Faisons abstraction de la politique politicienne qui gâte le débat. Et regardons les faits. Aujourd'hui, individuellement, les députés sont-ils en capacité, chacun dans leur circonscription, de pouvoir maintenir des services dans les hôpitaux ? Ne donne-t-on pas aux députés, des pouvoirs qu'ils ne possèdent pas ? Qu'ils soient solidaires d'une cause, ça ne mange pas de pain. Et les promesses n'engagent que ceux qui y croient. La venue de Philippe Vigier, député d'Eure-et-Loir, à Vierzon, mercredi 27 juin, pour soutenir le personnel hospitalier en grève illimitée depuis le 11 juin, est évidemment symbolique. Utile ? Pas sûr.
Car le député d'Eure-et-Loir s'est engagé pour le maintien de la maternité de Chateaudun et il n'y est pas parvenu. "Et tout député qu’il est, Philippe Vigier n’a pas réussi à empêcher la fermeture de sa maternité !", a écrit Nadia Essayan, la députée du Cher. L'argument fait mouche. Alors, le pouvoir est-il entre les mains des parlementaires, de la majorité comme de l'opposition ? La députée de la circonscription de Vierzon se targue d'une vingtaine d'interventions auprès de différents services, y compris celui du ministère de la santé, sans compter à l'agence régionale de santé à Orléans. Pour quels résultats concrets aujourd'hui ?
Il ne faut pas confondre un engagement de principe, une parole politique où là, on le sait, tous les élus ont la langue bien pendue, s'engage à faire plier les autorités. C'est très agréable à entendre, mais dans les faits, c'est généralement du pipeau. Alors, veut-on une sérénade sur fond de pipeau, ou veut-on des résultats ? On en revient au pouvoir des parlementaires. Ont-il la main ? Non. Peuvent-ils infléchir le destin d'un établissement hospitalier comme celui de Vierzon ? Non. Sinon, nous n'aurions ni ce débat, ni cette mobilisation.
Ce qui arrive aux hôpitaux, à la maternité de Vierzon, à son bloc opératoire, est le fruit d'une politique de long terme qui a détruit, petit à petit, le système en confondant entreprise et hôpital, bénéfices et service public. Alors, qu'une majorité puisse infléchir une décision, c'est toujours possible. Mais qu'un ou une députée soit capable, seul, de faire fléchir une autorité de tutelle, il ne faut pas y croire. La décision qui sera prise pour Vierzon, si elle n'est pas déjà prise, dépendra d'une décision politique mais aucunement liée à la seule volonté, même pugnace, d'un député.
On voit mal comment la députée de la circonscription de Vierzon puisse être viscéralement contre la fermeture de la maternité, du bloc opératoire et du service chirurgie. On voit mal comment SA décision pourrait changer les choses. A Châteaudun, Philippe Vigier n'y est pas parvenu. Lui en tient-on rigueur à Vierzon ? Non, parce qu'il est venu soutenir le personnel hospitalier.
La députée pourrait le faire, mais elle ne le fait pas, pas de cette façon, explique-t-elle. Est-ce que cela changerait les choses ? Franchement non. Comme on l'a déjà écrit, aux politiques de faire leur job : maintenir un territoire en vie, un hôpital debout, une maternité ouverte. On a vu des députés soutenir des causes, c'était très joli, mais complètement inutile. Or, aujourd'hui, l'hôpital de Vierzon a besoin de faits, de décisions positives. Peu importe d'où elles viennent. Si elles sont prises, ils seront nombreux à s'en revendiquer. Mais on sait à qui en reviendra vraiment le mérite : à ceux qui ne s'en vanteront pas. Car le personnel aura déjà été retourné travailler...