Franck Piffault, conseiller municipal de l'opposition et spécialiste de l’intercommunalité répond à nos questions.
Ca bouge beaucoup dans les intercommunalités autour de Vierzon ? Qu'est-ce que ces mouvements vous inspirent ?
Ces mouvements sont des signes très positifs. Pour la première fois depuis une vingtaine d’années, les élus décident de choisir de faire une intercommunalité qui soit voulue et qui corresponde au bassin de vie et d’activités. Jusqu’à présent c’est la loi qui avait contraint les élus à façonner l’intercommunalité. Aujourd’hui c’est leur volonté. C’est donc quelque chose de très important et favorable à notre territoire.

Foeçy qui va intégrer la CDC de Vierzon, cela vous semble-t-il logique ?
Evidemment, Foëcy fait partie du même bassin de vie que la Communauté de communes Vierzon Sologne Berry. C’était paradoxal qu’à partir de Givry nous n’étions plus dans la même intercommunalité. Cela sera fait à partir du 1er janvier 2019 et c’est très bien.
En revanche, il semble que Méreau traîne toujours les pieds...
Méreau réfléchit à son choix d’intercommunalité. C’est une commune très liée géographiquement à Vierzon (près de 70% des habitants de Méreau habitent très proches de Vierzon) et qui travaille déjà avec Vierzon sur certaines compétences, par exemple l’eau. J’ai été 19 ans élus à Méreau et je pense que naturellement Méreau mais pas uniquement, Massay aussi ont vocation à faire partie de la même intercommunalité que Vierzon.
Massay semble décidée à prendre sa décision de rejoindre la communauté de communes de Vierzon d’ici la fin de l’été ; c’est très encourageant. Et il faut travailler avec les élus de Massay pour leur donner toutes les informations nécessaires et objectives pour qu’ils puissent choisir en toute connaissance de cause.
Pour Méreau, les élus doivent en parler librement entre eux et aussi expliquer les enjeux et les conséquences pour les habitants. Ces « mariages » doivent se faire avec une vraie volonté de partager un même projet de territoire. Avec Méreau on voit spontanément beaucoup d’intérêt à un tel mariage.

Les communes de la forêt devraient aussi intégrer la CDC de Vierzon. Vignoux, Saint-Laurent, ok. Pensez-vous que Neuvy, Vouzeron, Nançay suivront ?
Vignoux ne s’est pas encore prononcé sur la question. C’est pourquoi je tenais à faire cette réunion le 27 juin dernier sur cette commune pour faciliter la discussion et les échanges avec les élus. Neuvy, St Laurent et Vouzeron ont très envie de rejoindre l’intercommunalité vierzonnaise et même de façon rapide. Les élus de Nançay sont plus réticents. Ils ont besoin d’avoir des garanties, et c’est bien légitime, en matière de gouvernance et de fonctionnement de l’intercommunalité, en matière de relations financières et des conséquences éventuelles pour les habitants.
Sur ce point il est facile de communiquer ce type d’information. Et il est important de rappeler que les ressources financières des intercommunalités n’affectent que très peu impôts locaux payés par les habitants par les communes avant leur intégration. Il faut présenter les choses objectivement pour que les gens comprennent ce point et ne soient pas mal informés en la matière. Il existe beaucoup de désinformation à ce sujet.

Croyez-vous toujours possible la création d'une agglo autour de Vierzon ? Si oui, avec quelles communes ?
Juridiquement pour créer une agglomération il faut 50 000 habitants ce qui est compliqué sur le territoire du seul Pays de Vierzon. Mais sans aller jusque-là, même si une communauté d’agglomération apporterait des ressources plus importantes, une intercommunalité vierzonnaise élargie à l’ensemble de son bassin de vie serait déjà une avancée majeure. Mais tout ceci n’a de sens que si les élus développement un projet de territoire partagé. Il faut qu’il y ait une vraie envie de développé partagé et solidaire afin de rendre notre territoire plus attractif et dynamique.

Etes-vous favorable, à terme, à une grande agglo avec Bourges ? N'est-ce pas démesuré ?
La question n’est pas d’actualité. Le plus important et le plus urgent est le renforcement d’une intercommunalité vierzonnaise. La concurrence des territoires au niveau régional est devenue encore plus rude depuis la création des deux métropoles à Orléans et à Tours. Il est sûr que cela rend ces intercommunalités encore plus fortes, plus puissantes et plus attractives. Elles sont en mesure de capter beaucoup de richesse et de développement.
Le Berry se trouve plus démuni dans cette compétition avec des intercommunalités plus petites, plus fragiles et qui sont déjà confrontées à des difficultés économiques plus importantes que les métropoles en question. Je ne sais pas si cela passe par une grande communauté d’agglomération entre Bourges et Vierzon ; intercommunalité qui compromettrait l’existence même du département du Cher. Je serai plutôt favorable à la création d’un département du Berry, en fusionnant le département du Cher et de l’Indre. Car je pense que les territoires ruraux ont besoin de ce nouvel échelon départemental pour leur assurer un aménagement du territoire équilibré entre l’urbain et le rural par exemple.

La communauté de communes de Vierzon a de plus en plus de compétences. Est-ce qu'elle aura plus de pouvoir que la ville seule de Vierzon ?
C’est la tendance avec les intercommunalités. De plus en plus de choses se décident à ce niveau. Mais la commune garde tout son intérêt en matière de proximité et de lien avec les habitants. Mais même si les habitants n’ont pas conscience de cela, c’est l’intercommunalité qui agit de plus en plus pour leur quotidien. Mais la ville de Vierzon a encore beaucoup de prérogatives notamment en matière de sécurité, de voirie…. Et la ville au travers de ses représentants au sein du Conseil communautaire pèse sur les choix qui sont fait.

Est-ce que l'avenir des territoires, ce sont toujours les villes ou sont-ce les intercommunalités ?
Les intercommunalités seront prédominantes. Mais les relations avec les communes resteront fondamentales car elles continueront plus que jamais à être les actrices privilégiées de la proximité et du lien avec les habitants. Après, pour les communes qui le souhaitent, en plus de l’intercommunalité on peut envisager la création de communes nouvelles qui est la traduction de la fusion d’au moins 2 communes. C’est notamment une tendance très forte dans le grand ouest de la France. La commune nouvelle présente l’avantage de bénéficier de ressources financières bonifiées (DGF notamment) et aussi d’avoir un poids plus important au sein de l’intercommunalité.
Il me parait important que tout en construisant des intercommunalités à des tailles suffisantes et adaptées il faut se préoccuper de garantir un avenir partagé et au même rythme à l’ensemble des territoires qu’ils soient ruraux ou urbains.