Cher Monsieur Bowling,
nous devons l'avouer, nous avons perdu. Pas perdu devant l'idée qu'il ne fallait pas un bowling à Vierzon, non, perdu devant l'idée qu'il ne fallait pas de bowling sur le site de la Société Française, payé avec les largesses du contribuable soumis au diktat des élus qui n'en font qu'à leur tête. Ce projet est une hérésie financière : là encore, ce n'est pas l'essence même du loisir qui est contesté mais son financement, son financement honteux à coup de millions d'euros. Qu'un bowling voit le jour dans cette ville, peu importe. Mais il aurait fallu que ses promoteurs se l'offrent avec leur propre denier, sans attendre que le contribuable lui offre un écrin aussi ravissant que les dentelles métalliques du site de la Française. D'autant que nous avons tout payé : du plafond à la mezzanine en passant par la climatisation inversé à l'heure où, cet été, des lecteurs qui auraient aimé se rendre à la bibliothèque en ont été empêchés faute de climatisation... Il est bon de préciser cela parce que, maintenant que le bowling est ouvert, la contestation n'en est pas moins d'actualité. Nous le répétons : dans une ville comme Vierzon, bouffée par les mites et qui sentira bientôt la naphtaline, le coût de ce bowling alors que tant d'autres équipements manquent, est une hérésie. Mais puisque les élus l'ont voulu, qu'ils l'assument. Il en est encore, parmi le troupeau vierzonnais, qui ne l'assume pas et ne l'assumera jamais. Vierzonitude est de ceux-là.
Alors, on peut parader d'avoir le plus beau bowling de France, sans doute, à cause de son cadre prestigieux, transformé à coup de millions d'euros. Le mérite n'en revient pas à ses promoteurs qui n'ont engagé qu'un petit million d'investissement, à peine le tiers de l'investissement public. Sans cette manne trop généreuse, les promoteurs auraient tourné le dos à Vierzon, incapables d'assumer un tel investissement à eux seuls. Quelle entreprise, à Vierzon, peut se targuer d'avoir bénéficié d'un tel coup de pouce ? Le groupe Combronde peut-être, avec son 1,2 million d'argent public. LFM parti avec un chèque de 1,1 million d'euros de la Société d'économie mixte de Vierzon pour réaliser son plan social. Ah si, Véolia et GDF Suez qui auront deux beaux locaux sur le centre non-routier alors que ces deux entreprises ont largement de quoi se les payer. A Vierzon, on ne prête qu'aux riches.
Lorsque cette ville fut un jour privée du seul cinéma qui lui restait, la question d'un investissement public pour en construire un autre s'est posé. Très vite, l'opposition devenue la majorité d'aujourd'hui, a hurlé au loup que le cinéma actuel était démesuré, trop grand, trop de salles, il allait couler ! Certes, il lui faut une subvention d'équilibre mais que vaut un bowling financé avec de l'agent public face à un cinéma construit par un investissement public ? Et la majorité d'aujourd'hui ne s'est pas une seule fois demandée si le bowling n'était pas disproportionné par rapport non pas à Vierzon mais à sa capacité de mobiliser des fonds ?
Alors, jeudi, les élus sont conviés à une réception privée d'inauguration. Eux seuls y ont droit alors que ce sont les contribuables qui ont payé la note. Les élus, eux, ont dépensé l'argent des autres. Vendredi, le bowling ouvrira dans ce qui fut une ancienne usine de tracteurs et qui aurait du devenir un musée national du machinisme agricole mais qui termine avec un bowling dans le ventre, pas de quoi hisser Vierzon vers le haut. Mais au-delà de cette rancoeur, on se dit que 3,5 millions d'euros partis dans une entreprise privée de loisirs ravira de nombreux Vierzonnais qui, à la chaleur de cette nouvelle enseigne, tentera de croire que tout va mieux et ne jalousera plus les villes voisines qui s'amusaient sans eux. Avec 3,5 millions d'euros, on aurait pu en faire d'autres belles choses. Et il y aurait eu un bowling, plus modeste, ailleurs mais il y en aurait eu un. Par la force des choses. Avec cette somme, on aurait réhabiliter les trois-quart du site de la Société-Française puisque la communauté de communes a décidé qu'elle devait rénover l'ensemble du site pour 5 millions. Nous en avons grillé 3,5 pour des promoteurs privés. Advienne que pourra.
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Non au bowling dans le B3 ! - Vierzonitude
Bérénice Levet, docteur en philosophie, auteur de l'essai"Le musée imaginaire d'Hannah Arendt" aux éditions Stock, primé par l'Académie Française, répond aux questions de Vierzonitude à pr...
http://www.vierzonitude.fr/pages/Non_au_bowling_dans_le_B3_-8566274.html