Il l'écrit lui-même sur le blog qu'il vient de créer sur le site Médiapart : " D'entrée, je tiens à préciser pourquoi c'est en qualité d'élu de la République, franco-marocain-berrichon de confession musulmane que je m'exprime. Jamais je n'ai mélangé mes opinions politiques et mes pratiques religieuses, mais dans un contexte d’islamophobie ressenti par les musulmans et une contradiction des valeurs de l’Islam avec celles de la République présumée de l’autre, disons que je m'emploie exceptionnellement à m'ouvrir tel que je suis : français d'origine marocaine né dans le Berry et musulman, élu de cette même République."
Mounire Lyame, se présente comme "responsable associatif, élu local, je m'intéresse à la politique (c'est également mon métier...)", lit-on. C'est aussi l'attaché parlementaire du député-maire de Vierzon, conseiller départemental élu avec l'étiquette Front de gauche, a souhaité, c'est le titre de son billet, livré une "Parole d'élu de la République, franco-marocain-berrichon, de confession musulmane".
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Parole d'élu de la République, franco-marocain-berrichon, de confession musulmane.
Jamais je n'ai mélangé mes opinions politiques et mes pratiques religieuses, mais dans un contexte d'islamophobie ressenti par les musulmans et une contradiction des valeurs de l'Islam avec celle...
Exceptionnellement donc, l'élu intervient sur la polémique du burkini, avec l'humour qui le caractérise : "A mon sens, le vrai Burkini serait constitué du haut d’une Burqua et du bas d’un Bikini, ou l'inverse. Ce serait quand même bien plus glamour…" Plus sérieusement, il écorche la polémique estivale,
D'entrée, je tiens à préciser pourquoi c'est en qualité d'élu de la République, franco-marocain-berrichon de confession musulmane que je m'exprime. Jamais je n'ai mélangé mes opinions politiques et mes pratiques religieuses, mais dans un contexte d’islamophobie ressenti par les musulmans et une contradiction des valeurs de l’Islam avec celles de la République présumée de l’autre, disons que je m'emploie exceptionnellement à m'ouvrir tel que je suis : français d'origine marocaine né dans le Berry et musulman, élu de cette même République.
Notre pays connaît une crise économique et des tensions sociales inédites. La première des questions que se posent la majorité des français est « comment remplir son frigo ». Les autres questions (comment bien se soigner, faire que l'enseignement public soit de qualité, sortir en concert ou tout simplement aller boire un verre en famille, etc.) restent bien sur des préoccupations du quotidien. L'une d'elles est aussi comment vivre en sécurité en particulier dans ce nouveau monde menacé par le terrorisme (terrorisme que nous avons, nous occidentaux, enfanté....).
Depuis quelques années maintenant, surgissent des débats sur l'Islam et les musulmans, instrumentalisés par les élites politiques et la presse nationale. Le dernier qui fait l'actualité, est le Burkini, parti de la rixe de Sisco en Corse. On finira par apprendre qu’il n’était pas du tout question de Burkini et encore moins de motif religieux.
Cet arbre qui cache la forêt permet bien évidemment d’éluder la question principale du frigo à remplir.
Profitons de cet instant pour aborder, non pas le remplissage en règle du frigo (du moins pas pour le moment) mais bien la problématique de l’Islam en France, exacerbée par les djihadistes qui ont rejoint les rangs de Daesh et capables de commettre les pires atrocités au nom de l’Islam sans distinguer les victimes (après tout, « tuons les tous, Dieu reconnaîtra les siens » d’après une belle caricature en hommage aux victimes des attentats de novembre).
1/ Le Burkini, mérite-t-il son nom ?
Cette question n'est pas philosophique, elle est esthétique, agrémentée d’un point d’humour pour ouvrir le débat.
Le mot burkini vient du mot Burqua et Bikini, représentant une femme couverte de la tête au pied lui autorisant la baignade en toute pudeur. A mon sens, le vrai Burkini serait constitué du haut d’une Burqua et du bas d’un Bikini, ou l'inverse. Ce serait quand même bien plus glamour… "tant de bruits pour une tenue vestimentaire qui pourrait se confondre avec une combinaison de plongée", écrit-il. Pour Mounire, "La France a toujours fait preuve d’un dynamisme remarquable pour polémiquer sur l’Islam. Nous avons eu l’épisode du voile intégral, puis celui des minarets, ou encore celui de la viande hallal dans les cantines scolaires, le voile des mamans lors des sorties scolaires, les prières de rue, etc."
Il tient à rappeler que "La France est menacée sur son sol par des enfants qu’elle a vu naître et dont l’échec lui revient exclusivement (contrairement au faux débat sur la déchéance de nationalité voulant gracieusement transférer aux pays d’origine ces français de naissance élevés 100% en France). Les attentats commis par des français quelle que soit leur origine envoie le pavé (que dis-je, un parpaing) non pas dans la mare mais directement dans la figure de Marianne. Ces jeunes sont nés en France, et ont grandi en France. Le lien avec le pays d’origine est éphémère et se limite à des séjours estivaux le plus souvent familiaux."
Qu'en est-il de la religion ? "Les musulmans sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur la religion. Notons que nos parents nous ont transmis une culture religieuse, mais pas toujours les explications qui l’accompagne. Aujourd'hui, et c'est une bonne chose, les jeunes cherchent à comprendre, ils veulent savoir. Et bien souvent, les réponses sont le fruit des recherches sur internet quand elles ne viennent pas d’un imam dont les connaissances et la formation sont douteuses." Quant au regard porté sur l'islam par les non-musulmans, Mounire Liam estime que " la plupart connaissent l'Islam à travers des préjugés ou des idées reçues. Pourtant, je sais que nombreux sont celles et ceux qui souhaiteraient connaître davantage cette religion pour surmonter l’inconnu et défier leurs propres peurs."
Reste à savoir si l'islam est compatible avec la République : "A titre personnel, jamais je ne me suis posé cette question, car au quotidien, je ne confronte pas ma pratique religieuse (encore une fois, personnelle et discrète) et les valeurs de citoyenneté qui m’animent. En réalité, elles se confondent, elles se nourrissent l'une de l'autre sans jamais chercher à se dominer."
Du coup, l'élu avance des propositions : la création "d'une instance de dialogue sous l'autorité du maire et du Préfet, réunissant les autorités religieuses et les élus locaux. Cette instance doit vivre par des rencontres régulières, parfois délocalisées dans les lieux de culte, pour renforcer les échanges et le dialogue."
"La formation des Imams avec pour corollaire le fait d'être bilingue. Cette formation (plus ou moins courte d'ailleurs, pour valider les cursus faits à l'étranger ou pour former les futurs imams) doit se faire en France. Elle concerne la pratique de l'Islam en France, elle doit se faire en France.
Mais aussi "l’accompagnement de la création des édifices religieux. L'édifice religieux nécessite des moyens techniques et financiers importants ; parfois, les fidèles sont capables de mobiliser les fonds, mais bien souvent le plan de financement peine à être bouclé."
Le débat est ouvert.