La sociologie vierzonnaise, nous l'avons déjà écrit ici, à plusieurs reprises, est prête à transformer Vierzon en Hénin-Beaumont, une ville que l'extrême-droite est en mesure de rafler. Les gesticulations sémantiques n'y feront rien. Si demain, le rassemblement national envoie à Vierzon un de leur VRP parachuté qui sait bien vendre la maison le Pen, Vierzon peut basculer.
C'est la crainte. Petit à petit, le parti de Marine Le Pen fait son nid à Vierzon, au point de finir avec plus de 28% aux Européennes avec 2.258 voix. ce n'est pas son meilleur score. Mais l'autre indicateur, c'est le P.C en troisième position derrière La République en Marche.
L'ancrage perd de sa force. Tout simplement parce que le Parti communiste de Vierzon qui aime le pouvoir sans partage dirige cette ville à l'ancienne, avec de vieilles recettes qui ont échoué : du goudron, du béton, des subventions, des bons d'achat pour la rentrée, du Pépone dans le texte.
sauf que la ville rêve d'autre chose que de parkings à poids-lourds, que de restaurants en périphérie dont la terrasse caresse l'autoroute, que de supermarchés qui sortent de terre, que des inaugurations dont on croirait qu'on fête la Tour Eiffel ! Vierzon n'a pas besoin d'illusionnistes et de marchands de souvenirs.
Que fait vraiment l'extrême-droite ? Elle récupère les erreurs du P.C, ses silences, son manque d'ambition et d'action, ses bricolages pour faire de Vierzon non pas une ville visionnaire mais une forteresse où le pouvoir, toujours le même, doit être contenu pour continuer à faire vivre ses dirigeants.
D'élections en élections, les résultats ne servent pas de leçons. Hormis la place Jacques Brel, qu'est-ce qui a été fait depuis 2008 ? On fait croire que les commerces prospèrent mais c'est faux. On fait croire que l'on fait pour le commerce, mais c'est archi-faux ! Comment expliquer qu'à trente kilomètres de distance, une ancienne ville ouvrière gérée comme dans les années 50 se fasse submerger par une vague d'extrême-droite et qu'à l'autre bout de la RD2076, Bourges et Saint-Doulchard jugulent l'extrême droite et la relègue au second rang ?
Quel sursaut faudrait-il pour éviter que Vierzon s'enfonce cette fois-ci, dans un tunnel populiste ? Les élections européennes ne sont pas des municipales, certes.
Aux Européennes de 2004, le Front national récoltait 781 voix. En 2019, 2258 voix.
Aux présidentielles de 2007, l'extrême-droite capitalisait 1671 voix, en 2012, 2558 voix. En 2017, au premier tour des Présidentielles, le F.N arrive deuxième avec 25,17% (3192 voix) et deuxième tour , toujours deuxième avec 39,08% (4194 voix).
Aux municipales de 2014, au premier tour, le F.N arrive troisième avec 20,5% (2132 voix) et au deuxième tour, le F.N termine troisième avec 18,25% (2015 voix). Car n'oublions pas qu'en 2014, il y a eu une triangulaire avec le F.N.
Aujourd'hui, le terreau est prêt. Et personne ne semble ne soucier du danger. car ce serait un danger de laisser les clefs de Vierzon à l'extrême-droite. Le problème, c'est que dimanche, 2258 personnes ont pensé le contraire. On sait qu'elles peuvent être 4194 comme au seconde tour de la présidentielle. Alors, un sursaut ou le désastre ?