Bien sûr, les pavés sont à tout le monde, l'espace public est, comme son nom l'indique, public. Mais, lorsque des citoyens s'approprient un bout de rue pour les raisons que l'on sait, ça pose un léger problème. La partie haute de la rue Joffre est "tenue", à journée faite, par plusieurs personnes qui sont là, on ne sait pas trop pourquoi (enfin si on le sait trop...), comme si cette portion de rue leur appartenait. La liberté leur permet de se tenir là, même pour rien, même pour glander, même dans le froid, même sous la pluie. Après tout, c'est leur problème sauf que ça devient le nôtre...
Ce samedi matin, vers midi, c'est flagrant. Ils sont là, comme tous les jours ou presque. Et en passant, on a l'impression de traverser leur intimité, tant ils impriment à ce haut de la rue, la marque de leur présence. Ce qui est fou, c'est qu'on a vraiment la sensation de déranger... On imagine que certains piétons, certaines piétonnes, hésitent à traverser cet écran invisible. Cela en devient gênant. Et... dégoûtant.
Pourquoi ceux qui stationnent attendent que quelqu'un passe pour cracher sa glaire sur le pavé ? Est-ce le hasard ou le besoin de signifier que l'on n'est pas le bienvenu ? Et ça sert à quoi de crachouiller sa chique sans arrêt ? Non seulement c'est impoli, mais ça, la politesse est une culture en voie de disparition, mais c'est surtout dégueulasse. On se dit, et si on le faisait remarquer à ces petits impétrants au point d'avoir envie de leur mettre le nez dedans ?
On se ravise, le courage manque évidemment. Le manque de courage est une défaite car si personne ne dit rien, les faits continueront. Alors, la prochaine fois, on passera ailleurs. On fera un détour. Pour ne pas entendre les crachats dans son dos, pour ne pas être obligé de traverser la rue à cet endroit-là. Puisqu'elle est désormais privatisée. Pas étonnant que les gens ne viennent plus rue Joffre. Entre les crachats et le reste, samedi matin, en bas de la rue, une énorme merde de chien barrait la route. Sympa. Des glaires en haut, des merdes en bas. Tout va bien rue Joffre. pendant ce temps-là, un commerce va fermer... Et certains se demandent encore pourquoi. Affligeant.