Corinne Duchêne, vous l'avez sans doute croisé en forêt de Vierzon, lors d'une soirée bercée par la lune. Chanteuse et parolière de Blues Rock, fascinée par les mythologies et les légendes, elle a senti un jour le conte s’imposer comme une évidence. Vierzonitude lui a tout demandé.
Dernier ouvrage :
Contes et légendes du Berry, tome 2. Editons Alice Lyner
1 - Qu'est-ce qu'une conteuse du merveilleux ?
C’est une conteuse qui se met au service des récits merveilleux. C’est une expression que j’ai trouvée pour définir mon univers artistique.
2 - Qu'a-t-il de si fantastique le Berry en matière d'histoires ?
Je m’intéresse aux contes sous toutes ses formes et de tous les continents. Le Berry, où j’ai grandi, est une province rurale qui a gardé quelques beaux restes d’une riche traditions orales. Je regrette qu’il n’y ait pas eu plus de collecteurs au temps des veillées.
3 - Des traditions orales recueillies dans un livre, c'est donc des traditions écrites ?
Rassembler des bribes de tradition orale pour les restaurer, les travailler comme un puzzle, les faire revivre à travers des contes écrits, ou contés en spectacle, est pour moi une bonne solution pour les faire découvrir au curieux du 21ème siècle. Je ne suis pas du tout branchée folklore, mais tradition. Une culture ne doit pas se figer. Elle doit évoluer, s’enrichir, se réinventer pour survivre.
4 - Qu'elle est l'histoire du Berry qui vous fascine le plus ?
J’ai eu un coup de cœur pour le conte “Le petit geault” de Maurice Sand. C’est le premier conte que j’ai choisi d’apprendre à conter en rentrant au Conservatoire contemporain de Littérature Orale de Vendôme. C’était en 1995. Mon conte préféré, c’est le conte “La Loba et le Taiseux”. Un conte que j’ai écrit en m’inspirant des traditions orales berrichonnes et manouches. L’histoire d’un homme qui va devoir vivre une vie de femme, puis de louve, connaitre la douleur de perdre un petit, pour enfin pouvoir être père. J’ai toujours un frisson quand je le conte.

5 - Comment passe-t-on de la moto aux contes traditionnels, de concerts rock vielle à roue ?
J’ai toujours été passionnée : Harley Davidson, contes, musiques, archéologie, ethnologie... Mes goûts sont éclectiques car je suis curieuse de nature. J’aime tout ce qui m’enrichi en me faisant rencontrer des personnes d’un autre univers. On joue ce qu’on veut avec une vielle : musiques trad, rock, baroque, jazz... J’ai quatre copies de vielles anciennes (du 13ème au 18ème siècle) et une vielle alto contemporaine. Cet instrument me fascine et je regrette de ne pas avoir assez de temps à lui consacrer.
6 - Que représente l'écriture dans votre vie ?
J’écris tous les contes de mes spectacles. Cela fait partie de mon métier. J’ai la chance de participer ponctuellement à des livres collectifs de contes. J’ai été très honorée qu’un de mes contes ait été traduit dans un livre sur la culture française pour les élèves d’universités japonaises. Je ne suis pas écrivain, mais conteuse. Figer par l’écrit un conte est pour moi douloureux car c’est une matière vivante. Je ne suis qu’une passeuse au service du Conte.
7 - Comment collectez-vous ces contes ?
Pour mes deux livres de contes et légendes du Berry, je me suis inspirée de souvenirs des veillées de mon enfance, de la mémoire des anciens collectée par mes soins et d’archives privées ou publiques. Je conte rarement des contes du Berry. Je conte un peu partout en France et je n’en ai pas la demande par les programmateurs.
Au gré de mes différents spectacles, je puise mon inspiration dans les contes traditionnels et la riche mythologie française, les contes merveilleux et fantastiques du Moyen Age, les épopées et les mythologies de l’Antiquité et des pays celtes, les récits de création du monde et de métamorphoses homme-animal de diverses cultures de tous les continents. J’aime les belles histoires qui parlent des femmes.
8 – Pensez-vous que l'on puisse créer des légendes contemporaines ?
Des légendes naissent parfois même dans les cités urbaines. Nous avons tous besoin d’imaginaire, de merveilleux. La mixité culturelle est pour moi une source de richesse. J’aime apporter le conte à tous les publics. Je regrette que les personnes qui arrivent en France aient une culture ayant rompu le fils de la tradition orale depuis deux générations, tout comme nous.
10 - Qu'est-ce que vous rêveriez d'écrire
Je ne suis pas écrivain. Je m’épanouie totalement dans mon métier d’artiste conteuse.

Corinne Duchêne, conteuse du merveilleux
Contes traditionnels pour petites et grandes oreilles, animations médiévales et antiques, interventions pédagogiques, spectacles de mise en valeur de sites naturels, légendaires, historiques et...