Dans une ville où l'on dénonce, à coup de tracts distribués sur les marchés, l'hégémonie du mouvement du président de la République, où l'on invoque le bon fonctionnement de la démocratie pour tenter de se faire élire, où l'on loue le pluralisme pour conserver sa place coûte que coûte, qu'apprend-on dans la presse locale : le remplacement du maire de Vierzon tarde parce que... les prétendants "ne font pas l'unanimité au sein de la section communiste vierzonnaise. Ils n'arrivent pas, lit-on, à se mettre d'accord". C'est une blague ? Du moins, ça y ressemble.
Dans cette ville, tenez-vous bien, l'éventuel remplaçant du maire n'est pas soumis au vote des élus du conseil municipal mais, d'abord et surtout, au bon vouloir de la cellule locale du parti communiste ! On se croirait revenu en pleine guerre froide ! Manque plus que reviennent la place Maurice Thorez et la rue Karl-Marx pour parfaire le décor.
En matière de démocratie, on a fait mieux depuis. La nouvelle semble ne pas être encore arrivée jusqu'ici. Le problème pourrait être réglé depuis longtemps, si l'actuel maire de Vierzon voulait vraiment partir : il suffirait, par exemple, de remplacer le maire par la première adjointe. Mais voilà, elle est Socialiste. Et là, la section du P.C de Vierzon voit rouge, comme d'habitude. Le pluralisme, c'est toujours mieux quand ce sont les autres qui le pratiquent. Un sketch typiquement vierzonnais.
Même le maire-adjoint à la culture, Frédéric Couturier, qualifié récemment d''"ami fidèle", n'est pas dans la course pour faute d'adhésion au parti. Que voulez-vous, la famille, c'est la famille. La dote c'est la dote. Des fois que le successeur ne paierait pas son écot au Parti le P.C ne peut pas se permettre de faire des rabais. IL faut conserver au maximum les places fortes : Vierzon, les deux cantons de Vierzon, la communauté de communes. Déjà que le P.C a perdu la députation, pas question de laisser la ville aux mains d'un non-P.C. Sacrilège. Des fois qu'il y aurait des gens de talent ailleurs et qu'on s'en apercevrait. Voilà donc où nous en sommes. On peut se demander si la section vierzonnaise du Parti communiste a des droits sur autre chose que le successeur du maire. "Le bastion communiste est tombé", titrait la presse locale, lundi matin. Pas tout à fait, il reste encore quelques murs à attaquer au buldozer.