Une lectrice de Vierzonitude nous narre ses aventures stupéfiantes. Sans être sous l'emprise de quelques produits non vendus en pharmacie, cette Vierzonnaise se retrouve, par deux fois, témoin d'un étrange ballet aérien, dans l'artère vierzonnaise la plus commerçante, l'avenue de la République, rebaptisée pour la cause avenue du shit.
La première fois, un piéton, la tête en l'air et le la main tendue vers le ciel, réceptionne, dans sa paume, un joli pétard roulé comme le croissant pur beurre de l'une de nos dix boulangeries survivantes. C'est fantastique : il suffit de héler les nues, et hop, le miracle s'accomplit. Il pleut un pétard à un vol d'oiseau du commissariat. D'ici à ce qu'un prophète lumineux multiplie les paquets de tabac et les plants de cannabis, il n'y a pas loin. Cette apparition céleste se déroule au milieu de la journée, le temps qu'un feu tricolore passe au rouge et hop, voilà que la vie passe au vert pour le quémandeur de fumée planante.
Avant, à Vierzon, il pleuvait des manifestations, des grèves, il pleuvait des commerces à pleines brassées, des marchés à pleines allées, il pleuvait de la vie citoyenne. Aujourd'hui, il pleut des pétards des fenêtres à l'étage. Notre Vierzonnaise aurait bien tendu la main pour y attraper l'air du temps mais si le ridicule ne tue pas, il esquinte quand même. Du coup, elle est allée jouer au Loto. On ne sait jamais.
Le phénomène s'est pourtant renouvelé, quelques jours plus tard. Au même endroit. Comme si, cette conjonction de lieu confère au miracle, une sorte de sceau officiel : ici, à Vierzon, à telle longitude, et telle latitude, il pleut du shit. Cette fois-ci, sous la forme d'une boulette, quémandée de la même façon que le pétard : on hèle le ciel et d'une fenêtre, la marchandise tombe, dans la paume du bienheureux. Qui aussitôt fait un autre heureux. Voilà pourquoi le commerce horizontal est mort, remplacé par le commerce vertical qui consiste à faite choir du haut, un produit convoité. Et voilà le travail. On imagine que ce genre de commerce fait florès ailleurs dans la ville. En plein jour. En pleine ville. C'est stupéfiant non ?