C'est l'histoire d'une carte de France, celle publiée dans Le Monde daté du dimanche 4, lundi 5 et mardi 6 juin, sous le titre "Deux cents circonscriptions à suivre" et au milieu de laquelle apparaît un nom : celui de Nicolas Sansu (P.C). Parce que, parmi les déjà rares élus communistes qui siègent à l'Assemblée nationale, il risque d'être encore plus rare, si l'on accorde du crédit aux sondages (2% des voix pour le P.C...) Et l'élection de Nicolas Sansu, le député sortant, qui se représente, n'est pas acquise du tout. Le Monde en fait donc un enjeu dans le Cher, le seul d'ailleurs, dans cette deuxième circonscription qui, en 2012, a élu un député communiste/Front de gauche qui essaie, en 2017, de surfer sur la vague de son parti en froid avec la France Insoumise de Mélenchon qu'il représente aussi. Bref, le député sortant sait qu'il doit brasser large s'il veut ratisser les voix nécessaires à son élection.
La circonscription n'y gagnerait rien, dans l'hypothèse d'une majorité présidentielle, comme le dessinent les sondages (mais là encore, on s'y fie ou pas...) De toutes les façons, en cas de majorité présidentielle ou pas, l'élection d'un député communiste aujourd'hui a-t-elle encore un sens ? Serait-elle utile à la circonscription et à Vierzon ? Pendant cinq ans, le député sortant, élu pourtant grâce au désistement de la candidate socialiste, n'a fait que s'ancrer dans une opposition frontale au gouvernement socialiste, allant voter avec la droite, une tentative de sanction du gouvernement Valls...
Cette élection, dans la seconde circonscription, sera donc à regarder de très près. Rappelons-nous que le premier tour des élections présidentielles a placé Marine Le Pen en tête, dans la deuxième circonscription, celle du député communiste. Que Vierzon a donné mille voix de plus à Marine le Pen entre le premier et le second tour et deux mille voix de plus depuis 2002. Qu'aujourd'hui, la ville de Vierzon (50% de l'électorat de la circonscription) vacille entre deux fronts : celui de gauche qui n'existe d'ailleurs plus que dans les fantasmes et celui de l'extrême droite. On risque donc un duel P.C/Front national à moins que la candidate d'En Marche !, Nadia Essayan, chef de file de l'opposition, ne soit portée par ses électeurs pour enfin faire basculer cette circo et ouvrir une autre perspective politique à la ville de Vierzon.
Surtout, le P.C joue son va-tout. Nicolas Sansu, 48 ans, très actif dans son rôle d'opposant à... tout, sauf aux idées des siens, est l'une des maigres chances du parti avec André Chassaigne, en Auvergne, de placer un député communiste à l'Assemblée nationale. En cas de duel P.C/F.N, certains électeurs renverront-ils cette bataille, comme l'avait fait Mélenchon, sur l'autel du non choix choisissant alors la voix de l'abstention et du vote blanc comme réponse ? Une triangulaire est-elle possible entre le P.C/F/N et En Marche ! ? Autant de questions qui font que cette élection dans la deuxième circonscription est intéressante.
Sur la carte du Monde, Nicolas Sansu représente le P.C/Front de gauche, pas la France insoumise, même si, grâce à un accord arraché à la dernière minute, Mélenchon n'a pas mis face au député sortant, un candidat de la France insoumise. Les électeurs ont les clefs en mains. Rendez-vous au soir du 11 juin.