Le commerce périphérique est l'abnégation totale de la convivialité. Et ce n'est pas une conversation entre le rayon crèmerie et surgelés qui change la donne. Le grand absent du commerce périphérique, à Vierzon, c'est le bistrot, le bon vieux bistrot des familles. Essayez pour voir : vous avez un rendez-vous pour un contrôle technique et vous n'avez pas envie d'errer dans les allées de l'Orée de Sologne ou d'Hyper U. Pas plus envie de boire un café surfait dans une timbale en carton. Le seul semblant de bistrot à la ronde, sans être obligé de prendre le bus, c'est la cafétéria. Or, ce lieu, c'est l'anti-thèse de la convivialité. Un frigo est plus chaleureux. trop grand, trop haut de plafond, trop indifférent à tout. Un café, un croissant sur un plateau et basta !
Le commerce périphérique, c'est la désertification de la convivialité, c'est le contraire de la chaleur humaine, de cette bonne buée sur les lunettes quand on entre dans un bistrot. Le café n'a pas le même gout, la télé braille et le pire, c'est qu'on voit des cous se raidir face à l'écran. Il n'y a pas pire ségrégation qu'un écran de télé dans un bistrot. Ce devrait être interdit. Le commerce périphérique est froid, sans saveur, sans chaleur, sans les codes de la vie en société. Et un café, un samedi matin, dans une cafétéria, c'est le comble du désespoir. Même le nez fourré dans la presse nationale à lire les péripéties du couple Fillon, on est tout seul, sans pouvoir partager, avec ds inconnus accrochés à un comptoir, les réflexions qui nous viennent en tête. Nous courons à notre propre perte car à force de fermer des bistrots, à force de ne pas en ouvrir dans des zones aussi décérébrées que des zones commerciales, on va y laisser notre âme, notre besoin des autres, notre envie de vivre en société. La prochaine fois, je prends le bus pour aller boire un vrai café dans un vrai bistrot. Du moins, ce qu'il en reste.