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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Pétition : "je ne suis pas sûr que toutes ces personnes prennent le bus"

Publié par vierzonitude sur 22 Octobre 2015, 07:30am

RATP Dev renouvelé à Vierzon jusqu'en 2023

RATP Dev renouvelé à Vierzon jusqu'en 2023

RATP Dev va poursuivre l'exploitation du réseau urbain de Vierzon à partir du 1er janvier 2016. Ce contrat, d'une durée de 8 ans, porte sur un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros.

http://www.mobilicites.com/011-4214-RATP-Dev-renouvele-a-Vierzon-jusqu-en-2023.html

Ah, que c'est bon lorsque le premier magistrat de cette ville donne une leçon de pétition à ses administrés, au cours des Assises de la citoyenneté que les élus kidnappent pour vendre leur soupe. Figurez-vous que, le combat des habitants de Vierzon-Villages pour préserver leur bus, à la lecture de la presse locale du mardi 20 octobre, semble illégitime. Oh, les gros vilains qui se plaignent la bouche pleine. A Vierzon, il n'y a que les élus qui ont le droit de pétitionner pour n'importe quoi : pour que la sous-préfecture de Vierzon reste à Vierzon, pour que l'Etat verse une dotation exceptionnelle à la ville de Vierzon afin de boucler son budget... Mais le citoyen, lui, quand il tente de défendre son bifteack et son bout de gras, l'élu le casse. Ben oui, un citoyen qui pétitionne, ça emmerde les élus mais c'est aussi ce qu'on appelle la démocratie. Et bien que la démocratie empêche les élus de décider en rond, elle existe et il faut faire avec. Ainsi, notre bon maire a-t-il eu cette phrase généreuse à l"égard des pétitionnaires de Villages : "je ne suis pas sûr que toutes ces personnes prennent le bus". Et sur les 1.800 signatures que le maire de Vierzon a porté, en grande pompe, à la Préfecture pour réclamer des sous à l'Etat, pas sûr que tous les Vierzonnais qui ont signé ont compris ce qu'ils signaient, contraints et forcés de signer, jusqu'à la crèche municipale où la mairie avait déposé une urne pour vendre sa camelote électorale. Et que signifie cette autre phrase, prélevée dans la presse locale : "sans être révolutionnaires, les modifications provoquent un bouleversement d'habitudes chez certains usagers qui ont un peu de mal à en comprendre la finalité générale.." Trop cons les usagers ! On leur dit, vous n'avez plus de bus parce que vous coûtez trop chers, arrangez-vous avec ça ! Si les Vierzonnais sont stupides au point de ne pas comprendre que la ville fait des économies sur leur dos mais balance des millions d'euros à un bowling ou à des entreprises du CAC 40, c'est que vraiment ils sont bien Vierzonnais ! Mais ne critiquons surtout pas, les élus sont bien connu, sont des êtres supra-intelligents, plus que cette piétaille citoyenne.

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Vierzon-sur-Mer

Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?

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