Résumons : un gendarme en exercice qui se présente à la mairie de Vierzon ne nous parlera donc que de sécurité, si l'on s'en tient à quelques commentaires simplistes, montés au rang d'arguments électoraux.
Mais si le candidat avait été charcutier, avec toute l'estime que Vierzonitude a pour cette profession, il nous aurait donc parlé pâté de tête et saucisses aux herbes ? Si le candidat avait été coiffeur, il aurait coupé les cheveux en quatre ? S'il avait été chef d'entreprise, il aurait forcément exploité les salariés...
C'est vrai que dans une ville perfusée au vermillon, habituée à penser par le petit bout de la lorgnette pour éviter que les consciences ne s'éveillent trop tôt et découvrent le pot aux roses, tenter de sortir des sentiers battus n'est pas simple.
Cette ville est tellement habituée à des politiques professionnels qu'on se pose plus de question sur une candidature issue de la société civile (en l'occurrence elle est plus militaire que civile !) que sur une candidature issue de la sphère politicienne et qui se perpétue comme une monarchie.
Nous avons eu un maire instituteur mais il ne l'était plus depuis si longtemps, ça ne compte pas. Nous avons eu des candidats petits patrons, salariés d'une association, ex-chef de cabinet, professeur de lycée, pourquoi pas un gendarme ?
A y regarder de plus près, nous avons surtout eu des candidatures politiciennes, des ex-colistiers frustrés car privés de lumière, des ex-proches d'une liste qui se sont sentis trahis, des ex-élus grandis à l'ombre de leurs pairs, des boutures en quelque sorte.
Puis nous avons des politiciens chevronnés dont la politique est le métier, des élus qui exercent depuis plus de quarante ans et qui veulent repartir encore une fois...
Alors, à l'heure où le citoyen lorgne sur l'organisation de la démocratie, un politicien nourri au biberon du contribuable paraît plus légitime, à Vierzon, qu'un candidat qui possède un vrai métier ! Tout ce qui n'est pas dans la sphère politicienne est suspect. Ici, il faut être d'un parti, annoncer la couleur pour mieux affronter l'adversité. D'ailleurs, ici, on se nourrit d'adversité, de combat, de clivages, de contre plus que de pour. C'est le fond de commerce vierzonnais.
Pourquoi dit-on cela ? Parce que la candidature d'un gendarme renvoie, pour certains, à la facilité, donc directement à la notion de sécurité. Gendarme = sécurité. Qui dit sécurité, un thème que la gauche radicale vierzonnaise traite en se bouchant le nez, dit évidemment droite. Qui dit droite, à Vierzon, dit ennemi du peuple... Et c'est sur cette certitude que la gauche radicale bâtit déjà sa stratégie. Car à Vierzon, ne pas être de gauche, c'est être forcément de droite.
Or, c'est le citoyen qui se présente, pas le képi. C'est le charcutier, pas le tablier. C'est l'instituteur pas le tableau noir. Quand un candidat, qui plus est élu, possède un métier, c'est le citoyen qui veut être élu, pas le métier qu'il exerce. A contrario, quand un politicien est candidat, c'est le parti à qui il appartient qui se présente. Ailleurs, il existe une noblesse du métier et de l'engagement. Ici, il n'existe que la noblesse de la politique politicienne. Elle n'a de vertu que de faire vivre ceux qui la hissent au rang de noblesse. Le XXIè siècle n'est pas encore tout à fait arrivé à Vierzon...