Voilà, nous avons basculé ! A Vierzon, il y a désormais plus de salons de coiffure que de bistrots. On en compte, si Vierzonitude ne s'est pas trompé, trente-trois (qui ont pignon sur rue) contre trente-deux bistrots aujourd'hui. Avec le coiffeurs à domicile, les coupeurs de cheveux en quatre sont plus nombreux que les limonadiers. Manqueraient plus que les assureurs et les opticiens soient, un our, plus nombreux que les licences IV et là, il n'y a plus qu'à fermer la boutique.
Comment en est-on arrivé là ? Comment une ville peut compter plus de coiffeurs que de bistrots ? Pourquoi il n'existe plus, de bistrot-coiffeur ? Pourquoi une laverie automatique sert-elle de lien social entre les gens qui viennent tourner leurs linges dans le tambour ? Pourquoi le café a perdu cette fonction-là ?
Historiquement, les salons de coiffure ont toujours été très nombreux à Vierzon. On raconte, mais cela n'a rien de scientifique, que l'écroulement des usines de confections, à Vierzon, a poussé les mères de famille à conseiller à leurs filles de devenir coiffeuses. Mais les bistrots, bordel, les bistrots, c'est toute l'histoire de Vierzon. Même la Bourse du travail de la CGT est née dans un troquet à Vierzon ! Les commerçants avaient le sien, les pêcheurs aussi, les cheminots n'en parlons pas, les jardiniers aussi, les mariniers.... Toutes les catégories socio-professionnelles se retrouvaient sous une enseigne de caboulot.
Et là, les courbes se croisent. plus de figaros que de tenanciers. Non pas que les salons de coiffure ne sont pas charmants, on y sert même des cafés, c'est la preuve que l'arabica est fédérateur. Mais, chez un coiffeur, on prend rendez-vous. On ne s'appuie pas à un comptoir. On y raconte aussi sa vie, le temps qu'il fait, ses lecteurs, point commun avec l'estaminet. Mais quand même. Au bistrot, on rase gratis. Ce n'est jamais la barbe. On coupe aussi les cheveux en quatre. Et à un cheveu près, on croise le monde idéal.
Rendez-vous compte, les bistrots moins nombreux que les coiffeurs ? Et demain, on ira où pour boire son crème avec des gens de connaissance et d'autres qu'on ne connaît pas. Il est temps de sauver le bistrot, nom de Dieu ! De le considérer comme une espèce en voie de disparition. Nous n'avons rien contre les coiffeurs, mais tout de même, plus nombreux à Vierzon que les rades...