Le métier se raréfie. Les vendeurs de presse se réduisent comme peau de chagrin, à Vierzon comme ailleurs. Les maisons de pesse ferment leurs portes, Vierzon a la chance de conserver la sienne, rue Voltaire en plus, un symbole. Mais celle de Neuvy-sur-Barangeon, de Bourges entre autres n'existent plus. Avec la disparition du Mag Presse au Forum république et de la librairie de la galerie marchande d'Hyper U, c'est encore des points presse qui reculent, des lieux où l'on vend des livres qui disparaissent.
Que restera-t-il bientôt d'une profession dont la responsabilité est de diffuser la presse et de vendre des bouquins ? Les librairies et les maisons de la presse sont des lieux à part, uniques. Il n'y a qu'à aller chez Jean Catinaud pour le constater ou à la petite librairie-presse du Mouton. Des lieux à part qui ne cèdent pas aux sirènes de la grande distribution où le bouquin se vend "comme le savon à barbe" disait Léo Ferré de la musique...
Alors, voilà, tout se barre, tout fout le camp. En Bretagne, à Ploufragan, un libraire a eu l'idée d'installer, au fond de son magasin, une machine à café, une table, des chaises où l'on discute de tout, de rien, de l'actu, d'un bouquin autour d'un café. A Sancerre, un bistrot-librairie sert des verres et des livres. L'imprimé se casse la gueule, c'est un fait. Internet prend le dessus, c'est un autre fait. D'un côté la mutation offre, via le Net, une démocratisation formidable de la presse notamment mais sans avoir trouvé le modèle économique qui va avec. De l'autre, la relation humaine en pâtit forcément.
C'est la même chose avec les cafés. Il y a deux commerces à protéger : les bistrots et les librairies, les Suzanne du café de la Renaissance et les Jean de la Maison de la presse. Parce que rien ne remplacera l'humour, la gentillesse et les coudes qui se frottent les uns aux autres. Il faut vendre des livres et des journaux dans les bistrots, il faut créer des espaces humains pour le plaisir de lire. La librairie de l'hyper U fermée, c'est une entaille de plus dans la distribution des journaux et des livres. Et il ne faut plus ça. Certains se mobilisent pour des causes certes légitimes, mais la diffusion de la culture écrite et des imprimés, c'est une cause majeure.
Il faut y réfléchir, un point presse qui ferme, c'est un recul comme un bistrot qui ferme, pareil. Achèteriez-vous votre café-d=crème sur Amazone ? C'est pour cette raison qu'il faut faire vivre les bistrots autant que les maisons de presse, ne pas céder à la grande distribution, acheter son livre chez son librairie, son canard chez son marchand de journaux. Et son petit crème, au zinc du coin et pas dans ses chaînes de croissants où l'on sert le café dans des gobelets en carton. L'être humain ne doit pas devenir con à ce point-là. Il y a un moyen de se ressaisir, à Vierzon notamment, à Vierzon surtout. Il est simple : ne pas céder à la facilité, aller chez les librairies, les points presse. C'est beaucoup plus que de défendre le commerce, c'est défendre une certaine idée de la démocratie et des rapports humains.