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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Vierzon et son eau précieuse

Publié par vierzonitude sur 19 Juillet 2023, 09:55am

Vierzon trempe ses pieds dans l'eau. D'une façon hautement agréable comme franchement désagréable, à cause des crues. l'actuelle sécheresse rappelle combien l'eau est précieuse à Vierzon. L'état du cabal de Berry, notamment avant le quai du bassin nous rappelle aussi la fragilité de cet ouvrage. Mais surtout, Vierzon a toujours vécu de l'eau, l'Yèvre, le Cher, Bellon et ses premiers hommes préhistoriques installés près du cour d'eau, les légendes etc. Nous vous racontons tout cela.

Agréable, parce que Vierzon, pays des cinq rivières... (1) possède cinq doigts d'eau : l'Yèvre, le Cher, le Barangeon, l'Arnon et le canal de Berry. C’est d’ailleurs pourquoi la communauté de communes regroupant Vierzon, Thénioux et Méry-sur-Cher porte le nom de « pays des cinq rivières ». Autant dire que les pêcheurs et les promeneurs ont de quoi se régaler.

Désagréable parce que l'omniprésence des rivières rappelle, chaque année, que les eaux gonflées par les crues demeurent chez elles coûte que coûte. Et si la ville n'a pas connu de crue majeure depuis 1977, périodiquement, on ne peut s'empêcher de serrer les dents à chaque alerte, l'oeil collé à l'échelle des crues, sur le pont près de l'Ile Saint-Esprit. L'île... Il y a de quoi rêver à Vierzon ! Le mot évidemment appelle la présence de l'eau. Ce qui est valable pour l'île Marie également. Lorsque les eaux sont trop généreuses, l'île est coupée du monde... Mais du monde, il n'y en a plus sur l'île Marie depuis plusieurs décennies : une vieille dame y logeait encore avec ses moutons, évacuée lorsque la crue menaçait trop, dans le bateau des pompiers.

L'eau n'a jamais manqué à Vierzon et c'est grâce à la rivière que les hommes préhistoriques ont taillé à Bellon, au sud du Cher. A l'autre bout du temps, Bellon est tranquillement devenue une plage courue, sur le Cher, dans les premières décennies du XXème siècle, à l'ombre du camping municipal.

Au fil des eaux

L'Yèvre et le Cher composent surtout la notoriété aquatique de la ville auquel s'associe en 1830, le canal de Berry, creusé deux ans plus tôt afin de faciliter les échanges commerciaux entre les vallées du Rhône et de la Loire. La navigation, à Vierzon, est une vieille habitude datant au moins de 1566. La décision remonte à 1484. Les Etats généraux à Tours décident de relier le Cher à l'Allier, via l'Yèvre notamment, en aménageant la rivière. Du côté de Bourges, la ville voisine, cette décision est très bien accueillie par les marchands. Ils pensent ainsi écouler facilement leurs draperies, eaux et huiles de noix. Le business au fil de l'eau est lancé. Déjà, à Vierzon, l'Yèvre offre son courant aux moulins que les meuniers exploitent avec des barrages. Une taxe prélevée sur le sel de Vierzon permet, en 1513, de construire treize ponts sur l'Yèvre dont les travaux, en 1565, ne sont toujours pas achevés... Des moulins à bled, à écorce, des tanneries, un moulin à drap élisent également domicile au bord des eaux de la rivière.

Au XVIIIe siècle, René Béchereau détaille, dans un ouvrage “ un fort joli port au pied de la ville, où l'on dépose grande quantité de bois meirins... beaucoup d'ardoises, pierres de Lis, de Bourai, petites et grandes meules à aiguiser, morues, harengs, bleds, vins et autres marchandises qui viennent par la rivière de Cher, de la Touraine, de Bretagne et de Nantes...” L'activité de la ville ne cache pas son étroite connivence avec sa rivière. L'Yèvre prend sa source aux environs de Baugy, passe à Bourges où elle reçoit de nombreux affluents, et aboutit, à Vierzon, dans le Cher, après un parcours d'environ soixante-dix kilomètres.

C'est sans compter sur la force des eaux de l'Yèvre notamment dont les crues mettent à mal les ouvrages qui l'enjambent. Petit à petit, face aux difficultés, la navigation perd de sa force et les bateliers deviennent une denrée rare. L'entretien de la voie d'eau se complique et ses méandres ralentissent les temps de voyage. Dans les têtes déjà, “une autoroute d'eau” fait son chemin, de halage évidemment. Elle serait très pratique notamment entre Vierzon et Bourges. A partir de 1765, déjà, une vague idée de canal se dessine dans quelques têtes bien pensantes. Le duc de Béthune-Charost et le Baron de Marivetz souhaitent une liaison entre la Loire et à Tours et la Loire au bec d'Allier. Leurs plans sont simples : un aménagement du Cher entre Tours et Vierzon et le creusement d'un canal entre Vierzon et le Bec d'Allier.

Le canal du Duc de Berry

Le canal de Berry (du duc de Berry, les premiers noms envisagés sont canal Louis XVI, canal du Cher aussi) naît sous l'Empire. En 1807, un décret impérial décide que Le "Cher sera rendu navigable en suivant son cours actuel au moyen d'une ou plusieurs dérivations depuis Montluçon jusqu'à son embouchure dans la Loire". A Vierzon, le Comte d'Artois, frère de Louis XVI, installe ses forges, présageant l'essor industriel de la ville. Le Comte d'Artois insiste sur la nécessité de ces travaux. Le canal de Berry est pour lui d'une extrême importance... commerciale. Les travaux démarrent en 1809 et se prolongent jusqu'en 1840. Dix ans auparavant, le canal est partiellement ouvert à la navigation. 1831, c'est la mise en service du tronçon Bourges-Vierzon; en 1841, Vierzon-Noyers. Le canal a déjà changé le destin de Vierzon.

Cette voie d'eau, latérale au Cher, a la particularité d'être composé de trois canaux en un seul, c'est-à-dire trois branches distinctes qui se rejoignent à Fontblisse, à Bannegon, dans le département du Cher. Il relie les villes des départements du Cher, Loir-et-Cher et Allier, de Montluçon à Noyers-sur-Cher, de Saint-Amand Montrond à Bourges, Sancoins, Mehun-sur-Yèvre, Vierzon évidemment.

Il arrive de Bourges par les Forges, traverse le centre de la ville, flirte avec Grossous, et court ensuite, via le Bas de Grange, vers Méry-sur-Cher, Thénioux etc. Plusieurs écluses sont construites sur le territoire vierzonnais et les bateaux font transiter, par le centre de la ville, chaux, ciment, bois, charbons, porcelaine... Les mines de Blanzy s'y installent. Les matières premières nourrissent les industries, notamment implantées aux Forges mais aussi en ville. Des quais et des entrepôts voient le jour. Une activité batelière, y compris la fabrication de bateaux, transite autour de l'activité marchande du canal. Rue des Ponts, les bateliers se retrouvent au café de la Marine devenu plus tard la Tassée...

L'originalité du canal, au milieu de Vierzon, tient à sa rencontre avec l'Yèvre et à la formation d'un vaste bassin. Le long du canal, en 1920, les bâtiments de la Banque de France s'agrandissent, orgueil de l'essor industriel de la ville. Les contingences touristiques n'effleurent pas une seule seconde l'esprit des Vierzonnais. Le canal est après tout un outil de travail que se partage également, depuis 1847, le chemin de fer. Du coup, après la seconde guerre mondiale, le canal est mis à mal par d'un côté, la route et de l'autre le rail. Son entretien laisse également à désirer. Le tonnage diminue d'année en année jusqu'à sa fermeture, en 1950 et son déclassement définitif cinq ans plus tard. Pendant ce temps-là, les élus vierzonnais cogitent et prennent une décision radicale : combler le canal à partir de sa jonction avec l'Yèvre jusqu'à l'écluse de Grossous. L'idée : construire un vaste plateau de quinze mille mètres carrés avec parking, place de marchés et d'expositions et une salle des fêtes.

En 1968, le canal disparait sous terre via des buses reliées à l'écluse de Grossous. L'Yèvre, quant à lui, poursuit son cours sans problème. Le bassin central du canal, à Vierzon, est recouvert, en effet, d'un immense parking. Pas de salle des fêtes, pas de place pour le marché mais un central téléphonique, une bibliothèque, une résidence. A la toute fin des années 1980, face aux anciens locaux de la Banque de France, devenus depuis une mairie annexe, pousse ce que l'on appelle, le Forum République : un ensemble de commerces autour d'un hôtel et d'un supermarché, puis des locaux pour EDF, la Poste, une autre résidence....

Dans les années 1990, le canal devient l'objet de toutes les attentions. Mais sur les 260 kilomètres de son parcours et, à Vierzon notamment, ce n'est pklus qu'un pointillé d'eau sur lequel il est impossible de naviguer. A moins que les bateaux n'aient des jambes... Toutefois, une idée folle fait son chemin. L'Arécabe, l'association pour la réouverture du canal de Berry créé par François Faucon, malheureusement disparu récemment, milite pour rendre à nouveau navigable le canal. Ce sera un paris gagné entre les Forges et le centre-ville avec la réhabilitation des écluses. On parle même de le refaire passer en centre-ville... Mais le projet est toujours au chaud dans des cartons....

Chaque été, des promenades sont possibles à bord de petites embarcations électriques tandis qu'une guinguette, installée sur l’ancien quai du bassin, régalent les estivants.

C'est le nom qu'a pris la communauté de communes regroupant Vierzon, Thénioux et Méry-sur-Cher.
Poème du Docteur Fernand Louis publié dans un recueil en 1914

Repos

Entre les peupliers qui rêvent sur le bord,

Le canal, déroulant son long ruban de moire,

Sans le calme alangui du jour brûlant s'endort

Le midi lourd rayonne, assoupi dans sa gloire.

Vive avec des cries brefs, l'hirondelle dans l'air

Enlace de zigzags sa course enchevêtrée.

Une ablette sautant, s'enfuit dans un éclair;

Et des rides en ronds courent sur l'eau zébrée.

Suivant sa route droite, un bateau glisse, lent;

Et le remous clapote à la proue arrondie.

En avant, sur la berge, un âne somnolent

Tire, le cou penché, sur la corde raidie...

Cependant, tout là-bas, au feu de ses fourneaux,

Sous un nuage noir, Vierzon bourdonne et fume.

Ma paresse se berce au rythme des marteaux

Qui frappent en cadence et chantent sur l'enclume.

Mes yeux se voilent, las, éblouis de soleil,

Et sur l'herbe couché, parmi les renoncules,

Je regarde, sans voir, en un demi-sommeil,

Miroiter dans de l'or, le vol des libellules.

 

Les crues.

La ville a toujours vécu avec et contre ses rivières. Avec, on l'a vu, pour les besoins notamment de son économie. Contre, parce que les crues ont fortement marqué la cité. En fait, Vierzon reçoit les pluies qui tombent sur une superficie de bassins versants de presque 9.000 kilomètres carrés. D'où des crues parfois féroces en période de pluies persistantes notamment. Les eaux du Cher se mêlent alors, à Vierzon, dans le centre-ville, aux eaux de l'Yèvre et, en aval, aux eaux de l'Arnon, ce qui freine l'écoulement de ces deux rivières et provoque alors une remontée des eaux sur Vierzon.

Des quartiers sont plus exposés que d'autres : le faubourg des Ponts, le Champanet, le Chambon-Abricot, le Bas-de-Grange, la Croix Moreau, les Petites et les Grandes Vèves mais aussi Bourgneuf, la Genette, la Loeuf, le Vieux-Domaine, le Bois d'Yèvre etc...

Les crues “contemporaines” ont marqué la mémoire collective. Celle du 6 mai 1940 ajoute du drame au drame avec une côte de 4,65 mètres, 4,70 mètres quand la côte d'alerte, à Vierzon, se situe à trois mètres. Les photos prises par les Vierzonnais sont impressionnantes, notamment celle montrant la Banque de France, dans le centre, noyée sous les eaux. En 1958, autre grande crue, la côte grimpe à 4,55 mètres. Une liste fait état des pertes occasionnées par les industriels vierzonnais, les plus grandes entreprises sont touchées. Le syndicat départemental des sinistrés des crues du Cher diligente une enquête pour les dommages causés à la ville par la crue des 26 et 27 mai : 1412 habitations furent touchées, 60% des habitations avaient une hauteur d'eau de soixante centimètres.

D'autres crues antérieures ont frappé la ville : 1856, 1923 mais les trois crues mémorables restent celles de 1940, 1958 et 1977. 1982 donne aussi des sueurs froides, dix ans plus tard, rebelote. Entre temps, celle de 1988 fait aussi frémir. L'échelle de crue et le bras mort du Cher sont les deux indicateurs locaux du gros bouillon à venir. Chaque année, les eaux tumultueuses se rappellent au bon souvenir des Vierzonnais, spectateurs d'une rivière gonflée à bloc. A Vierzon, les crues font l'objet de nombreuses polémiques sur les solutions à y apporter, notamment le réhaussement des digues censées protéger les habitations.

Depuis 1978, aucune “grosse” crue n'est vraiment venue araser les quartiers sous pression persistante d'une menace. Mais rien ne dit qu'une crue centenale ne vienne pas bouleverser les pronostics. Du coup, selon le vbieile adage “mieux vaut prévenir que guérir”, un vaste plan de protection des risques d'inondation (PPRI) est imposé par l'Etat à la ville de Vierzon. Le coup est dur : une grande partie du territoire, dont par exemple la avste zone industrielle du Vieux-Domaine est sous le coup d'une menacé. Des terrains, jadis épargnés, sont tout d'un coup soumis à la règle de précaution, ce qui représente tout de même à Vierzon, environ un tiers de sa superficie...

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J
C était bien maintenant on cherche l eau le cher 50 cm d'eau en été et des km de canal à sec ou couvert d herbe ou est l entretien on ce fou de l'eau mais des millions pour le vélo
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L
Euh!! "Vierzon et son eau précieuse " , pourquoi , elle a de l'acné à ne plus savoir comment s'en débarrasser?? ;-))<br /> <br /> Très belles photos comme toujours, mais par pitié évitez de plonger les pieds dans l'eau, ça n'arrangera pas les boutons, ni sa guerre d'ailleurs!! :-))
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