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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Salon du livre de Vierzon : Les éditions La Bouinotte, un label porté par Gilles Boizeau

Publié par vierzonitude sur 9 Novembre 2018, 14:00pm

Les éditions de la Bouinotte sont connues comme le loup blanc. C'est l'empreinte d'un territoire, le Berry, mais c'est surtout un vivier d'auteurs hétéroclites qui nourrissent cette vénérable maison, amoureuse du livre comme elle l'est de ses racines. Vierzonitude a cuisiné Gilles Boizeau, le directeur des éditions La Bouinotte.

Salon du livre de Vierzon : Les éditions La Bouinotte, un label porté par Gilles Boizeau

1 - On parle souvent d'édition régionaliste, n'est-ce pas un peu réducteur ?


J’ai l’impression que l’on ne parle plus beaucoup d’édition « régionaliste ». Un terme qui peut prêter à confusion quant aux intentions de celui qui le porte. Nous sommes une maison d’édition régionale, qui travaille sur un territoire allant de la Sologne au Limousin, mais développant, comme éditeur de livre, des thématiques, des styles de livres et d’écritures qui ne font pas référence à une quelconque revendication régionaliste. Le magazine La Bouinotte est certainement plus porteur d’identité, mais une identité ouverte au monde, à ceux qui « font » le Berry d’aujourd’hui, parce qu’ils sont nés ici ou qu’ils ont fait le choix d’y vivre. La première mission reste de valoriser le Berry aux yeux de ses propres habitants. 

 

2 - Comment se porte justement l'édition que vous représentez ?


Plutôt bien, même si nous sommes une structure fragile : quatre salariés pour une activité portant sur deux secteurs finalement assez différents, la presse et l’édition de livres. Nous sommes évidemment confrontés aux problèmes conjoncturels, à la réaction des consommateurs face à la baisse ressentie du pouvoir d’achat. La plus grande crainte vient cependant de la disparition progressive du tissu commercial, des librairies et des maisons de presse, depuis une dizaine d’années. Sans points de vente, il est beaucoup plus difficile de toucher les lecteurs… Et la disparition d’un point de vente n’entraîne jamais le report intégral de la clientèle sur une autre point de vente, quand il en existe d’ailleurs (et c’est loin d’être le cas dans une majorité de localités du Berry).

 

3 - Quel type de livres privilégient les éditions La Bouinotte ?


Nous travaillons essentiellement des livres qui ont un rapport avec le territoire. C’est un critère fondamental. Dans ce cadre-là, nous avons développé des collections dans des genres différents, roman terroir, polars, BD, livres thématiques, beaux-livres, guides. Nous sommes sur une activité de proximité. Le ressenti est important, y compris le contact avec l’auteur, sa capacité ou non à défendre son livre.

 

4 - Certaines ventes "régionales" valent largement des ventes "nationales", vous confirmez ?

Pour ce que je sais du tirage de certains livres nationaux, oui. Un premier tirage pourra atteindre, au national, 2 à 3000 exemplaires. Nous n’en sommes pas loin pour certains titres. Et quand nous atteignons, rarement certes, 4 à 8000 ventes, c’est extraordinaire… Si l’on reporte à la population que nous touchons à travers notre réseau, autour de 700 000 personnes, cela représente même une sacrée performance.

 

5 - Quelle (s) différence (s) entre une édition comme La Bouinotte et une édition nationale ?


La proximité bien sûr. Celle avec les auteurs au premier chef, mais aussi avec les lecteurs et les libraires, que nous côtoyons au quotidien. Ces échanges nous sont indispensables. En termes de retours sur ce que nous produisons, mais aussi en termes d'idées (de publications, de commercialisation). Et la durée de vie d’un livre n’est pas la même. Nous les travaillons jusqu’à épuisement du stock, par sur un rythme de quelques semaines ou quelques mois.


6 - Le livre papier a-t-il encore un avenir ?


Je le crois. Dans quelles proportions par rapport au numérique, je ne le sais pas, même si l’on constate que le format numérique tend à stagner. Mais faut-il d'abord se demander si le livre – papier ou numérique - comme texte long, avec l’exigence en temps qu’il implique, a un avenir. On lit toujours beaucoup, mais les sources sont extrêmement variées, les formats très courts. Le livre se maintiendra, comme indispensable vecteur d’idées, mais pour quelle frange de la population? 


7 - La multiplication des salons du livre fait-elle votre bonheur ?


Plus il y en a, plus le livre est visible, vivant, mieux c’est pour un éditeur, un auteur, bien sûr. La rencontre entre lecteur et auteur fait partie du jeu, du plaisir. Il fait en sorte que l’activité d’auteur ne se réduise pas à un sport solitaire. Cependant, on peine toujours à « sortir » le livre de ses "limites mentales ». Comment faire en sorte d’attirer un public large, jeune, d’attiser la curiosité en dehors des cercles sensibles à la lecture et la littérature? C’est un enjeu pour chaque organisateur de salon, j’en fais partie, et la réponse n’est jamais évidente, le constat parfois décevant. Il faut être inventif, pour faire en sorte que le livre s'adresse à toutes les franges de la population et tout d'abord aux plus jeunes.

 

8 - Pouvez-vous nous détailler le prix d'un livre : part auteur, éditeur, fabrication etc ? 
 

On oscille entre ce que l'on appelle les coûts fixes (impression, mise en page, illustration) et coûts variables (les remises libraires et droits d'auteur), ces derniers évoluant suivant le volume de livres vendus. Pour faire simple, sur un livre vendu dans le circuit classique, l'auteur touche en moyenne 10 %, le libraire 30 à 40 %, le distributeur-diffuseur 20 à 25 % et l'éditeur… le reste, soit près de 30 %. Avec ces 30 % là, il paye ses coûts fixes et se rémunère. Si possible. Dans notre cas, nous sommes éditeur, diffuseur et distributeur. Nous touchons donc de 50 à 60 % du prix d'un livre vendu. Avec ce système, nous atteignons un point mort entre 250 et 450 exemplaires pour des tirages s'étageant de 600 à 2000 exemplaires.

 

9 - Vos atouts ? Vos faiblesses ?


Nos atouts : la proximité, le contact avec tous les acteurs de la chaîne du livre, notre réactivité (pour le réassort, les réimpressions, le délai commande-livraison). L'aspect "ambiance familiale" également que nous aimons cultiver avec nos auteurs. Les faiblesses : notre zone de commercialisation restreinte, notre difficulté à anticiper les sorties et les préparer en amont, notre capacité à communiquer, importante localement mais très limitée au-delà, les délais de lecture des manuscrits et de retour vers les "candidats-auteurs", ce qui nous occasionne régulièrement des loupés. Les difficultés d'une petite équipe, finalement…

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M
Vu le nombre de commentaire qu'inspire le salon du Livre... ? Comment s'étonner de la fermeture de la Maison de la Presse, qui était un de nos relais privilégiés des auteurs et éditions de notre région !
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