Nadia Essayan, députée En Marche, appartenant au groupe Modem de l'Assemblée nationale, a choisi de répondre, sur Vierzonitude, à ses détracteurs.
J’écris « Messieurs », à cause de ce machisme que je sens dans vos propos, dans vos attaques, dans le procès en incompétence que vous me faites, et qui sont le fait de certains hommes, comme on l’a vu également à l’Assemblée ces derniers temps. Vos propos sont violents, mais cela vous le savez et vous vous en délectez certainement. La violence est facile…
Pour ma part, j’ai appris que l’on pouvait toujours dire ce que l’on pense sans chercher à blesser, ni à humilier l’autre qui a sa dignité pleine et entière, et je m’efforce de le faire… Je vais tenter de le faire aussi avec vous que je voudrais respecter, malgré tout.
Tout d’abord, vous dites que j’ai été élue sur la vague Macron. C’est vrai et je ne le nie pas. Et c’est souvent le cas pour les élections législatives, depuis qu’elles sont calées après l’élection présidentielle. Cela dit, j’ai passé la barre de la sélection de La République En Marche, comme près de 80 candidats MoDem. Et plusieurs d’entre eux n’ont pas été élus, puisque nous sommes 47 à l’Assemblée. Ce n’était donc pas automatique.
Je vous pose ensuite la question : que veut dire députée compétente ? Vous avez l’air de savoir. Si c’est de « gueuler » et de faire la Une des journaux grâce à cela, alors non, je ne corresponds pas à vos critères. J’ai été élue dans une alliance avec LREM sur la base d’un programme que le gouvernement actuel met en place.
Il n’est pas parfait mais il répond, ce programme, à de nombreux points que le MoDem a cherché à faire bouger : plus de transparence, d’exemplarité, de modernité, de souplesse, de pragmatisme, une réduction effective des déficits « en même temps » qu’une protection des plus faibles, une volonté de préserver les servies publics en les améliorant. Mais aussi un effort fait sur l’emploi par le biais de la formation, de l’apprentissage, une simplification du système qui pèse sur les entrepreneurs et sur tous en général, un Etat bienveillant, une Europe plus forte, etc.
Bref, je ne vais pas déployer le programme, tout le monde le connait.
Je sais aussi que ce gouvernement n’a pas obtenu un blanc-seing, et qu’il est condamné à réussir. Et mon groupe participera à sa réussite, en apportant sa musique, celle d’un groupe cohérent et homogène, plutôt expérimenté dans son ensemble.
Suis-je moi-même expérimentée ? Je n’en sais rien. J’ai une forme d’expérience, et suffisamment de bagage intellectuel et d’humanité pour comprendre ce qui nous est soumis et pouvoir juger, avec l’aide de mon groupe et de mes collaborateurs, des meilleures orientations à choisir pour le bien du plus grand nombre, pour rester vigilante sur les applications des lois en étant à l’écoute des acteurs du terrain et en faisant remonter ce qui marche, ce qui bloque… Et pour être présente sur mon territoire afin d’y soutenir les projets de développement possibles. Tout cela je pense savoir le faire.
Mes interventions, en tant que chef de file de l’opposition « Pour les Vierzonnais », en conseil municipal, étaient construites et toujours accompagnées de propositions dont certaines ont depuis été mises en oeuvre par la majorité. Je ne suis pas sectaire et je considère cela comme une qualité. J’ai toujours accepté de travailler avec la majorité municipale ou communautaire quand cela était possible, et je peux aussi collaborer avec la majorité départementale qui est d’une autre tendance politique.
Comme maire- adjointe, de 2001 à 2008, j’ai conduit et défendu le PRE (programme de réussite éducative) et je ne pense pas avoir été nulle dans les réunions que nous avions en préfecture avec les différents partenaires.
J’ai aussi travaillé avec les clubs sportifs sur une Charte du respect, à l’heure où beaucoup se plaignaient de la dégradation des rapports entre joueurs, éducateurs et même parents.
J’ai toujours souhaité faire l’évaluation de mes pratiques. C’est ainsi que j’avais mis en place un journal à destination des parents afin de les tenir au courant de la vie des écoles dont j’avais la charge, et, de cette manière, le service Affaires scolaires avait une forme de bilan continuel sur lequel il pouvait s’appuyer pour relire son action, la valoriser, et évoluer.
J’ai toujours été proche des commerçants, facilitatrice quand c’était possible. Des entrepreneurs aussi. Je le faisais car c’est à eux que l’on doit en grande partie l’emploi et le dynamisme de nos territoires. On voit bien le vide que laisse un commerce fermé.
J’ai défendu bec et ongles des dossiers concernant des jeunes de notre département, en tant que personne qualifiée, membre du conseil d’administration à la CAF. Parce que je pense que cela vaut la peine d’investir sur les jeunes, de leur donner les moyens de trouver une place, leur place, auprès des autres, en misant sur la formation ou l’apprentissage, en aidant ceux qui n’ont pas de réseaux. Personne qualifiée, moi ? Le préfet de l’époque a estimé que oui.
Plus tôt dans le temps, lorsque, jeune maman de 4 enfants, j’enseignais la sociologie médicale à l’école d’infirmières devenue IFSI, j’ai mis l’accent sur la dignité de la personne humaine dans le soin, sur la nécessité de considérer la personne globalement, avec son environnement, et non comme un « objet » coupé de tout parce qu’il est entré à l’hôpital. A l’époque, nous étions sous le coup des progrès de la médecine et de la spécialisation qui morcelait l’individu et l’infantilisait.
Je pense avoir mené à bon port les autres missions qui m’ont été confiées, tant au lieu d’accueil parental à Bourges Nord, qu’à l’ACI, à Paris (association proche de la JOC ou de l’ACO que beaucoup connaissent).
Je ne me suis jamais trop mise en avant, c’est vrai, parce que j’ai toujours considéré qu’on avançait à plusieurs mieux que tout seul. Comme chef de file de l’opposition, j’ai veillé à donner une place à chacun des conseillers de mon groupe. C’est ma conception du travail en politique. A propos, je vis mes différents mandats et postes avec bonheur, c’est vrai, ne vous en déplaise. J’ai cette chance d’apprécier ce que je vis, là où je suis.
Quant aux allusions concernant mes origines, elles méritent aussi de recevoir une réponse : je suis arrivée en France comme réfugiée palestinienne. Je suis reconnaissante à la France de m’avoir « adoptée ». Je pense ne pas avoir démérité en retour, notamment en m’engageant en politique, cet univers qui n’est pas tendre pour les femmes.
J’en profite pour vous dire que je ne vous remercie pas pour vos propos, mais ils me donnent l’occasion de revenir sur mon parcours et mes compétences. Donc je tire, là encore et malgré vous peut-être, d’un mal (vos écrits), un bien (ma relecture).
Je suis, comme toujours, ouverte à la rencontre parce que rien ne vaut le contact direct, mais il faudrait pour cela que vous sortiez de votre anonymat.