Qui n'a jamais frémit en franchissant un passage à niveau quand le train est passé et que la barrière s'ouvre ? Et ce message enfoncé dans nos crânes : un train peut en cacher un autre. Un drame aussi peut en cacher un autre. Les passages à niveaux sont une ineptie dans un pays civilisé. On nous pompe l'accélérateur à nous faire rouler à 80 au lieu de 90, à truffer nos parcours de radars automatiques, à nous imposer de plus en plus de règles de sécurité et on laisse encore les passages à niveaux !
Les accidents s'enchaînent, dramatiques. Trois enfants et une femme. On va chercher des responsabilités. On dit déjà que les signaux sonores et lumineux fonctionnaient, que la barrière était fermée. Mais que font encore en 2019 les passages à niveaux dans le paysage ? Comment peut-on tolérer que des trains traversent des routes et que des voitures traversent des rails ? Bien sûr, ça coûte un bras de transformer des passages à niveaux. Mais en 2019, le réseau routier ne ressemble pas à celui de 1847 quand le chemin de fer est né.
Je hais le fait de traverser en voiture des rails. Malgré que la barrière soit ouverte, je passe au ralenti, je regarde à droite et à gauche, comme à un stop. Les autres automobilistes doivent me prendre pour un débile. Mais le problème est le même avec les poids-lourds sur les autoroutes qui se dépassent à petits pas en laissant leur régulateur de vitesse. Combien d'automobilistes également mettent une plombe à en doubler un autre parce qu'il n'appuie pas sur son bon sang d'accélérateur laissant la technologie faire le boulot ?
On s'égare. Revenons aux passages à niveaux, ces inepties d'un autre temps. Un pays qui ne se donne pas les moyens de sa sécurité n'a pas à la ramener. Il ne devrait pas y avoir d'hésitations dans ce domaine. La polémique va remuer la queue encore une fois, on va sortie la liste noire des passages à niveaux les plus dangereux et au final, on attendra le prochain accident.
C'est de ça comme tant d'autres choses. On attend, on attend et on attend surtout de voir si on peut attendre encore pour éviter de se précipiter. Combien de rails franchit-on sur ses trajets quotidiens ? Combien de crispations supplémentaires après le drame d'Avenay-Val-d'Or ? Quelles résolutions ? Quel énième plan d'éradication des passages à niveaux ? On est guère plus rassuré quand on est dans le train, la tablette baissée. D'ailleurs, je hais les tablettes baissées.