C'est osé. Nicolas Sansu, député sortant, candidat à sa propre succession, fait comme si les autres candidats aux législatives, n'existaient pas. D'emblée, il fait cavalier seul, s'imaginant, au second tour, face au Front national. Il efface d'un revers de communiqué, la candidate du P.S, celle des L.R et le ou la candidate d'En Marche ! et les autres. Quantités négligeables. Pour lui, les législatives, dans la seconde circonscription, est une bataille entre lui et la candidate du Front nationale, Martine Raimbault, conseillère municipale de Vierzon et conseillère régionale.
C'est d'autant plus osé que le Front national, sous sa municipalité, a fait un pas de géant dans cette ville. Depuis 2002, l'extrême-droite, à Vierzon, a gagné mille voix et depuis le premier tour des présidentielles, mille autres voix. Plus de quatre mille suffrages, dimanche 7 mai, pour le F.N. Expliquer aux électeurs de la seconde circonscription que le candidat du Parti communiste/Front de gauche/Insoumis est le plus apte à servir de bouclier au F.N, c'est prendre un sérieux raccourci. A la tête de Vierzon depuis 2008, le maire et son conseil municipal, ont toujours agi comme si le F.N n'existait pas. Comme si les problèmes qui font que le F.N grossit ne les concernait pas.
Jamais, cette municipalité n'a mis les mains dans le cambouis qui graisse les rouages du Front national, dans cette ville. On l'a vu ces derniers mois, à travers de nombreux faits divers où jamais, le maire et ses élus, n'ont eu un seul mot pour les victimes laissant ce silence coupable gaver le F.N. Jamais, ils n'ont tenté de couper l'herbe sous le pied du F.N en essayant, au moins, de s'intéresser à ce qui nourrit toujours la bête. Il n'y a pas qu'un profond ras-le-bol, ou un trop plein d'injustices sociales ou une envie de faire péter le système. Il y aussi le quotidien tout simple qui, à Vierzon, n'est pas aussi simple que cela.
Du coup, sans lever le petit doigt, sans apparaître, sans faire même de campagne, le Front national engrange inexorablement des voix. On sait qu'une partie des voix du P.C file au F.N, que les ouvriers et les employés sont les premiers bataillons d'électeurs du Front national. Mais, ici, à Vierzon, vu de Vierzon, on ne voit rien venir pour tenter de regagner du terrain sur l'extrême-droite. Aucun discours dans cette direction. Aucun acte politique destine non pas, à faire de la politique politicienne, mais de la politique de proximité, de la politique en direction des citoyens. Il a fallu attendre des mois, des années pour que le bulletin municipal consacre quatre pages à un thème récurrent à Vierzon : la propreté. La municipalité ne voulait pas voir le problème, ni celui-là, ni d'autres d'ailleurs.
Le député sortant dramatise ainsi ces législatives pour que, dès le premier tour, une conscience anti F.N qu'il veut endosser, se réveille. Il veut être le rassembleur. Mais de qui ? Des électeurs du P.S et de la droite ? Finalement, à quoi servirait un député Front de gauche, voire même P.S ou L.R dans une majorité présidentielle En Marche! ? Comment porter cette conscience-là quand on met neuf jours à prononcer les mots clefs : "il faut voter Emmanuel Macron", loin d'être un cri du coeur contre le F.N au soir du premier tour. Comment peut-on se revendiquer de Jean-Luc Mélenchon qui, au prix d'un calcul politique qui le regarde, a laissé grossir l'abstention et le vote blanc, au mépris d'une bataille anti F.N dont tout républicain devrai se revendiquer ? Comment peut-on incarner le barrage au F.N quand, dans cette ville, tout semble glisser sur les élus, y compris le besoin de sécurité des citoyens, le besoin d'une ville apaisée, tranquille, le besoin d'une ville réconciliée. "Devant ce choix grave, explique le député sortant, je mesure quelle est ma responsabilité." Mais jusqu'à preuve du contraire, au premier tour des législatives, il y a plus qu'un simple choix entre lui et le Front national.