Bien sûr, on ne va pas convaincre les plus de trois mille électeurs du Front national de ne pas voter F.N dimanche, comme ça, parce qu'on le leur demande. Mais, on peut demander aux autres, à ceux qui ne l'ont pas fait au premier tour et que ça chatouille au second, de ne pas le faire. Pas pour les beaux yeux d'untel ou d'untel. Non. Pour Vierzon. Pour son image. Pour la nécessité que l'extrême droite ne doit pas figurer en tête dimanche soir, à Vierzon. Parce que cette ville ne le mérite pas. Même si on peut reconnaître qu'elle n'a rien fait contre, même si ses défauts occultent parfois ses qualités, tout n'est pas à jeter, ici. Tout simplement parce que les plus de 3.000 voix du F.N du premier tour aux côtés des 18.000 électeurs potentiels et des 27.000 habitants, ne doivent pas jeter une chape sombre sur cette ville.
Le Front national est pourtant ancré, ici. Plus de mille voix supplémentaires entre 2002 et 2017. Un vote d'adhésion, disent les uns; un vote de contestation, disent les autres. Un vote pourquoi ? En toute objectivité, les électeurs vierzonnais du F.N peuvent-ils nous dire ce que font, pour eux, les deux élus du conseil municipal ? Les ont-ils vu au cours de cette campagne présidentielle ? Que disent-ils lors des conseils municipaux ? Quels projets portent-ils localement ? Ajoutons toutes les difficultés qu'ont pu avoir les services de la ville à trouver un remplaçant au démissionnaire Noël Ardaën, sur la liste des dernières municipales : personne ne voulait endosser l'habit d'élu du F.N. Mais alors pourquoi tous ces gens se sont-ils inscrits sur une liste municipale ? Avaient-ils vraiment envie de gérer cette ville ?
Vierzon doit avoir la chance de s'en sortir par le haut. Les "ninistes", indifférents à la cause anti-F.N que tout républicain éclairé devrait mener avec le coeur ainsi que les Insoumis et d'autres, s'en foutent comme de leur première chemise que Vierzon affiche Marine Le Pen en tête, dimanche soir. Au contraire, ils vont s'en repaître. Après tout, Macron-Le Pen, c'est pareil, n'est-ce pas ? Et si on avait dit pareil si Mélenchon avait remplacé Macron ? Et pour renverser la table, quoi de mieux que de tâcher la nappe. Avec Le Pen en tête, certains se pousseront du col pour se faire passer comme le meilleur des barrages au F.N qu'ils n'auront pas combattu entre les deux tours (et même avant) par pur calcul politicien. Vierzon a ses problèmes, ses tares, ses défauts, ses lacunes, mais c'est Vierzon, bordel ! C'est NOTRE ville, jadis lumineuse, heureuse de vivre, elle l'est toujours, il n'y a de l'espoir dans les têtes, à condition de s'y mettre tous. Mais, ce vote Le Pen, dimanche, va lui mettre une croix sur la tête.
Les oui-ouistes vont nous cracher au visage qu'il n'y aura pas que Vierzon. Oui et alors ? Et si pour une fois, on ne faisait pas comme tout le monde ? Bourges n'a-t-elle pas mis Le Pen en quatrième position au premier tour ? Vierzon doit-elle systématiquement ramasser le pire du pire ? Comment cette ville qui a placé Mélenchon en tête et qui en est fière, peut laisser, dimanche, Le Pen, se hisser sur la pointe des pieds ? Personne n'en aura honte ? Difficile à croire. Faut-il que cette ville rejoigne obligatoirement la cohorte des villes qui se colorent en brun ? Pourrait-on, pour une fois, mettre de côté ses petites susceptibilités politiques et ne voir, dans le vote de dimanche, à Vierzon, qu'une chance à mettre de côté ? Comment une ville rouge au premier tour pourrait-elle virer au brun au second alors qu'il existe une fenêtre par laquelle on peut passer ? Ce n'est pas possible, Vierzon ne peut pas être une ville d'extrême-droite. Maintenant, mesdames et messieurs les responsables qui croient encore que vous ne l'êtes pas, à vous aussi de faire le boulot !