toutes les librairies auraient une carotte
Rouge pour indiquer le taux de nicotine
D’une fiction craquante comme une biscotte
Ou d’un essai roulé d’une main clandestine.

Si l’on fumait les livres, nous aurions à la bouche
Cette odeur du certain et de l’inaliénable.
Nous aurions des bouquins rangés dans des cartouches
Et nous crapoterions des trésors délectables.

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

J 3 : le mouvement n'est pas mort. Dehors, rien n'est figé comme la première fois. La sidération, l'excitation même du mois de mars ont été remplacées par une forme de résistance intellectuelle sur différents sujets, le commerce de proximité en fait partie, mais d'autres animent la communauté confinée.

Ainsi occupés, les cerveaux ne fermentent plus dans leur propre jus noir et, bien qu'impuissantes face aux réalités virologiques, nos idées peuvent être propulsées ailleurs, dans des combats à distance, dans des révoltes intérieures qui nourrissent une colère froide contre la fatalité, contre les mesures sanitaires, contre la nuit qui arrive trop tôt, contre nos gestes que l'on doit contenir. A force de vivre à distance des autres, la peur de vivre à distance de soi nous fait nous retourner contre tout ce qui concourt à entraver nos mouvements. Mais le mouvement n'est pas mort.

Le hasard étant la chose la mieux maîtrisée du monde, voilà que la toute première version manuscrite du roman d'Albert Camus, La Peste, rédigée en 1942, vient de sortir en librairie. Enfin, via le click and collect parce que les librairies n'étant pas essentielles à la survie d'une nation, non seulement elles sont fermées au public mais les livres sont interdits à la vente ailleurs, sauf dans les librairies qui vendent des journaux ou du tabac ou continuent la vente via internet ou en drive. La résistance s'organise contre le désert culturel.

Albert Camus écrit dans La Peste, un sentiment vertigineux que l'on observe en mettant le nez dehors : il y a des voitures, des gens, des vitrines éclairées.  Mais, "ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux." Fatalement, cette phrase résonne d'un sens inouï à l'heure où le Covid 19 se répand à la vitesse de la lumière, à l'heure aussi où, aux privations de liberté pour raisons sanitaires, il nous faudrait aussi s'asseoir sur nos libertés de s'exprimer parce que les fléaux de l'intolérance, de la radicalité, de la violence et de la connerie universelle se répandent aussi à vitesse grand V. Au premier jour de la semaine de confinement qi voit le retour des élèves, collégiens et lycées dans leurs bahuts, sonne aussi un hommage au professeur assassiné, Samuel Paty. Il y a bien deux fléaux parallèles et nous sommes en plein dedans.

Non seulement, il faudrait porter un masque contre un virus, mais aussi un bâillon sur la tronche, comme le chante Léo Ferré, des fers à nos stylos, des cadenas à nos dessins. Voilà que, petit à petit, l'armure de la liberté d'expression se fissure devant la paresse intellectuelle de lutter contre toute atteinte à un recul de nos libertés. Mettons autant de dynamisme à combattre l'obscurantisme que l'on en met à combattre le virus. C'est si facile de demander de ne rien faire pour éviter les tensions. Mais elles viennent d'où toutes ces tensions ? De l'intolérance de certains qui placent leurs idéaux au-dessus de tout et ne supportent pas que d'autres, qui ne les partagent pas, s'en moquent, les caricaturent, en rigolent. 

Dehors, le mouvement continue d'exister dans ce confinement à la carte. Mais dans les esprits ? Le mouvement des idées peut-il continuer à circuler librement ? Non, car comme le dit Camus, "personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux." Et le simple fait, en écrivant, en dessinant, de se dire qu'il pourrait y avoir des conséquences, hormis judiciaires, si on écrit et si on dessine ce qu'on pense, que déjà, le mouvement se ralentit et se condamne à se figer. En mars, un seul fléau véritable occupait nos préoccupations. Aujourd'hui, le fléau du radicalisme et ses conséquences meurtrières pèsent plus que la menace du virus.

Car on se dit qu'un vaccin arrivera bien un jour; Que nous serons immunisés contre cette souche-là. Qu'il faudra être prudent, que nos relations sociales revêtiront un autre caractère. Les humains savent d'adapter tout en évoluant. Mais ce fléau qui grignote nos têtes, qui nous fait douter, qui remet en question notre liberté individuelle, ce fléau-là, aucun vaccin n'en viendra à bout. C'est ce qui différencie le confinement de mars à celui de novembre : la colère nous amidonne. 

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

J 2 : une chose est sûre, la fronde n'est pas confinée. Les commerçants sont vent debout contre la décision de fermer leurs boutiques au bénéfice de la grande distribution. On arrive, à Vierzon, à des décisions étranges, les rayons livre de la grande distribution sont interdits à la vente. Du coup, si les librairies sont fermées et que l'on ne peut pas trouver un bouquin nulle part, que vont faire les lecteurs ? Se tourner sur des sites qui vampirisent déjà le commerce du livre. Encore une histoire de papier sauf que l'on pourrait être plus vite en pénurie de livre qu'ne pénurie de papier toilette ! Drôle de confinement.

Si douze millions d'élèves,  des millions de parents, 800.000 profs se déversent dans les rues et si les commerces rouvrent, ça ne s'appelle plus tellement un confinement mais une vie normale. C'est en cela que c'est un étrange reconfinement, avec des décisions dont on sent nettement l'impréparation. En fait, hormis l'obligation stricte de télétravailler pour ceux qui le peuvent, il règne un parfum de... comment dire, indéterminé, une forme informe qui ne ressemble ni à un emprisonnement, ni à une vraie liberté. On ne sait pas trop comment se placer.

Du moins, c'est comme si l'on ne croyait pas vraiment à la nocivité du virus, comme si, la question de la santé n'était pas sérieuse. Quand le confinement acte 1 a été annoncé, personne n'a moufté. Mais à l'acte 2, la légitimité de lutter contre ce virus a fondu comme neige au soleil des considérations diverses et variées. Pas tant celle de la liberté individuelle bafouée par le port du masque ou l'obligation d'une attestation. Mais par la survie, simplement, du commerce de proximité. les uns sont mobilisés pour la survie toute simple des autres. D'autres sont mobilisés pour la survie de leurs enseignes et indirectement de la leur.

C'est en cela, que dans les têtes, la lutte contre le virus ne semble pas une priorité. D'ailleurs, la solidarité passive des citoyens envers le personnel soignant ne semble plus non plus une chose acquise. Plusieurs mondes étanches se côtoient : celui de la santé, celui de l'économie, celui des gens. Et ils ne se croisent plus vraiment. Chacun pour soi, en quelque sorte. C'est aussi pour cette raison que le confinement acte 2 place au premier plan des priorités différentes du premier acte. Le sentiment d'isolement est absent car de nombreux pans de la société (entreprises, écoles, certains commerces) fonctionnent normalement. Un pied dedans, un pied dehors. 

Ce qui ne réserve rien de bon. Car si le confinement version 2 ne donne pas satisfaction, ce sera un confinement plus dur à supporter, dans la deuxième quinzaine et peut-être en décembre. En revanche, les anti-masques sont silencieux, tout comme ceux qui revendiquent une protection de leurs libertés individuelles liées aux mesures sanitaires. L'avantage c'est qu'avec le masque, ils peuvent encore parler et dire ce qu'ils veulent quand des forces obscures et, bien de chez nous, comme l'Archevêque de Toulouse qui veut nous mettre au pas. Chacun ses combats. Ici, on préfère le masque au baillon.

 

 

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

Jour J : au premier coup d'œil, comme ça, dans les rues, le tourbillon des voitures n'a pas le goût du confinement de mars. Tout au plus, un gros dimanche, avec ses boutiques fermées. Mais c'est la sensation, dans l'air, qui aigrit l'atmosphère. Plus un bistrot ouvert. Plus un restaurant accueillant. Dans la liste des commerces qui ont le droit d'ouvrir, une certaine incohérence donne des maux d'estomac : dans ce pays, le magasin de bricolage est plus essentiel qu'une librairie.

Allez comprendre le sens des décisions qui nous gouvernent. Mais, toute contestation bue, nous voilà revenus aux heures de mars, d'avril et mai, dans ce concert ébouriffé de gens abasourdis pour certains, heureux pour d'autres de se lover dans un confinement hivernal. 

On sent toutefois que l'expérience acquise lors du précédent confinement nous a fait entrer de plain-pied dans le nouveau contexte sanitaire avec moins d'innocence et d'euphorie. La préparation a été aussi rapide que violente et l'attentat, à Nice, qui a fait trois morts, a relégué au second plan l'enfermement programmé. Aurait-on appris à relativiser ? Non, parce que les chasseurs de papier-toilette et les entasseurs de nouilles sont à nouveau apparus dans le paysage urbain. Nul doute que leurs craintes, leurs angoisses, leurs peurs, sont à leur hauteur. Car à force d'entendre qu'il faut adopter des lois de guerre, qui dit guerre, dit sucre, farine, et P.Q. La boucle est bouclée. 

Bouclée comme notre quotidien qui, entre sécurité renforcée contre le terrorisme et sécurité renforcée contre le virus nous donne l'impression que ces deux ennemis se sont ligués pour nous anéantir. La preuve : il n'y a aucune efficacité aussi bien contre l'un que contre l'autre. C'est désespérant. Mais, ce matin, nous avons retrouvé l'attestation, comme on retrouve un vieux copain au comptoir, une image désormais rêvée puisque la réalité l'a avalé.

L'attestation, quel mal-plaisir de la revoir. Toutefois, ce sentiment de déjà-vu a un petit côté rassurant. Sauf qu'il y en a trois à remplir désormais, ça commence à devenir très administratif ce re-confinement. Toutefois, personne ne s'est encore trop précipité sur la production de tuto pour réaliser des confitures sans fruits, du sport sans peiner et des chansons sans chanter. Pour l'instant, on n'est pas mal. Mais ça ne va pas durer.

Aux uns le travail classique, aux autres le télétravail, cet étrange mélange de chez soi en étant chez les autres. On a pu revoir, avec une certaine appréhension, la mosaïque de ses collègues sur fond d'écran, pour la messe de la visioconférence. Là encore, l'habitude a effacé les cafouillages de mars. Mais les relents de frustration sont bien remontées à la surface, comme la bile au coin des lèvres. Pendant un mois, au moins, il va falloir se plier aux génuflexions des visioconférences devenues des rendez-vous sacrés, et qui se multiplient comme des petits pains.

Heureusement que le soleil perce la carapace de ce jour de plomb dont la perspective de la Toussaint agrémente d'une pierre tombale. Non, il n'y a pas à dire, en matière de fond du trou, ce Jour J inaugure un record. Est-ce que placé la barre si haute nous exonérera de grimper encore plus haut dans les maux d'estomac et les angoisses qui, on le sent bien, n'étaient qu'endormies. Et se sont réveillées, comme l'usage des conférences à distance, avec une rapidité phénoménale. En ce premier jour de rentrée de confinement, il y a, au creux des ventres, cette boule déjà grosse. Il va en falloir de la chronique pour la faire diminuer en la frottant à l'écriture qui, heureusement, n'a pas besoin de masque. Le virus n'aime pas les mots écrits. Ce n'est même pas sa faiblesse. Comme le terrorisme. On peut toujours parler, rien ne changera.

Re-chronique d'un re-étrange re-confinement : confinons la parole des politiques !

H - 10 heures. Souvenez-vous, on s'était quitté le 2 mai sur les derniers mots de cette Chronique d'un étrange enfermement : "Rien n'est donc fini. Tout commence d'une autre façon." Bon sang, le sens de cette phrase prend toute la place et un sale goût de prémonition me remonte aux lèvres. Tout recommence d'une autre façon, avec, à la différence du 15 mars où, au soir des élections municipales, nous savions que nous ne reviendrons pas de sitôt sur notre lieu de travail, il y a les cicatrices, les angoisses, les gouffres, le vide qui se sont ouverts à nouveau sous mes pieds. Et la peur.

Non pas la peur du virus lui-même, de le contracter, d'en souffrir, d'en mourir peut-être, non la peur d'être à nouveau la proie de soi-même, comme si, mes propres dents mordaient ma propre chair. Comment invoquez la légèreté dans un enfermement volontaire ? Comment soudez l'optimisme à son âme quand la réédition d'un épisode subit et douloureux vous revient en pleine face ?

Certes, le confinement possède de nouvelles règles, moins strictes que le premier. Mais ces névroses endormies, ces angoisses lovées dans nos crevasses intimes, ont été subitement réveillées, secouées, les yeux endoloris et la bouche sèche. Le simple fait d'imaginer à nouveau les visio-conférences me serrent la gorge comme si deux mains s'en donnaient à cœur joie. Ce n'est pas la privation de liberté qui est le plus difficilement envisageable, c'est l'inconfort de ses palliatifs.

Et tout ce qui remplace le bonheur d'une relation sociale. Je vais prendre la machine à café en photo et la mettre en écran de veille sur mon portable. On ne sait jamais. Et au lieu d'amasser du papier-toilette comme si le virus était une gastro espagnole, je vais faire des réserves des autres, de cris, de paroles, de rires. On ne sait jamais si demain, on devait m'enchaîner au radiateur du télétravail, sans autre choix que de me replier sur moi-même. Je vais peut-être même enregistrer mes collègues, des conversations sur tous le sujets possibles, les mettre en bocaux pour les rouvrir plus tard, au cas où l'on m'aliénerait au télétravail.

Il n'en va pas que de la santé chimiquement liée au virus, il en va de la santé mentale, de cet hiver profond qui va m'envelopper, de ce flottement autour de mon propre silence, des habitudes perdues qui balisent chaque instant. Comme un couperet, on sent bien que la solution de facilité va tomber au détriment du bien-être de chacun. Je vais absorber le plus possible de collectif, de brouhaha, du café qui coule dans le gobelet, de ce fond diffus comme un chant, de cet exorcisme contre la solitude de soi.

Replonger dans ce bain de non-foule, c'est ressentir l'innommable détresse  de sa propre impuissance à vaincre ses carences. L'isolement est sans doute la meilleure solution contre le virus, mais il est redoutable de nocivité pour les corps qu'il faut mettre à l'abri. H - 10 heures avant le couperet, et déjà des raideurs se ressentent dans le cou, dans la nuque. Déjà, un sentiment de clandestinité mord au ventre. Il n'y a pas de sourires sur les visages. Normal, les masques les avalent.

Alors, l'espoir peut faire vivre. Dehors, il y aura du mouvement, plus qu'au premier confinement, mais sera-ce suffisant à alimenter la dynamo ? "Rien n'est donc fini. Tout commence d'une autre façon." Et justement, à la lumière de ce qui nous attend, aux ombres qui m'ont peu à peu avalé pour me recracher, à ces mots dans le désert, à ces paroles qui n'arrivaient pas à flotter à la surface des jours, la peur creuse son trou. Il y aura forcément, compte tenu de la saison, trop de nuit pour se rassurer. Ce dernier jour de liquidation des stocks d'une vie normale, sera aussi celui où un malade décide de tuer trois personnes à Nice dans un lieu de culte. Putain, pourquoi ai-je fini ma dernière chronique sur "Tout commence d'une autre façon." D'une autre façon....

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