Il y a des week-end, comme ça, où les combats politiques virent à la foire d'empoigne. Le débat en sort-il grandi ? Evidemment non, surtout quand les uns et les autres affûtent leurs arguments sur la pierre du buzz. Car qu'est-ce qui les empêche de régler leurs comptes en s'envoyant, par exemple, des mails, des coups de fils, des messages privés ?
Non, il faut que la communauté (des électeurs) en profite. Ceux qui évitent les réseaux sociaux (c'est vrai, ils sont rares mais il y en a), savent que l'arène politique a quitté le champ des traditionnels communiqués de presse et des réponses qui allaient avec, pour Twitter et facebook entre autres. Du coup, tout le monde s'y met et voilà comment un fait politique devient une foire d'empoigne.
La marche blanche, samedi, a inspiré le maire de Vierzon qui, dans un post cinglant sur sa page facebook, compare les députés du Cher de la majorité qui défilent à la marche blanche à des criminels : "Marche blanche pour l’hôpital de Bourges. Comme pour toute marche, les criminels défilent ! Les députés qui ont voté 1,4 milliards d’euros en moins pour l’hôpital public (plfss pour 2018) viennent se plaindre." On a compris le parallèle avec la marche blanche, habituellement réservée, justement, à rendre hommage à des victimes de crimes... N'a-t-on pas vu, non plus, dans l'actualité récente, des participants à une marche blanche s'avérer être les criminels... La tirade est inspirée mais elle est violente.
Du coup, l'un des députés visés, François Cormier-Bouligeon, répond au maire de Vierzon, Nicolas Sansu, dans des termes qui, eux aussi, sont loin d'évoquer les problèmes que rencontrent la santé dans le Cher... "Le communisme a tué des dizaines de millions d’êtres humains depuis un siècle. Nous aucun." Réponse du berger à la bergère... L'affrontement politique est net. Les termes choisis pour frapper.
Plus tôt, vendredi, c'est une autre polémique qui naît, à Saint-Florent-sur-Cher lors d'une visite de la députée Nadia Essayan, aux maires du secteur. Interpellée par la CGT, la députée finira par déposer plainte contre le syndicat, à l'origine selon la parlementaire, de ce genre de propos : "je ne pourrai plus sortir de chez moi ni circuler dans la rue tranquille".
Sur le site internet de la presse locale, la CGT explique "qu’aucune menace à son encontre n’a été proférée". Est-ce ces phrases ont-elle été ou non prononcées, la CGT ne l'écarte pas non plus, ajoutant d'ailleurs que "le climat social est extrêmement tendu, mais les députés ne le voient pas". Ce serait même la première fois qu’un député du Cher porte plainte contre des militants syndicaux, selon la CGT. Sacré week-end.
Voici deux exemples qui montrent combien, effectivement, le climat se tend et combien il peut se tendre avec une sémantique singulière qui, une fois allumée comme une mèche, se répand à la vitesse de la lumière sur les réseaux sociaux. Il faut dire que sur Facebook et Twitter, les mots sont râpeux, garantis avec échardes et il semble que, plus ils cognent, meilleurs c'est.
Aux uns qui les assènent, aux autres qui les reprennent au rebond en leur donnant une chambre d'écho inespéré, voilà comment on arrive à perdre la substance du débat et surtout du débat politique. On s'insulte, en public de préférence. Comme un spectacle, qui plus est gratuit avec, derrière chacun, les réseauteurs convaincus que l'un a raison et que l'autre a tort. Au bout du compte (facebook et twitter), qu'en retient-on ?