Pour celles et ceux qui rentrent de vacances et tombent nez à nez avec le vide abyssal créé par les démolitions en centre-ville, le choc est rude. Le changement se dépeint, déjà, en haut de l'avenue de la République où l'ancien immeuble des Nouvelles-Galeries faisait bloc, depuis plus d'un siècle, en bas de la rue principale de la ville. A cette façade uniforme à la quelle nos regards s'étaient formés depuis la naissance pour des générations de Vierzonnais, prend place un chantier de gravats et une toute autre vue, à laquelle il va falloir s'habituer. On ose espérer, évidemment, que nos yeux qui se heurtent désormais à d'autres murs que ceux de l'ancien immeuble des Nouvelles-Galeries, auront des coubes et des arêtes plus agréables à regarder quand les travaux, l'intégralité des travaux, sera terminé.
Avec le recul, et passée l'euphorie de la démolition et du nuage de poussière, de nouveaux jours se lèvent sur un nouvel environnement qu'il va falloir apprivoiser. Il va aussi que cet environnement s'affine et offre le meilleur de lui-même. Car évidemment, plus d'un siècle avec le même paysage, ça forge des habitudes visuels et des placements dans l'espace qui na valent plus rien aujourd'hui. Notre rapport à la géographie du centre-ville s'en trouve bouleversé. Ne serait-ce que, de l'avenue de la République, voir aussi loin, aussi loin que... la façade miteuse de l'ex-Rotonde qui tombera en septembre et le mur peu avenant de l'ancienne Poste qui se dresse désormais comme unique rempart devant nos yeux. C'est étrange à dire, mais l'arbre, devant l'ancien café Le National, boucherait presque la vue. Mais gardons-le précieusement, le cente-ville manque cruellement de vert.
De la rue Voltaire, le changement est sans doute le plus criant. On y voit maintenant la façade lépreuse de l'ancien magasin Aubrun, belle façade art-déco qui a perdu de sa superbe et devenue, depuis, celle d'un opticien. Il faudra qu'il chausse lui-même les lunettes qu'il vend pour se rendre compte que, désormais, ce n'est plus possible de laisser une telle façade dans cet état-là et que la disparition de l'ancien immeuble des Nouvelles-Galeries met en lumière la laideur de certains murs et de certains façades. Pourtant, cet ex-magasin de vêtements, également ex-magasin de meubles apparemment et ex-magasin de serrurerie (Servix), parti en 1989 au Forum République), mérite d'être (re)mise en valeur. Y-aura-t-il des aides pour les propriétaires ? Cette façade sera-t-elle remise rapidement en beauté pour que le point de vue de la rue Voltaire, ne fasse pas regretter la présence de l'ancien immeuble des Nouvelles-Galeries, tant d'efforts pour se dire cela, ce serait dommage.
Face à l'absence de l'immeuble centenaire, la vue est faussée car, à droite, une partie de la Rotonde, en bordure de la rue Voltaire, et les logements, derrière toujours à droite, disparaîtront aussi, mais en septembre. Toutefois, sous l'arbre de la placette, face à l'ex-café Le National, on s'aperçoit du gigantisme du... travail encore à effectuer pour que cet espace laissé vacant soit à la fois ré-habité architecturalement et humainement. Une place seule, suffira-t-elle, à occuper le vide ? Même avec des bancs et quelques arbres ? L'argument de l'eau fera-t-il oublier le vaste espace qui s'ouvre en centre-ville, comme une saignée. Question cruciale : verra-t-on vraiment l'eau, de ce point de vue ou n'est-ce qu'un argument marketing pour nous vendre le projet ? Vierzonitude n'est pas en train de regretter le choix de cette démolition, mais depuis les incertitudes autour de la construction des logements sociaux à la place du square des Remparts (projet finalement abandonné), l'incertitude de l'ancienne Poste (ex-magasin Plus), finalement rachetée par la ville pour en détruire une partie et ne terminer les travaux de l'aménagement intérieur u'en 2020, Vierzonitude se demande si le projet final est vraiment... finalisé. Vierzon ne mérite pas de l'à-peu près dans ce projet.
L'autre changement de taille se ressent plus qu'il ne se voit : c'est le passage rue Armand Brunet, de la route de Bourges vers le centre-ville. On ne sent cette sensation d'écrasement des bâtiments et il y a de la lumière, désormais, sur la partie droite ! Pendant plus d'un siècle, ce goulot d'étranglement a participé à la mauvaise image de la ville, quand des milliers de camions y transitaient, en plus des voitures qui se croisaient chaque été. Les murs sombres minaient l'arrivée dans le centre-ville au bout d'une longue course qui commençait aux Forges et dont on avait l'impression qu'elle allait s'achever là, coincé entre des immeubles menaçants. Sur cette partie-là, le pari est gagné. Sauf qu'il faudra refaire le mur de l'ancienne Poste et refaire d'ailleurs tous les murs qui auront les stigmates des démolitions, sans quoi, on aura l'impression d'un projet qui n'est pas fini. Pour l'instant, on y croit toujours. Reste à ne pas être déçu...