"L'impôt n'est pas sale. On en a besoin pour les écoles, les hôpitaux, les services publics... C'est l'injustice sociale qui est sale", peut-on lire dans la presse locale, de la part du maire de Vierzon qui recevait, au conseil municipal de jeudi soir, des gilets jaunes.
"L'impôt n'est pas sale", surtout quand on peut l'augmenter localement, quand on profite que la taxe d'habitation baisse d'un côté pour grappiller de l'autre tout en accusant le gouvernement d'être à l'origine de cette hausse parce que tout est de la faute des autres.
"L'impôt n'est pas sale", quand à Vierzon, on appelle ça du matraquage fiscal depuis des décennies, que les impôts locaux et fonciers ont toujours été élevés car ils ont toujours été la variable d'ajustement d'une politique qui a encore cours aujourd'hui.
"L'impôt n'est pas sale", surtout quand des élus ne vivent que de l'argent public, donc de l'impôt. D'ailleurs, dans le résumé du guide pratique "que fait-on avec vos impôts", on lit "les écoles, les hôpitaux, les services publics", mais on oublie les élus, c'est important quand même de savoir que les élus sont aussi payés avec l'argent public.
Mais il y a sans doute élus et élus, les bons et les mauvais, et les mauvais ne sont pas évidemment pas ceux qui augmentent les impôts de leurs administrés. C'est étonnant d'inciter des gilets jaunes à vouloir faire exploser un système, sachant et souhaitant qu'il n'explosera pas, tout en profitant de ce système. On croirait Mélenchon qui hurle à la révolution tout en caressant son patrimoine immobilier d'une main qu'il a obtenu grâce à ces mandats d'élus de l'autre. Lui et d'autres mais se revendiquer du peuple tout en le regardant du haut de sa résidence secondaire, c'est cocasse en ces temps difficiles.
Evidemment, quand des gilets jaunes demandent des baisses d'impôts, la majorité municipale, pourtant du côté des gilets jaunes, pince un peu des lèvres. On ne peut pas dire aux gilets jaunes vous avez raison, et augmenter les impôts chez soi. Inconfortable position.
"C'est l'injustice sociale qui est sale", oui c'est très vrai. La majorité fustige ces 358.000 familles qui possèdent la moitié de la richesse nationale, ces puissances de l'argent, cet univers de la finance, oui c'est vrai tout cela. Alors, expliquez nous pourquoi, dans une ville qui fustige les actionnaires, c'est la société d'économie mixte de la ville qui a financé, à travers un emprunt, le siège social de Véolia, dans une ville qui fustige les actionnaires du CAC 40, on construit des bâtiments relais pour y loger des entreprises qui appartiennent à ce même CAC 40. L'injustice sociale se double alors d'une incompréhension. Mais là, ce n'est pas sale puisque c'est une décision politique assumée.