Vous vous rendez-compte, voilà que boire un pion dans un bistrot, en France, est un signe de résistance. Oui de ré-sis-tan-ce ! Un acte destiné à faire un bras d'honneur à ces malades qui ont tué et blessé des centaines de personnes tout en en traumatisant des millions, des dizaines de millions d'autres. Mercredi 18 novembre, en hommage aux victimes, la ville de Vierzon organise une marche qui partira du théâtre Mac-Nab, lieu symbole de la culture jusqu'à la mairie, lieu symbole de la République. Entre les deux, les Parisiens mais aussi l'ensemble des Français sont amenés à résister en caressant un comptoir, en fumant à une terrasse, en riant plus fort que l'enfer autour d'un verre. Si on avait cru ça un jour que pour des illuminés, le bistrot deviendrait un lieu satanique, on en aurait chopé quelques uns et on les aurait attaché face à nous, pendant que nous vivons, respirons, pendant que la liberté, cette putain de liberté chèrement gagnée nous coule dans les veines, jusqu'à ce qu'elle dilue notre sang et qu'en cas de pépin terroriste, il n'en coule pas un horrible jus rouge mais un souffle qui, mis bout à bout des autres souffles, éradique de cette foutue terre qui tourne à moitié rond, les fous de dieu, du diable, ou on ne sait de quelle invisibilité compulsive. Un café, un bistrot, vous entendez ça, un bistrot comme étendard de la résistance. Une licence IV pour licencier la barbarie.