"Ne plus voter est un acte politique, et non plus la marque d'un désintérêt pour la politique", écrit Alexandre Jardin, dans son dernier livre "Révoltons-nous". Le philosophe, Michel Onfray, explique une fois de plus, pourquoi il ne votera pas aux prochaines élections. Il le dit également dans la préface d'un livre qui va sortir prochainement "No vote" et qui annonce la couleur : "Un geste démocratique nécessaire."
Non, les abstentionnistes ne sont pas des feignants ou des désintéressés de la politique. Au contraire, Vierzonitude pense comme Alexandre Jardin, l'abstention est un acte politique, beaucoup plus politique que le vote blanc que les élus ne veulent pas reconnaître comme tel, et on comprend pourquoi. L'abstention est beaucoup plus politique que voter Front national ou "l'homme providentiel", comme le souligne Michel Onfray qui souligne que ça ne marche pas. On entend beaucoup parler du "système" dans lequel s'englue les hommes politiques et qui veulent nous faire croire qu'ils n'en sont pas.
En fait, les électeurs sont des gens méritants autant que les élus sont des gens irritants. Ils passent, à chaque fois, de déceptions profondes en excitation singulière pour un candidat qui promet de résoudre tous les problèmes d'un claquement de doigt et se fait fort de prendre les décisions qu'ils n'a prises dès lors qu'il était au pouvoir. La démocratie est un immense foutage de gueule et combien d'électeurs tombent encore dans le panneau aujourd'hui. Bien sûr, on peut préférer la bouille joviale de Macron aux sourcils sombres de Fillon, le verbe guillotinant de Mélenchon aux esgourdes socialistes de Hamon, on peut s'enflammer pour un candidat qui promet monts et merveilles, et demain, la déception balaiera nos humeurs badines et nos espoirs au trente-sixième dessous.
L'abstention est donc un acte politique, parce que délibérément, on met en danger un droit acquis, mais bien moins qu'en votant Front national ou en désignant un candidat qui se dit "hors-système", et qui a fait sa carrière dans la politique, au frais du contribuable. Ceux qui refusent le système, ce sont les abstentionnistes. Car ceux qui votent F.N l'entretiennent, ceux qui votent acceptent de ne rien remettre en cause car ils comptent, une fois de plus, sur quelqu'un d'autre pour leur apporter la solution qu'ils ont eux-mêmes.
Vierzonitude reviendra régulièrement sur cette notion d'abstentionnisme et engage dès lors le débat. Oh, bien sûr, nous aurons droit à cette phrase "il y en qui sont morts pour que tu puisses voter". Oui, et combien meurent encore de ceux qui votent pour le système ? il ne s'agit pas de faire flotter le drapeau noir à nos fenêtres, il s'agit de s'arrêter un instant, de suspendre son bras dans l'air et de réfléchir au moyen collectif que les élus soient nos obligés et non l'inverse.