Cher Frédéric Potet, journaliste au Monde,
Que ne fut pas notre surprise (bonne) de lire un article dans le supplément l'Epoque du monde daté du lundi 9 juillet 2018 sur les Medley's Dies, nos majorettes qui montent. Mais que ne fut pas notre surprise (mauvaise) d'y lire au tout début de la deuxième colonne : "A Vierzon, ville moquée par Jacques Brel dans la chanson Vesoul..." Comment peut-on lire cette non-vérité (évitons de dire un mensonge) dans un journal aussi sérieux que Le Monde ?
Voilà plus de dix ans qu'un petit noyau de passionnés de Brel et en même temps, pour reprendre la geste macronnienne, de Vierzon, démine cette idée fausse que Jacques Brel a nuit à Vierzon. D'ailleurs, cher Frédéric, pourquoi cette chanson aurait-elle nuit plus à Vierzon qu'à Vesoul, Honfleur et Hambourg ? Quel procès d'intention, quelle méconnaissance de la culture Brelo-vierzonnaise !
Ce n'est pas pour rien que ce petit noyau de démineurs d'idées reçues est allé à Vesoul (certains en vélos, d'autres en tracteur), à Honfleur également, ce n'est pas pour rien qu'un des plus éminents spécialistes de Jacques Brel, Jean-Marie Favière, un Vierzonnais brélien pur beurre, défend aussi l'idée que la chanson de Brel n'a pas nuit à Vierzon, au contraire.
Ce n'est pas pour rien qu'à force de persuasion et d'insistance, la ville de Vierzon se décide enfin à donner à l'une de ses futures places, chantier majeur, du siècle, osons le terme, le nom de Jacques Brel. Ce n'est pas pour rien non plus qu'un ouvrage sortira en septembre, un recueil de lettres adressées à Jacques Brel, pour lui dire combien cette ville, Vierzon, lui doit tout.
Alors, vous comprendrez que cette petite phrase, glissée dans cet article, mine la dynamique qui était en marche (rien à voir avec le Président). Vous comprendrez qu'en quelques mots, dans un journal de référence, vous puissiez briser un élan, une reconquête, vous fauchez au pied le travail acharné d'une poignée de gens qui, au contraire, savent que Brel a plus apporté à Vierzon en 50 ans que n'importe quelle campagne coûteuse de communication dans le métro parisien.
Ajoutons à cela que, autour du mystère de la venue de Brel à Vierzon (l'a-t-il vu ou pas ?), en décembre 2017, sa fille est venue, expliquer à ce petit noyau de fous bréliens et vierzonnais que jamais son père n'a voulu nuire à Vierzon et aux villes citées. Elle a bouclé la boucle, elle reviendra en novembre pour le salon du livre. Le plus éminent spécialiste de Brel, Jean-Marie Favière, de Vierzon, est cité dans le dernier livre que France Brel vient de sortir. Il y a ici, une conjonction idéale de hasards qui font de Vierzon, la patrie de Brel par excellence. On ne sait rien de ses liens avec cette ville, nous les imaginons ! C'est encore mieux.
Comprenez alors que votre petite phrase heurte la sensibilité brélienne de ce blog. Que si Jacques Brel n'avait pas écrit sa Belgitude, nous n'aurions pas écrit notre Vierzonitude. Vous estimez Vierzon moquée par Brel, mais nous estimons, nous, Brélo-Vierzonnais, que c'est cette petite phrase qui risque de nuire bien plus qu'une allégation sans fondement, à Vierzon.
Alors, de grâce, venez jeter un oeil ici, chez nous, au pays de Brel. Venez rencontrer ceux qui en parlent le mieux. 50 ans ont passé depuis la chanson et Vierzon est connue grâce à elle. Dommage que Le Monde moissonne en quelques mots, la récolte positive de toute une vie de passion.
Vierzonitudement vôtre. Au plaisir de vous serrer la main rue Jacques Brel à Vierzon...