Ira, ira pas ? Tête de liste, pas tête de liste ? Fatigué, pas fatigué ? République en Marche, pas République en marche ? Info ou intox ? Le reportage, plutôt la caisse de résonance que France 3 offre au maire de Vierzon, souffle à la fois le chaud et le froid.
Difficile d’ignorer que chaque mot prononcé l’est dans un micro, qui ne se cache pas. Difficile d’ignorer aussi que chaque posture l’est face à une caméra qui ne se cache pas non plus. Naturel assumé ou tactique politicienne ? En regardant ce reportage, on se dit que le maire de Vierzon semble préparer ses troupes à un changement radical : des camarades contraints de se marier avec l’ennemi (La République en Marche) pour survivre, des camarades contraints de voir le maire de Vierzon laisser sa place de premier de la liste à une syndicaliste de l’hôpital (juste la tête de liste ou la place de maire ?), un président de communauté de communes qui passe la pommade comme au premier jour dans un simili tête-à-tête avec la caméra, et qui se fait doucher. L’accointance entre le P.C et LREM est-elle une posture, une intox comme le fait entendre la députée Modem ?
Et que penser de ce chef d’entreprise de droite d’un seul coup cajolé par les anti-capitalistes vierzonnais qui auraient alors retourné leur veste idéologique et politique ? Que penser aussi de cette pseudo-concertation, face caméra, consistant à demander aux uns et aux autres, si finalement, une syndicaliste n’aurait pas mieux sa place en tête de la liste qu’un politique professionnel ?
Il est certain que les régionales perdus (- 5%), les législatives perdues, les résultats des Européennes, la montée de plus en plus haute de l’extrême-droite à Vierzon, peuvent faire réfléchir. Est-ce une raison pour griffer les électeurs qui, entend-on, votent avec leurs pieds ? On imagine que les pro-maires de Vierzon reconnaîtront dans ce reportage, un exercice de vérité sans filet, un portrait non dénaturée par la présence d’une caméra.
Est-ce le maire tel qu’en lui-même ou un personnage joué jusqu’à cette façon de faire croire que cette fois-ci, contrairement à 2008 et 2014, la majorité risque de ne pas passer ou du moins trop juste ou du moins, sans l’apport d’une autre force politique ? Les détracteurs auront tout loisir de buter sur des phrases, des commentaires, des attitudes. Ce qu’on aurait aimé savoir, savoir et comprendre, si ces 51 minutes d’auto-promotion, ont une arrière-pensée. Difficile de croire le contraire lorsque le doute d’une candidature, dans le reportage, est battu en brèche par une démarche de candidature dans la réalité….
Le documentaire “Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir un maire communiste” sera diffusé le lundi 18 novembre à 23 heures, sur France 3. Il consacre 51 minutes à Nicolas Sansu, maire de Vierzon, depuis 2008. La question transversale de ce documentaire est simple : y retourne-t-il ou pas ? “J’arrête, dit-il au début du reportage. Je ne sais pas si ça va me manquer.” Plus loin, il explique ne pas avoir envie d’y aller, “c’est le bordel, ça va être tendu sur Vierzon. Je suis fatigué.”
Sa “super mauvaise expérience aux régionales" (battu avec moins de 5% des voix) l’a refroidi, semble-t-il. Lors des élections européennes, mêmes doutes. Il explique vouloir réfléchir à ce qu’il faudra faire pour rassembler et élargir.
Lui ou quelqu’un d’autre ? Lui sur la liste c’est sûr, premier ou deuxième ? La première serait une femme syndicaliste, issue du mouvement de l’hôpital…
Un face-à-face Nicolas Sansu/François Dumon (président de la communauté de communes) souffle le chaud et le froid. “Le meilleur c’était toi” lui dit François Dumon. “Nous avons encore les lunettes des années 80. Les gens veulent changer”, rétorque le maire. “On est à côté de la plaque”.
Le maire de Vierzon souligne qu’il n’ira pas dans ces conditions-là. Il lâche réfléchir, pourquoi pas, à l’investiture de la République en Marche. “Investiture ou pas ? Les communistes vont hurler mais nous ne sommes pas en 2008.” Du coup, il lâche être “Macron-compatible” et s’interroge : “est-ce qu’on va jusque là ?” Plus loin, il avance deux solutions : être sur la liste c’est clair, mais sans doute “casser les codes”. Il reconnaît aussi que "les conditions de 2014 ne sont pas réunies, que ce n’est pas la même élection.” Sincérité au bout de deux mandats ou stratégie politique destinée à préparer les troupes à une alliance peut-être historique entre “ceux qui voulaient fermer l’hôpital et ceux qui voulaient qu’il reste ouvert.”