Avec un impeccable sérieux, nous lisons dans la presse locale les premiers résultats d'une concertation qui veut dessiner Vierzon en 2030 et nous invite à laisser de la place à l'utopie. Pourquoi pas. On invoque cette utopie, pour débrider l'imagination vierzonnaise. Mais quand on constate, dans notre bonne vieille ville, que des idées élémentaires ne parviennent pas à franchir le cap de ceux qui pourraient les mettre en oeuvre, on doute que l'utopie suffise à sauver la ville de ses propres travers. On ne va toutes les citer, ça prendrait trop de temps.
En fait, on essaie de faire du neuf avec du vieux. Rien que cette déclaration d'un des animateurs, en dit long sur ce fameux travers vierzonnais : "nous avons travaillé en toute indépendance". Ah bon, ce n'est pas toujours le cas ? Voilà nitre problème à Vierzon, les décisions qui sont prises le sont toujours en fonction d'une logique politique qui met un couvercle sur cette ville depuis des décennies.
Mais là, oui, nous assure-t-on, "en toute indépendance", nous sommes saufs. "On ne s'est pas donné de limites pour défier des prévisions démographiques qui étaient déjà fausses il y a trente ans !" Bien avant même. Un maire vierzonnais annonçait une expansion démographique de mille habitants supplémentaires par an, un maire dont se réclame aujourd'hui l'actuelle majorité... Le pire, c'est que l'urbanisme de cette ville a été pensée en fonction de cette prévision...
Faire du neuf avec les mêmes. C'est le challenge. Héritiers directs ou acteurs du passé toujours dans le présent (40 ans pour certains), il est difficile de croire que, sans bonnes idées il y vingt ou trente ans, les mêmes en aient d'un seul coup en 2018 pour 2030. Et qu'a-t-on comme bonne-mauvaise idée ? Rouvrir le canal. Le Yéti vierzonnais, le monstre du Loch Ness berrichon... L'amuse-gueule de l'utopie. Résumons : on le bouche en 1968 et les héritiers du maître de cet ouvrage ont l'idée de le rouvrir en 2018. Faire et défaire, après c'est travailler.
On veut bien croire qu'il en sortira quelque chose "en toute indépendance", mais quand on voit à quel point, la politique a voulu infuser un simple projet de musée, quand on voit à quel point le passé vierzonnais est boycotté au détriment de choses plus artificielles, quand on voit que de simples idées sont soumises au bon vouloir d'une ligne politique, on se dit que, l'avantage de Vierzon 2030, c'est de faire prendre l'air aux idées. Et que si on ne les retrouve pas chez nous, on ira voir chez les autres...