Les médias découvrent que le corps électoral ne serait pas cette masse compacte qui va aux urnes comme d'autres vont à l'abattoir. Parmi eux, il y a des abstentionnistes qui là encore, étonnent, puisque certains, ne votent pas par conviction politique, et ça c'est déroutant, ça défie les schémas classiques. Ensuite, il y a aussi des indécis, fichtre, des électeurs qui ne savent pas encore pour qui ils vont voter. Après, ces mêmes médias nous servent des sondages dans lesquels tantôt Fillon est devant, passe derrière, tantôt Macron est devant mai accuse un coup de moi, tantôt Mélenchon se hisse à la troisième place...
Comme si le corps électoral, c'est-à-dire la partie docile, votait comme un seul homme. Quel crédit, dès lors, peut-on accorder aux sondages si ces derniers ne prennent pas en compte les indécis et les abstentionnistes, ou encore ceux qui veulent voter blanc ou voter untel pour emmerder machin, ou voter machin pour emmerder untel. Voilà que les abstentionnistes ont une conscience politique qu'aucun candidat ne peut capter car l'essence d'un abstentionniste c'est de ne pas voter, donc pas question qu'un candidat des abstentionnistes se présente,t c'est par nature absurde; Idem avec le vote blanc : tout blanc bec qui oserait se présenter pour capter les votes blancs trahirait la philosophie du vote blanc.
Les éditorialistes continuent de conceptualiser les élections présidentielles à l'aune de ceux qui ont l'intention de voter, sans se soucier de tous les autres qui, bien que masse invisible, n'en est pas pour autant puissante, aussi puissante que désordonnée. L'autre fait inquiétant, c'est que partout, dans les médias, on nous vend une soupe électorale déjà prête : peu importe le premier tour, il est plié, puisque le Front national y sera et que l'urgence, c'est de battre Le Pen au deuxième tour.
Ah bon, et pourquoi ps au premier tout simplement ? L'idée acquise que Le Pen sera au second tour, n'est qu'une manipulation grossière de tous les autres candidats qui rêvent de se retrouver face à elle, pour incarner la peau de Chirac en 2002 et se faire élire haut la main. En clair, on bourre le mou des électeurs sans essayer de battre le Front national au premier tour et d'avoir, deux candidats républicains, honnêtes c'est plus dure, mais au moins républicains, bien que le F.N le soit quand même puisqu'il n'est pas interdit, qu'il se présente aux élections et qu'il navigue dans le paysage français depuis des décennies. Drôle de bouillie que tout ça. Comme quoi, il serait temps de penser, de raisonner, de réfléchir et de prendre ses décisions, à l'aune de ses propres convictions et non pas dans les gamelles des autres où le pré-cuit et la bouffe électorale industrielle prévalent.