Y aurait-il un tabou vierzonnais à ne pas vouloir regarder le côté pile de cette ville pour ne privilégier que le côté face, plus brillant, plus clinquant ? Ainsi, deux versions s'opposent : les accrocs de l'optimisme à tout crin qui, même seul, avenue de la République, continuerait de dire que tout va bien. Et les accrocs du pessimisme, cette vaste fosse dans laquelle on y trouve Vierzonitude, entre autre, chantre du Vierzon-bashing et réceptacle ds esprits chagrins.
Certes, ni les uns, ni les autres, n'ont raison à 100%.
Il n'y a qu'à voir la braderie de samedi dernier. La presse locale explique que "bien sûr, l'avenue de la République n'était pas encore achalandée de bas en haut". C'est vrai, chacun a pu le constater. Le haut de l'avenue est resté en rade. Bah, se dit-on, cela a-t-il une importance ? Sans doute si l'on considère que dans le périmètre oublié se situe, entre autre, une brasserie. L'article poursuit : "tandis que la place Foch et la rue Joffre étaient un peu désertes". Un peu ?
Le paradoxe de cette braderie, c'est que, pendant qu'elle se déroulait, une boulangerie de la place Foch fermait ses portes et qu'un bistrot ne les rouvrira pas. Que des habitants soient fiers de leurs commerces, comme le titrait la presse locale, on s'en doute. Mais il faut aussi voir les habitants pas fiers du tout des commerces qu'ils n'ont plus. Que quarante bénévoles défilent sur la braderie pour montrer aux Vierzonnais qu'ils peuvent s'habiller local, ne peut être que bénéfique. Mais on ne peut pas en faire une politique. Que les commerçants qui restent se secouent pour montrer qu'ils existent, est une très bonne chose.
Mais, n'est-il pas non plus de leur survie de se mobiliser pour leurs collègues qui ferment ? Pas un mot encore, sauf sur les réseaux sociaux, pour s'émouvoir de la fermeture d'une boulangerie. Ce n'est pas rien une boulangerie. Peu importe la cause, le résultat est le même. Dire qu'elle ferme, s'en rendre compte, s'en émouvoir, ce n'est pas porter atteinte à la ville de Vierzon. Quand Plus a fermé, quand d'autres commerces ont fermé, entraînant avec eux des emplois, il n'y a pas eu un seul mot. Et pourtant.
Aujourd'hui, on voit que l'Office du commerce machin-chose n'est là que pour l'animation. Qu'il n'existe pas une politique de proximité. La Sem-Territoria a tenté de la porter, sans succès. On a bien vu samedi, que la rue Joffre et la place Foch étaient oubliées. Que seule l'avenue de la République vaut à peu près le déplacement pour légitimer ce qui se prépare. Alors, entre les autosatisfaits qui, en conseil municipal, ne supportent pas qu'on les interpelle sur des sujets qui fâchent et ceux qui, en voyant Vierzon comme elle est, broient du noir, il n'y plus de juste milieu. C'est un combat stérile. Olivier Razemon l'a écrit, dans son livre Comment la France a tué ses villes : "Un jour, on regrettera Vierzon". C'est déjà fait.