Un matin du mois d’août, sous le pont de Toulouse,
Le long chemin de fer ne mène nulle part.
Car entre chaque rail une longue pelouse,
Déroule son tapis comme un rendez-vous d’art.
Les rivets de l’ouvrage, grippés d’indifférence,
Pleurent des larmes de limailles de métal,
Les poutrelles sont arrivées à échéance,
Percées jusqu’en leur cœur par un dédain létal.
Les couleurs ont laissé leur éclat au vestiaire,
On voit poindre sous la croûte des mauvais jours,
La tristesse sans fin des blafardes cornières
Qui semblent harassées par un puissant labour.
Pourtant qu’elle ne fut pas la fierté de l’homme
D’avoir su assembler ces morceaux de prouesse
Pour enjamber d’un bond, comme un grand coup de gomme
Tout un faisceau de voies dressées en forteresse.
Il n’a jamais cillé, les montants toujours forts,
Suspendus aux raisons de la modernité,
Sorti tout droit d’un temps où le goût de l’effort
Laissait dans les chairs le prix des difficultés.
Un matin du mois d’août, le fier pont de Toulouse
A voulu juste un peu se rappeler aux autres,
Dire qu’il existait sans colère jalouse,
Réaffirmer qu’il est surtout un peu le nôtre,
Alors, il a laissé son imagination
Courir sur le chemin des trains qui le chatouille,
Pour dire qu’il mérite un peu plus d’attention
Que cette carapace qui le couvre de rouille.
Depuis le temps qu’il œuvre au passage de tous,
Depuis qu’on l’a repeint d’un style tapageur,
Il n’attend pas qu’on l’emballe dans une housse,
Mais juste de reprendre quelques nobles couleurs.
A côté de tout ce qu'il y a à faire, la rénovation du pont de Toulouse parait anecdotique. Et pourtant. Ce pont-là méritait bien un coup de peinture. Le dernier remonte au milieu des années 1980 quand la Maison de la culture de Bourges a décrété d'en faire une oeuvre d'art.
Mais, même le projet n'a jamais été vraiment discuté. On s'est posé la question de savoir à qui appartient le pont de Toulouse (ville, Etat, département, SNCF...) ben oui pour savoir qui paye. Quelqu'un a même avancé un prix : 500.000 euros. Une chose est sûre : il ne faudra pas que les candidats aux municipales oublient de mettre le pont de Toulouse dans les choses à faire ces prochaines années.
Le pont de Toulouse mériterait plus qu'un coup de pinceau. décrété oeuvre d'art au milieu des années 1980 (repeint par une artiste avec la complicité de la Maison de la culture de Bourges), les couleurs sont défraîchies mais surtout, les poutrelles métalliques sont rouillées. Ainsi, le pont est moche. Alors, une bonne rénovation s'impose mais ça risque de coûter un bras (500.000 euros selon les chiffres qui circulent) et surtout qui paient ? La ville ? La communauté de communes ? Le département ? La Maison de la culture de Bourges ? La SNCF ? La région ? L'Etat ? On aura répondu à cette question que le pont de Toulouse aura fait comme le Titanic, il se sera dissout ! Et dissout, c'est pas cher...